1. Intérieur, nuit, laboratoire du Sanctuaire (flashback)
JOHN est allongé sur une table d’auscultation. HELEN est en train de lui faire une prise de sang. Concentrée sur sa tâche, HELEN relève la tête furtivement et croise son regard. JOHN la fixe avec passion. Il sourit, elle lui rend son sourire avec un air gêné.
HELEN
Vous essayez de sonder mes pensées ?
JOHN
Pardonnez-moi Helen, vous êtes si délicieusement concentrée que...
HELEN
Pourtant, il semblerait que vous fassiez tout pour me déconcentrer. Vos veines sont saturées John, j’ai vraiment beaucoup de mal à trouver une voie.
JOHN (souriant)
Vous vous débrouillez très bien.
JOHN et HELEN se sourient amoureusement. Elle termine sa tâche et s’apprête à se lever mais JOHN lui agrippe la main et l’attire à lui tout se redressant.
JOHN
Vous sentez ce battement dans ma poitrine ? Je vous dois la vie Helen.
JOHN fixe HELEN avec force. Elle lui sourit avec confusion. JOHN perçoit son trouble alors qu’elle tente de retirer sa main. JOHN la retient et l’observe avec curiosité.
JOHN
Qu’y a t il ? (pause) Je connais ce regard. Vous avez des regrets.
HELEN
La question n’est pas là.
JOHN (confus)
Non ? Alors où est-elle ? (pause) Je vous aurais moi-même contraint à me faire ces injections si j’en avais eu la capacité alors je vous en conjure, ne vous blâmez pas pour une décision qui aurait pu être la mienne.
HELEN s’apprête à répondre mais John l’arrête d’un mouvement de main.
JOHN
J’aurai vendu mon âme au diable sans une once d’hésitation afin de pouvoir vivre éternellement à vos côtés si ce choix m’avait été offert.
HELEN
Précisément John ! Une seule différence cependant, c’est moi et moi seule qui lui ai vendu nos âmes en changeant le cours des évènements ! Je suis allée trop loin.
JOHN
Trop loin parce que vous avez écouté vos sentiments ? Je crois que vous dramatisez. Nous ne sommes pas les interprètes d’une tragédie faustienne Docteur. Sachez toutefois que je n’aurai pas agis différemment s’il avait été également question de sauver votre vie.
HELEN
Vous ne comprenez pas ! Je suis médecin John…
JOHN (l’interrompant en souriant)
Un excellent médecin de surcroît.
HELEN
Je vous en prie… Je ne pouvais pas me résigner à vous laissez partir, c’était au-dessus de mes forces mais en agissant comme je l’ai fait j’ai violé toutes les règles de déontologie et d’éthique médicale qui m’ont été enseignées. Plus que cela, en contrôlant votre destin, j’ai peur de vous avoir condamné d’une autre manière.
JOHN (amusé)
Allons Helen, c’est tout à fait absurde ! Que croyez-vous avoir déclenché en me sauvant la vie ? Une apocalypse ?
HELEN détourne les yeux et se lève avec empressement. Elle se dirige vers son bureau sous le regard perdu de JOHN. Il l’observe avec un mélange d’incompréhension et de tristesse.
JOHN
Helen ?
JOHN se lève avec calme et s’approche d’HELEN qui le fixe avec tristesse et gravité.
HELEN (hésitante)
Je vais devoir modifier votre médication et l’adapter à votre état.
JOHN
Mon état ? Mais enfin de quoi parlez-vous ? (pause) Je vous en prie, dîtes-moi ce dont il s’agit, votre silence est une véritable torture.
HELEN l’observe longuement en hésitant. JOHN lui sourit avec compassion et douceur.
HELEN (soupirant)
Très bien. (pause) J’ai relevé de nouvelles anomalies en examinant les résultats de vos derniers examens.
JOHN
Des anomalies… Je vois. (pause) Quel genre d’anomalies ?
HELEN
Principalement fonctionnelles. En dehors d’une arythmie cardiaque et d’une hypertension, vos analyses sanguines révèlent de graves carences à plusieurs niveaux. Sous souffrez d’anémie, entre autre chose, et le taux de certaines de vos hormones est anormalement élevé.
JOHN (avec gravité)
Ce n’est pas une simple hausse de ma pression artérielle ou quelques carences qui vous inquiètent à ce point. (pause) Dites-moi la vérité Helen ! (pause) Dites-le moi ou bien dois-je l’exiger d’une autre manière ?
JOHN fixe HELEN avec rage. Elle semble effrayée, JOHN se détend immédiatement.
JOHN (souriant)
Comprenez que votre embarras a tendance à me rendre nerveux.
HELEN
Je ne suis pas embarrassée, je suis prudente. Aussi fascinant soit-il, je n’ai encore jamais étudié de cas similaire au vôtre et le fait que nous soyons intimes ne m’aide pas à rester objective.
JOHN
Vous n’avez jamais eu besoin d’être aussi circonspecte pour aborder le thème de mon anormalité.
HELEN
Ce n’est pas votre anormalité qui me préoccupe mais davantage les effets de l’injection que je vous ai faite dernièrement. (pause) Je crois qu’elle a profondément affectée votre physiologie ce qui pourrait avoir des conséquences imprévisibles et irréversibles sur le plan neuropsychologique.
JOHN
Qu’entendez-vous exactement par « irréversibles » ?
JOHN se dirige vers la fenêtre sous le regard inquiet d’HELEN. Il observe à l’extérieur avec calme.
HELEN
J’ai découvert que vos principaux neurotransmetteurs sont altérés ce qui a pour conséquence de progressivement détériorer certaines parties de votre cerveau. Sans faire davantage de tests je ne peux qu’émettre des hypothèses mais je suis convaincue que ces dommages sont consécutifs à l’administration du sérum qui vous a permis de demeurer en vie.
JOHN
Ce qui signifie en terme profane ?
HELEN
Que cette dégénérescence neurophysiologique affecte progressivement votre comportement et votre personnalité. Les signes associés sont multiples : troubles cognitifs ou affectifs, trouble de l’identité, hallucinations, délires paranoïaques, irritabilité, agressivité destructrice…
JOHN (flegmatique)
Avez-vous déjà ressenti la peur Helen ? Moi oui, le jour où j’ai regardé la mort droit dans les yeux et que j’y ai vu mon propre reflet. Savez ce que c’est de sentir la vie vous abandonner ?
HELEN s’apprête à répondre mais JOHN se retourne et l’interrompt d’un geste vif.
JOHN
D’abord vous avez l’étrange impression que le monde qui vous entoure s’éloigne implacablement de vous. À cet instant, vous sentez votre sang se glacer douloureusement dans vos veines. Vous essayez de hurler mais privé d’énergie, vous n’y parvenez pas. Très vite les ténèbres vous envahissent et vous engloutissent. Paralysé par l’angoisse, prisonnier de votre propre corps, vous commencez à suffoquer. Peu à peu, vous sentez le néant aspirer vos dernières forces jusqu’à ce que finalement il ne reste plus de vous qu’une vulgaire coquille vide. C’est une sensation singulière plutôt effroyable je puis vous l’assurer.
HELEN
John je…
JOHN (l’interrompant)
J’ai vécu mille tourments par désir de vivre avant de finalement laisser cette volonté m’abandonner tant la douleur m’était devenue insupportable. J’étais enfin libéré mais vous en avez décidé autrement en donnant une autre dimension à mon existence. Il n’y a pas de mots assez forts pour décrire ce que je ressens au fond de moi. Alors si je vous semble irascible, bien que je le regrette, je vous saurai gré de faire preuve d’un minimum de complaisance à l’égard d’une condition que vous avez vous-même provoquée !
JOHN fixe HELEN avec agressivité, le regard brillant. HELEN semble dépassée.
HELEN
Je crois que nous devons sans tarder parler d’un traitement.
JOHN
Sans tarder ? Je croyais que mon état n’avait rien d’inquiétant. Qu’est ce qui vous effraie Helen ? Est-ce moi… ou bien ce que je suis en train de devenir ?
JOHN lui sourit avec un air étrange. HELEN semble terrifiée.
2. Intérieur, nuit, cellule de John
JOHN émerge doucement de sa torpeur. Il murmure des phrases incompréhensibles et prononce plusieurs fois le prénom d’HELEN. Il la voit penchée au dessus de lui. Elle lui sourit en lui caressant le front. JOHN semble perdu, fronce les sourcils douloureusement.
HELEN (voix étouffée)
Ce traitement est inadapté. Il dérègle son métabolisme… Tout va bien John.
JOHN (faiblement)
Helen ? Est-ce toi ?
JOHN cligne plusieurs fois des yeux, sa vision s’éclaircie. Il voit alors que la femme penchée au dessus de lui n’est pas HELEN mais une jeune femme habillée en blouse blanche.
FEMME
Tout va bien, détendez-vous.
VOIX D’HOMME (ferme)
Assez perdu de temps ! Le professeur veut qu’il soit totalement conscient pour les prochains tests alors faites-lui cette injection !
FEMME
Comme vous voudrez mais je crois vraiment que c’est une erreur.
VOIX D’HOMME (ferme)
Je prends bonne note de votre remarque maintenant faites votre travail !
La femme procède à l’injection à contrecœur. JOHN ne comprend pas ce qui lui arrive.
3. Extérieur, nuit, route
Un van roule à vive allure.
4. Intérieur, nuit, van
HELEN, WILL, CATHERINE et HENRY observe un écran informatique sur lequel est affiché un plan. HENRY tapote sur le clavier.
HENRY
Le spectre du complexe n’est pas décelable via le satellite.
WILL
Ce qui signifie en langage clair ?
HENRY
Eh bien soit ce truc se trouve dans une dimension parallèle soit il bénéficie d’une couverture électromagnétique qui brouille la perception du signal.
WILL
Pitié, dis-moi que c’est la seconde solution.
HENRY (avec un large sourire)
Heureusement, la clé d’Ash contenait des coordonnées géographiques précises.
HELEN s’approche d’HENRY et se penche pour observer l’écran.
HELEN
Ashley ?
HENRY
D’après le scan, elle est déjà sur place, sa balise est fixe.
CATHERINE
Et Pierre ? Est-ce que tu as réussi à le localiser ?
HENRY
Je ne capte aucune signature énergétique toujours pour les mêmes raisons mais tout à l’heure j’ai quand même réussi à percevoir furtivement le signal de sa balise.
CATHERINE
Est-ce que… c’est bon signe ?
HENRY
En théorie.
WILL
En théorie ?
HENRY
Disons que tout dépend de la nature de l’implant. Les implants biométriques sont généralement couplés aux battements du cœur ce qui fait que si le porteur décède, la balise cesse immédiatement d’émettre. Si l’implant est mécanique, elle continuera d’émettre quoi qu’il arrive à l’hôte. Étant donné que j’ai pu intercepter le signal de sa balise, tous les espoirs sont permis. Une chose est sûre, sa fréquence est malheureusement trop faible pour déterminer précisément le lieu de la source d’émission. Mon problème actuel c’est d’arriver à le capter à nouveau et pour l’instant, l’écran il dit ballon.
HELEN lui pose sa main rassurante sur l’épaule d’HENRY et se saisit du walkie talkie.
ASHLEY (voix hors champ)
Maman ?
HELEN
J’écoute.
ASHLEY (voix hors champ)
Je suis en place. Magnez-vous un peu si vous ne voulez pas louper la fête.
5. Extérieur, nuit, abord du complexe
Une moto est arrêtée dans un coin sombre. Camouflée dans les buissons, ASHLEY est en train d’observer le bâtiment avec des jumelles infrarouge. STEVE est à ses côtés, immobile.
HELEN (voix hors champ)
Comment ça se présente ?
ASHLEY (chuchotant)
RAS. Il y a une entrée discrète côté au sud-ouest du complexe. L’endroit est plutôt désert alors quand vous serez à proximité de ma position, essayez de ne pas vous faire remarquer.
HELEN (voix hors champ)
Compris. (pause) Et de ton côté, pas d’initiative zélée. Terminé.
ASHLEY
Bien reçu. (à Steve) Pas d’initiative zélée ? Sérieusement, tu trouves que j’ai l’habitude de faire de l’excès de zèle ?
STEVE ne répond pas et se contente de hausser les épaules. ASHLEY secoue la tête en fronçant les sourcils et se relève discrètement pour disparaît avec STEVE dans l’obscurité.
6. Intérieur, nuit, cellule de John
JOHN s’éveille et se met en position assise en frottant ses membres endoloris. Il observe avec incompréhension sa cellule.
7. Intérieur, nuit, cellule d’Ernie
Visiblement énervé, ERNIE marche dans sa cellule avec empressement et vient donner un grand coup de pied dans la porte qui lui envoie une nouvelle décharge.
ERNIE (coléreux)
AÏEEEEEE ! BORDEL DE… AGHHHHHH
JOHN (voix hors champ)
Dites, vous pourriez cesser ce vacarme ? C’est assourdissant.
ERNIE
Quoi? C’est une blague ?
ERNIE s’approche de la porte et observe la cellule d’en face par la lucarne.
ERNIE
Euh… Je vais bien, merci de demander ! (pause) Vous êtes enfin réveillé ! Alléluia !
8. Intérieur, nuit, cellule de John
JOHN se lève difficilement en massant ses muscles et s’approche de la lucarne de façon à voir ERNIE par la sienne
JOHN
Combien de temps suis-je resté inconscient cette fois-ci ?
ERNIE
Vous trouvez que j’ai l’air d’une horloge parlante ? Okay… environ deux heures. (pause) Vous avez une idée de ce qu’on fait là ?
JOHN
Vous voulez dire à part servir de cobaye à des scientifiques peu scrupuleux ?
9. Intérieur, nuit, salles d’isolement
ERNIE (ironique)
De cobaye ? Ça c’est vraiment super… qu’est ce qui vous faire dire ça ?
JOHN
Probablement ce que je vois sur mes bras.
ERNIE
Je ne suis pas devin mon gars.
JOHN
Je parle des ecchymoses laissées par une vingtaine de piqûres d’aiguille.
ERNIE (ironique)
Je hais les injections. Vous voyez autre chose de marrant à raconter ?
JOHN
Le type couché à côté de moi me ressemblait trait pour trait et je n’ai pas de frère jumeau… est-ce est assez hilarant pour vous ?
ERNIE
On clone vraiment n’importe qui de nos jours… ou alors votre mère s’est payé votre tête et vous n’êtes pas fils unique. Peu importe, de toutes façons je n’ai pas l’intention de moisir ici.
JOHN
Je brûle d’impatience de voir comment vous allez vous y prendre pour sortir de votre cage.
ERNIE
Ça, j’en ai aucune idée… pour le moment… mais à deux on a nos chances.
JOHN
À deux ? Attendez, j’espère que vous plaisantez ?
ERNIE
Alors maintenant vous trouvez que j’ai une tête de comique ?
JOHN
Vous avez plusieurs fois testé la porte non ? Je pensais que les décharges que vous avez reçues avaient suffisamment refreiné vos envies d’évasion.
ERNIE
Écoutez, le truc de l’enfermement, c’est un petit jeu auquel j’aime jouer en privé et de préférence avec quelqu’un du sexe opposé enfin si vous voyez ce que je veux dire.
JOHN
Épargnez-moi les sordides détails de votre vie intime.
ERNIE
Après tout faites ce que vous voulez, moi, je ne resterai pas ici à attendre de me faire charcuter. (pause) Si seulement je pouvais me… (pause) Attendez une seconde…
JOHN
Qu’est-ce qu’il y a encore ?
ERNIE
Je savais bien que votre visage me disait quelque chose ! Vous êtes le type du parking, celui qui a ruiné mon tee-shirt préféré en jouant aux fléchettes sur ma poitrine.
JOHN
Perspicace et physionomiste. Je suis impressionné.
ERNIE
Je n’oublie jamais les cinglés qui kidnappent mes amies et qui se téléportent en me laissant pour mort.
JOHN
Habituellement ma cible succombe. Vous avez eu beaucoup de chance.
ERNIE
De la chance ? Attendez un peu que je sorte d’ici, Kojak ! C’est vous qui en aurez si je décide de vous achever d’un seul coup au lieu de vous regarder agoniser les tripes à l’air dans une mare de sang !
JOHN
Étant donné la situation je pense que vos menaces sont présomptueuses sans compter qu’elles pourraient fort bien se retourner contre vous. De plus il est inutile de vous montrer agressif.
ERNIE
Agressif ? Mais je suis très calme. Rendez-vous utile et faites donc votre machin au lieu de faire de l’esprit !
JOHN
J’ai peur de ne pas avoir saisi votre subtil sous-entendu.
ERNIE
Vous êtes plutôt long à la détente pour un psychopathe ! Téléportez-vous et sortez nous d’ici avant qu’ils nous transforment en animal de foire !
JOHN
Vous croyez vraiment que je suis du genre à rester les bras croisés en attendant les prochains sévices ? Réfléchissez bon sang !
ERNIE
Alors quoi ? Vous allez me dire qu’ils vous ont enlevé votre pouvoir ou un truc comme ça ?
JOHN
Un truc comme ça oui.
ERNIE
Vous vous foutez de moi ?
JOHN
Rien ne pourrait me faire plus plaisir mais je suis très sérieux. Les décharges que vous avez reçues ne sont pas dues à un simple courant électrique, elles résultent de la présence d’un champ de force inhibiteur.
ERNIE
Un champ de force ? Oui j’ai entendu un des types en parler… Ok, admettons… Alors c’est ce truc qui bloquerait votre pouvoir ?
JOHN
Je ne vois aucune autre explication. Quoi qu’il en soit, même s’il n’a pas été activé uniquement dans ce but, je suis dans l’incapacité de faire usage de mon don.
ERNIE
Donc vous ne servez à rien. Je ne suis pas surpris finalement. Bon eh bien on va devoir utiliser la bonne vieille méthode.
ERNIE et JOHN s’observent longuement. ERNIE sourit avec malice. JOHN soulève un sourcil inquisiteur.
10. Extérieur, nuit, abords du complexe
ASHLEY s’approche doucement de deux sentinelles qui patrouillent. Alertés, les deux hommes font soudain volte face et la braquent avec leurs armes. ASHLEY n’a pas le temps de réagir et reste paralysée. À cet instant STEVE surgit comme un diable et après quelques secondes parvient à les désarmer en les assommant.
STEVE
Tout va bien Ash ?
ASHLEY semble déstabilisée. Sans répondre, elle fait les poches des gardes et trouve une carte magnétique. HELEN, WILL et CATHERINE rejoignent ASHLEY qui s’approche d’une porte qui a un boîtier électronique sur le côté. Elle introduit la carte d’accès dans la fente mais la porte reste verrouillée et le boitier se met à émettre un léger bip.
ASHLEY
Merde !
WILL
Quoi ? Ce n’est pas la bonne carte ?
ASHLEY
Si mais il faut un mot de passe. Et on ne rentrera pas sans ça.
CATHERINE
On ne peut pas contourner le système ?
ASHLEY
Bien sûr mais si on le shunte, on prend le risque d’alerter la cavalerie.
HELEN
Très bien, alors qu’est-ce que tu préconises ?
ASHLEY
C’est simple, il faut trouver ce code si on ne veut pas que ça finisse dans un bain de sang.
WILL
On pourrait taper au hasard, avec un peu de chance on…
ASHLEY
T’es un marrant toi ! C’est un code à 8 caractères alphanumériques je te signale ! Tu as une idée du nombre de combinaisons que ça représente ?
WILL
Quoi tu es pressée par le temps ? Essayer c’est toujours mieux que de rester tranquillement les bras croisés à subir la situation non ?
ASHLEY
Épargne-nous ton charabia de psy Will. Le but de cette mission c’est de récupérer Pierre le plus rapidement possible et si possible sans attirer l’attention.
WILL
Et c’est incompatible avec le fait de taper des touches au hasard ?
ASHLEY
Okay je vais faire simple. En théorie un code erroné est perçu comme une manœuvre d’intrusion. Généralement, tu as droit à deux tentatives avant que tes erreurs ne verrouillent le système. Là, il s’agit d’un dispositif ultra sophistiqué, qui, j’en mets ma main à couper, se bloquera à la première erreur de saisie. Autrement dit, si tu échoues au premier coup, adios muchachos ! Imparable et efficace tu peux me croire
HELEN
C’est une excellente stratégie défensive, Henry a adopté un programme similaire pour assurer la protection passive du Sanctuaire.
CATHERINE
Nous avons exactement la même chose à Paris.
HELEN
Conclusion, nous ne pouvons pas nous permettre de courir le moindre risque en usant de manœuvres approximatives.
ASHLEY observe WILL avec un sourire en coin. HELEN fixe ASHLEY avec autorité en actionnant son émetteur récepteur.
HELEN
Henry ?
11. Intérieur, nuit, van
HENRY met sa main sur son oreille.
HENRY
J’écoute Doc.
HELEN (voix hors champs)
Le système de sécurité du complexe requiert un mot de passe pour déverrouiller la porte. Il nous faut le code afin de pouvoir y accéder.
HENRY
Okay, donnez-moi juste quelques secondes.
Henry tapote énergiquement sur son clavier. Plusieurs informations apparaissent sur son écran. HENRY reste concentré.
12. Extérieur, nuit, abords du complexe
ASHLEY, WILL, HELEN et CATHERINE observent les lieux avec inquiétude. ASHLEY semble particulièrement anxieuse. Préoccupée, HELEN se rapproche de sa fille.
HELEN
Est-ce que tout va bien ?
ASHLEY
Je donne l’impression du contraire ?
HELEN
Depuis que nous sommes arrivés, tu serres la crosse de ton pistolet à t’en faire blanchir les jointures des mains. Qu’est-ce qui te rend si nerveuse ?
ASHLEY
Rien du tout. J’essaye juste de nous éviter le cimetière.
HELEN
Très bien. Comment comptes-tu procéder une fois à l’intérieur ?
ASHLEY
Tous les complexes se ressemblent et d’après mon expérience, le plus rapide et le moins risqué c’est généralement de passer par les conduits de ventilation. Le hic c’est que ce complexe est protégé par un dispositif de brouillage électromagnétique qui neutralise tous les appareils de détection quelque soit leur portée. Autrement dit, lors de notre progression, il sera impossible d’anticiper quoi que ce soit.
HELEN
Alors nous improviserons.
À cet instant, le boîtier émet un bruit et la porte se met à coulisser. WILL et CATHERINE se mettent à couvert tandis qu’ASHLEY sort son arme. Elle indique à tout le monde de se taire puis avance à tâtons dans l’obscurité. Elle y disparaît quelques secondes puis ressort avec précaution. Elle s’adresse à voix basse à ses compagnons en restant à couvert.
ASHLEY
Voilà le plan. Silence total et aucune lumière directe. On progresse à vue et on communique par geste. J’ai repéré une bouche d’aération à quelques mètres. C’est par là qu’on va passer en progressant deux par deux…
WILL (l’interrompant)
Quoi !
ASHLEY (étonnée)
Quoi ?
WILL
Des conduits d’aération ? Tu veux dire des tunnels ? Des tunnels sombres ?
ASHLEY
Relax, ils sont suffisamment larges pour qu’on puisse y progresser sans ramper. Étant donné notre handicap matériel, on pourra voir sans être vus en prenant un minimum de risques.
WILL
Même si on ne devait y rester que quelques secondes, je refuserai d’y entrer.
ASHLEY
Je ne force personne Will. Tu peux rester ici, on se passera de ton aide.
HELEN
Ashley !
ASHLEY
Aucun de nous ne connaît les lieux mais je sais ce que je fais. Alors soit on procède comme je dis soit on arrête tout. À toi de décider maman.
HELEN
Will ?
WILL
Je suis claustrophobe ! Okay ? Je panique dès que je me trouve dans un espace sombre et exigu.
ASHLEY
Navrée pour toi mais ce n’est pas un voyage touristique avec excursions au choix. Si tu perds tes moyens on peut tous y rester alors si tu ne le sens pas, il vaut mieux pour tout le monde que tu ne viennes pas.
HELEN
Étant donné les risques encourus, je pense que c’est en effet la plus prudente des options. Attendez quelques minutes après que nous soyons tous entrés puis si vous ne voyez rien de suspect, retournez au van.
WILL
Très bien.
ASHLEY
Steve et moi on part en éclaireur. Comptez 60 secondes avant d’entrer à votre tour et n’utiliser la radio qu’en cas de pépin. Pour le reste on fait comme j’ai dit. Des questions ?
HELEN et CATHERINE secouent la tête tandis que WILL les observe avec déception. ASHLEY place son oreillette à son oreille droite et la tapote.
ASHLEY
Henry ? Tu me reçois ?
HENRY (voix hors champ)
Cinq sur cinq et je t’ai à l’écran. On communique comme d’hab. Au fait, n’oublie pas de disposer les micros émetteurs à un maximum d’endroits.
ASHLEY
Okay Henry. (pause) On se retrouve de l’autre côté, dans 60 secondes.
HELEN
Sois prudente.
ASHLEY fixe intensément sa mère puis prend une grande inspiration. Talonnée par STEVE, elle pénètre dans le complexe sous le regard inquiet d’HELEN, WILL et CATHERINE.
13. Intérieur, nuit, couloir
Deux gardes patrouillent à pied. Des gémissements de douleur se font soudainement entendre
GARDE # 1
C’est quoi ça ?
GARDE # 2
J’en sais rien. Ça vient des salles d’isolement !
Les gardes se précipitent en direction du bruit en brandissant leurs armes.
14. Intérieur, nuit, salles d’isolement
Les deux gardes entrent précipitamment et se dirigent vers l’endroit d’où proviennent les bruits suspects. Ils s’approchent de la cellule où se trouve ERNIE qui est en train de convulser.
JOHN (voix hors champ)
Vite ! C’est une crise d’épilepsie ! Aidez-le sinon il va mourir !
Le garde #1 se saisit de son talkie-walkie alors que le garde #2 s’approche de la porte.
GARDE #1
Code bleu secteur 17 ! Désactivez le champ de force et envoyez immédiatement une unité médicale ! Je répète, CODE BLEU !
15. Intérieur, nuit, cellule d’Ernie
Le garde #2 et le garde #1 entrent et s’agenouillent près d’ERNIE qui continue à convulser. ERNIE donne soudainement un violent coup de pied en pleine tête au garde #1 et l’assomme. Le garde #2 lui donne alors un coup de poing au visage. ERNIE légèrement sonné parvient à ramasser la matraque du garde # 1 et au moment où le garde #2 va se servir de son walkie talkie, ERNIE se rue sur lui, le plaque contre le mur et lui assène des coups qui l’assomment. ERNIE ramasse alors les armes des gardes et se précipite hors de la pièce.
16. Intérieur, nuit, salle d’isolement
Il s’approche de la cellule de JOHN et ouvre la porte.
ERNIE
Venez ! Ne traînons pas ici !
JOHN sort en boitant, incapable de courir. ERNIE l’aide à marcher. Des bruits de pas précipités se font entendre dans le couloir voisin.
ERNIE
Maintenant que le champ de force est désactivé, vous pourriez… enfin vous savez… faire votre truc ?
JOHN
Je vais essayer.
JOHN met sa main sur son épaule avec force.
ERNIE
Attendez ! Est-ce que c’est douloureux ?
JOHN lui adresse un sourire moqueur. ERNIE fronce les sourcils. Le flash de téléportation émet des sortes de grésillements au moment où des gardes font irruption dans la pièce en menaçants avec leurs armes.
GARDE #1
HALTE !
GARDE #2
NE BOUGEZ PLUS !
GARDE #3
Merde ! Il va se téléporter ! Réactivez le champ de force ! Tout de suite !
Au moment où le garde #1 tire un coup de feu, JOHN et ERNIE disparaissent dans un flash.
17. Intérieur, nuit, conduit d’aération
ASHLEY avance lentement et silencieusement dans le conduit obscur du complexe. STEVE la talonne avec prudence et couvre ses arrières. Au même moment une alarme se met à hurler et des gardes accourent dans les couloirs. ASHLEY s’immobilise devant une grille d’aération et observe le ballet affolé des sentinelles.
VOIX CYBERNETIQUE (voix hors champ)
Code rouge ! Deux prisonniers en fuite ! Demande renforts secteur 17 !
ASHLEY et STEVE échangent un regard interrogateur. Une fois les sentinelles éloignées, ASHLEY et STEVE reprennent leur progression et arrivent à une d’intersection. ASHLEY tapote son oreillette une fois.
HENRY (voix dans l’oreillette)
La source d’émission est à
ASHLEY observe un instant le conduit puis se retourne vers STEVE qui l’observe. Elle fait une marque sur le sol, positionne quelques micros émetteurs et reprend silencieusement sa progression suivie de près par STEVE.
18. Intérieur, nuit, conduit d’aération
CATHERINE et HELEN avancent à tâtons. Elles s’immobilisent et observent à leur tour l’effervescence créée par l’évasion des deux prisonniers. Une fois le danger passé, elles reprennent leur progression.
19. Intérieur, nuit, van
HENRY est concentré sur son écran. Il suit la progression d’ASHLEY avec attention surveillant sa montre. La porte du van s’ouvre violemment. Henry sursaute, faisant valser son casque.
ERNIE
J’espère que la nana que tu espionnes est en petite tenue !
HENRY
Non mais t’es dingue ! J’ai failli avoir une attaque !
ERNIE
Ouais alors j’ai encore raté mon coup.
HENRY
Hilarant. Qu’est ce que tu fiches ici ?
ERNIE
Tu me manquais, j’avais envie d’un câlin.
HENRY
J’ai vraiment pas de temps à perdre avec tes conneries Ern.
ERNIE
Rabat-joie. Laisse-moi deviner, tu joues l’œil de Moscou pour Ash.
HENRY
Quelle perspicacité ! Elle est à l’intérieur du complexe.
ERNIE
Je peux t’aider, j’y étais il y a encore 10 minutes de cela.
HENRY
Tu me charries là.
HENRY fixe intensément ERNIE qui lui fait un large sourire. Quelqu’un frappe à la porte du van.
HENRY
Quoi encore ? C’est un vrai défilé !
WILL
C’est moi Henry je…
HENRY
Will ? Mais qu’est ce… Pourquoi tu n’es pas avec les autres ?
WILL
C’est sans importance crois-moi.
WILL entre dans le van et aperçoit ERNIE avec étonnement. Tout le monde s’observe avec curiosité.
WILL
Okay, je peux savoir ce qui se passe ?
HENRY
Bonne question. Comment tu t’y es pris pour sortir du complexe sans te faire tuer Ern ?
ERNIE
Eh bien, l’un de vous a-t-il déjà testé le mode « téléportation » ?
HENRY et WILL regardent ERNIE avec étonnement.
20. Intérieur, nuit, conduit d’aération
Immobiles, HELEN et CATHERINE écoutent et observent les sentinelles qui se pressent à quelques pas de leur position. Elles se fixent un instant avec une certaine inquiétude puis reprennent silencieusement leur progression dès que les sentinelles s’éloignent.
21. Intérieur, nuit, conduit d’aération
ASHLEY s’immobilise devant une grille. Elle fait signe à STEVE d’observer et d’écouter des voix étouffées qui proviennent de la pièce voisine.
22. Intérieur, nuit, laboratoire
Deux scientifiques sont en train de prodiguer des soins à un patient à l’intérieur d’une cage.
SCIENTIFIQUE #1
Il est rudement mal en point celui-là.
SCIENTIFIQUE #2
Ouais. Il ne tiendra pas longtemps dans cet état. Passe-moi la seringue.
SCIENTIFIQUE #1
Tiens. (pause) Franchement, j’en ai ma claque de tout ça.
SCIENTIFIQUE #2
De quoi tu parles Gus ?
GUS
Ce qu’on est en train de faire Ron, moi, ça me rend malade.
RON
Peut-être mais c’est notre boulot.
GUS
On s’acharne à le maintenir en vie, lui et tous les autres. Je ne comprends pas… ce traitement est tellement inhumain.
RON
Quoi ? Inhumain ? Non mais tu déconnes ! Je te rappelle qu’ils ne sont justement pas humains.
GUS
C’est une raison ? Ils sont encore moins bien traités que des chiens ! Ils ne servent plus la cause alors au lieu de leur faire subir ça, pourquoi ne pas simplement les relâcher dans la nature ?
RON
Pour qu’ils aillent tout balancer à la police? T’es dingue !
GUS
Sérieusement, qui croirait à leur histoire ? Et puis justement, étant donné leur condition, ils ont plutôt intérêt à rester discrets.
RON
Écoute, moi je ne pose aucune question, je me contente de faire ce qu’on me dit et tu ferais bien de faire pareil si tu ne veux pas te retrouver entre quatre planches.
GUS
Ce boulot me donne vraiment envie de gerber.
RON
Ce boulot te permet de faire bouffer ta famille Gus alors arrête de geindre, j’en ai marre de tes états d’âme. C’est bon, j’en ai fini avec lui.
Ils s’éloignent du patient qui se trouve être PIERRE et referment la porte de la cage.
ASHLEY (voix hors champ)
Salut les gars !
Les deux scientifiques font brusquement volte face. ASHLEY leur sourit avec un air espiègle les bras croisés sur sa poitrine. RON tente de s’enfuir mais il est intercepté par STEVE qui l’assomme. GUS regarde fixement ASHLEY et jette quelques coups d’œil discrets vers le boitier d’alarme qui se trouve à portée sur le mur.
ASHLEY
N’y pense même pas !
HELEN (voix hors champ)
Ashley ?
ASHLEY
D’après Henry, Pierre est ici.
HELEN et CATHERINE se précipitent vers les cages tandis qu’ASHLEY braque soudain son pistolet sur GUS.
ASHLEY
Ouvre les cages.
GUS
Okay, okay. Surtout ne tirez pas !
23. Intérieur, nuit, van
WILL s’assoit face à ERNIE.
WILL
Et tu n’as pas essayé de l’arrêter ?
ERNIE
Le type se volatilise dans la seconde, alors je te mets au défi mon pote !
WILL
Je sais. Désolé. C’est juste que… Avec Druitt hors de contrôle, nous sommes tous potentiellement en danger, y compris Ashley.
ERNIE
Dis-moi un truc que je ne sais pas déjà.
HENRY
En fait c’est peut-être pas une mauvaise chose qu’il soit dans les parages.
WILL
Tu as subis un lavage de cerveau dernièrement ? On parle de Druitt là !
HENRY
Je sais. J’ai dit à Ash qu’on ne doit pas lui faire confiance, même si c’est son père. Surtout parce que c’est son père en fait. Je maintiens qu’il ne faut pas mais peut-être qu’il a changé. J’ai confiance en Ash, elle sait ce qu’elle fait.
ERNIE
J’te l’ai déjà dit, les ondes électromagnétiques, ça vrille les neurones.
WILL
Okay… Henry, qu’est-ce qu’on ignore ?
HENRY
Qu’est ce qui te fait croire que je sais un truc que vous ignorez ?
ERNIE
Quand tu caches un truc, tu as un tic nerveux, tu te frotte l’oreille.
HENRY qui se touche nerveusement le lobe de l’oreille droite, s’empresse d’arrêter sous le regard amusé d’ERNIE.
24. Intérieur, nuit, laboratoire
GUS a terminé d’ouvrir les cages sous la menace d’ASHLEY tandis qu’HELEN et CATHERINE sont auprès de PIERRE. GUS fixe ASHLEY avec angoisse.
GUS
Vous n’allez pas me laisser partir n’est ce pas ?
ASHLEY
Je pense que tu connais la réponse.
GUS
Alors qu’est ce que… qu’est ce que vous allez faire ?
ASHLEY
J’espère simplement pour toi que ton seuil de résistance à la douleur est plus démesuré que mon imagination.
Inquiète, HELEN observe sa fille du coin de l’œil. ASHLEY croise son regard.
ASHLEY
Okay, disons que c’est ton jour de chance.
ASHLEY assomme violemment GUS puis s’approche de CATHERINE et HELEN qui auscultent PIERRE. CATHERINE serre sa main et semble désespérée. HELEN se relève.
ASHLEY
Comment va-t-il ?
HELEN
Il lui faut des soins de toute urgence et le matériel de cette pièce est inadéquat. Nous devons le sortir d’ici sans tarder sinon il va mourir.
ASHLEY
Steve va le transporter sur son dos.
HELEN
Non. Je soupçonne de graves lésions internes. Il faut le bouger le moins possible, nous devons le brancarder.
ASHLEY
Le brancarder ? Et tu comptes faire ça comment ? Tu réalises que si nous faisons cela, nous ne pourrons pas repartir par les conduits de ventilations !
HELEN
Oui Ashley, je sais.
ASHLEY
Maman, le complexe est sur vidéosurveillance permanente. Si nous sortons par les couloirs, nous n’arriverons jamais vivants jusqu’à la sortie.
HELEN
Pourtant nous devons essayer. (elle actionne sa radio). Henry ?
HENRY (voix hors champ)
J’écoute Doc.
HELEN
Est-il possible de neutraliser les caméras des couloirs de la zone où nous nous trouvons ?
HENRY (voix hors champ)
Euh…oui, c’est possible. Mais si je le fais, ça va très vite attirer l’attention.
HELEN
Fais-le ! Nous improviserons.
ASHLEY
Ben voyons…
CATHERINE
Attendez ! J’ai une idée qui pourrait nous éviter des ennuis.
ASHLEY
Je brûle d’impatience de la connaître.
CATHERINE
Observe à quel point le jeu des apparences peut altérer ta perception de la réalité.
CATHERINE se métamorphose soudain en une sentinelle à la mine patibulaire sous le regard ébahi d’ASHLEY. HELEN se met à sourire.
ASHLEY
Wow ! Un jour faudra m’expliquer comment tu fais ça.
HELEN
Récupérons les blouses de ces hommes. Steve, tu passes par les conduits de ventilation.
STEVE hoche la tête et s’approche du conduit tandis qu’ASHLEY et HELEN se vêtissent des blouses.
25. Intérieur, nuit, couloir
Une porte battante s’ouvre. CATHERINE, sous l’apparence du garde, avance en tête. Elle est suivie par ASHLEY et HELEN qui poussent le brancard sur lequel se trouve PIERRE. Tout le monde presse le pas. Des bribes de voix et des bruits de pas s’approchent de leur position.
HELEN (chuchotant)
Tout va bien, restons naturelles.
CATHERINE (anxieuse)
Rester naturel… d’accord… Okay… je suis naturelle… naturelle…
Trois gardes surgissent à l’intersection de couloirs et s’arrêtent brusquement. Ils regardent les trois personnes avec méfiance. CATHERINE s’avance vers eux d’un pas assuré.
CATHERINE
Salut les gars ! Tout va comme vous voulez ?
GARDE #1
Où est-ce que tu comptes aller comme ça ?
CATHERINE
Secteur 3. Ce prisonnier est transféré pour raison médicale. Il doit subir des tests de toute urgence.
GARDE #1
Nous avons un code rouge. Aucun transfert n’est autorisé.
CATHERINE
C’est le boss lui-même qui l’a ordonné.
GARDE #1
Je n’ai eu aucune connaissance de cet ordre.
CATHERINE
Écoute. Si ce patient n’est pas à destination dans les cinq minutes, tu lui expliqueras toi-même pourquoi il n’a pas obtenu satisfaction.
GARDE #2
C’est très inhabituel. Même en cas d’urgence on est toujours prévenu.
CATHERINE
Ouais eh bien peut-être que le boss n’a simplement pas souhaité vous rendre compte de sa décision. Qu’est ce que j’en sais moi ? Plaignez-vous à lui si ça vous chante n’empêche que ce transfert est prioritaire. Laissez-moi passer !
GARDE #1
J’aime pas trop le ton que tu prends. Je pourrais te rectifier un peu le portrait histoire que tu fasses moins l’arrogant. Si je commençais par tes dents ?
CATHERINE
Écoute, mon pote, je ne demande pas mieux que de te faire avaler les tiennes à grands coups de poing, mais tu vois, contrairement à toi, j’ai un boulot plutôt urgent à faire alors je te propose de continuer cette charmante conversation plus tard. Disons quand j’aurai du temps à perdre.
GARDE #1
T’as vraiment une grande gueule toi. T’imagine pas ce que tu vas recevoir.
CATHERINE
Houuu, j’ai peur dis donc ! Détends toi un peu, le stress c’est mauvais pour ton cœur.
Le garde #1 et CATHERINE se fixent avec une rage contenue. Les gardes #2 et #3 s’approchent du brancard et observent HELEN et ASHLEY avec un air suspicieux.
GARDE #2
C’est bon, Ray, laisse-les passer sinon ça va mal finir.
CATHERINE se tourne vers HELEN et ASHLEY et leur fait un signe de tête. Les gardes s’écartent, elles se remettent en route. ASHLEY sourit en secouant la tête. HELEN l’observe amusée.
ASHLEY (chuchotant)
« Te faire avaler les tiennes à grands coups de poing » J’adore !
CATHERINE (chuchotant)
Je crois que tu as une très mauvaise influence sur moi Ashley.
RAY
Une seconde !
Tout le monde s’immobilise et se tourne vers le garde #1. CATHERINE se met à souffler bruyamment.
CATHERINE
T’abandonnes jamais toi.
RAY
Personne ne va nulle part tant que je n’ai pas vu l’ordre de transfert. C’est le règlement.
GARDE #2
C’est ridicule. Merde Ray, laisse tomber.
RAY
Alors tu me le donne où faut-il que je vienne le chercher moi-même ?
ASHLEY
L’ordre de transfert… Oui… Attendez un instant… Il est dans ma poche…
HELEN (chuchotant)
Ashley ! Non !
Les gardes observent ASHLEY en train de sortir quelque chose de sa poche. HELEN semble inquiète. Ray s’approche d’ASHLEY. Dès qu’il est à sa portée, elle lui décoche un coup de poing qui l’assomme. Les gardes #2 et #3 sortent alors leurs armes au moment ou STEVE surgit de la grille de ventilation et se jette sur eux. Un coup de feu est tiré. HELEN et CATHERINE, qui a repris son apparence, se protègent mutuellement. ASHLEY dégaine alors son révolver et tire sur un des gardes qu’elle blesse à l’épaule.
ASHLEY
Ne restez pas là !
CATHERINE et HELEN se relèvent et commencent à s’éloigner. Alertés par les bruits de lutte, trois autres gardes viennent à la rescousse. ASHLEY fait un signe de tête à STEVE.
ASHLEY
Protège-les !
Il rejoint CATHERINE et HELEN et combat deux des gardes qu’il arrive à neutraliser. À cet instant, une nouvelle personne se jette dans la bagarre et combat le troisième garde sous le regard ébahit d’HELEN.
HELEN
John ?
ASHLEY
PARTEZ ! MAINTENANT !
JOHN
Fais ce qu’elle dit Helen !
JOHN accourt auprès d’ASHLEY et se met à combattre les gardes à ses côtés. ASHLEY se tourne à nouveau vers sa mère.
ASHLEY
ALLEZ ! ALLEZ !
HELEN échange un dernier regard avec sa fille avant de croiser celui de JOHN qui lui adresse un sourire rassurant. HELEN et CATHERINE poussent le brancard sous l’escorte de STEVE pendant qu’ASHLEY et JOHN combattent les derniers gardes. Tout en avançant, HELEN jette un dernier regard derrière elle avant de passer une porte battante. Elle voit sa fille combattre aux côtés de son père. CATHERINE pose sa main sur son épaule et la ramène à la réalité. Elles s’observent un instant puis pressent le pas.
26. Intérieur, nuit, van
Les garçons sont en train de discuter lorsqu’une voix les interrompt.
HELEN (voix hors champ)
HENRY ! Entrée du complexe ! MAINTENANT !
WILL et HENRY s’observent furtivement puis HENRY démarre le van en trombe. Il fait plusieurs centaines de mètres avant d’arriver à l’entrée du complexe. HENRY stoppe le van en faisant crisser les pneus. HELEN et CATHERINE arrivent précipitamment avec le brancard. WILL, descend du van pour aider CATHERINE avec le brancard tandis qu’ERNIE se rue à l’extérieur pour braquer un fusil à pompe en direction de l’entrée du complexe.
ERNIE
Ashley n’est pas avec vous ?
HELEN et CATHERINE échangent un regard angoissé. ERNIE fronce les sourcils.
ERNIE
Doc ?
HELEN
Il faut partir maintenant, l’état de Pierre empire de minutes en minutes.
ERNIE
On attend pas Ashley ?
Au moment où HELEN va répondre, ERNIE distingue une forme qui fonce sur eux, il pointe son arme dans sa direction en tirant HELEN par la manche pour la protéger.
ERNIE
Woa ! On a de la visite !
HELEN se tourne avec angoisse vers la silhouette qui émerge de l’entrée tandis qu’ERNIE arme son fusil. STEVE vient les rejoindre. ERNIE baisse son arme. HELEN s’avance l’air inquiet.
ERNIE
Content de te revoir mon vieux.
HELEN
Où est Ashley ?
STEVE fait un signe de tête en direction du complexe. HELEN semble inquiète.
ERNIE
Bon j’ai compris, je vais la chercher !
STEVE
Attends Ern ! Tout va bien, son père est avec elle.
ERNIE
Quoi ! Druitt est avec vous ?
HELEN
C’est bien cela le problème.
STEVE
Je ne pensais pas que c’en était un…
WILL (à ERNIE)
Je croyais que le champ de force avait été réactivé juste après votre téléportation.
HELEN
Qu’avez-vous dit ?
ERNIE
Oui et alors ?
WILL
Eh bien s’il est supposé neutraliser ses pouvoirs comment Druitt a-t-il pu se téléporter à nouveau dans le complexe ?
ERNIE
Ça c’est la question à un million.
HELEN
Mais enfin de quoi parlez-vous ?
CATHERINE
Helen ! C’est Pierre ! Il y a un truc qui ne va pas !
HELEN se précipite dans le van alors qu’ERNIE et WILL échangent un regard hésitant. À cet instant, plusieurs coups de feu sont tirés de l’intérieur et ricochent sur le van. Tout le monde se met à couvert derrière les portes du van. WILL et ERNIE ripostent avec leurs armes. Des gardes se déploient à l’entrée du complexe et restent à couvert tout en poussant des cris de sommation. Une alarme bruyante se met à retentir alors que les gardes affluent.
ERNIE
Économise tes balles Will, on en a pas des masses !
WILL
Facile à dire !
HENRY
On va tous y passer si on dégage pas tout de suite !
ERNIE
Allez-y, je vous couvre !
ERNIE change de position près à foncer vers le complexe. Des coups de feu fusent. ERNIE et WILL ripostent et touchent certains assaillants mais ils sont de plus en plus nombreux et ils tirent sans interruption.
WILL
Qu’est-ce que tu compte faire Ern ?
ERNIE
Je vais chercher Ash !
WILL
T’es dingue ? Tu veux te faire tuer ?!
ERNIE
Je ne pars pas sans elle mec !
HENRY
Décidez-vous vite ! ÇA URGE !
HELEN
Pierre ne tiendra pas le coup, il faut partir maintenant !
ERNIE reçoit soudain une balle à l’épaule qui l’envoie à terre. WILL l’aide à se relever et à grimper dans le van puis fait une compression sur la plaie. HELEN tourne le regard vers HENRY.
HELEN
Allons-y !
Le van démarre en trombe. Les balles fusent et ricochent contre la porte arrière tandis que le van s’éloigne.
ERNIE
Ashley… Ash…
WILL
Restes tranquille Ernie, c’est une vilaine blessure.
ERNIE
On ne peut pas la laisser…
CATHERINE fixe HELEN qui semble préoccupée. HELEN s’occupe de Pierre qui est très mal en point. WILL continue de compresser la plaie d’ERNIE qui grimace. HENRY observe la scène dans son rétroviseur tout en vérifiant qu’ils ne sont pas suivis. WILL tourne les yeux vers HELEN.
WILL
Elle va s’en sortir Magnus…
ERNIE
Qu’est ce que t’en sais mec? T’es devin en plus d’être psy ?
WILL
Je n’en sais rien c’est vrai mais ce dont je suis sûr c’est qu’elle n’aurait certainement pas souhaité que l’on se fasse tuer pour elle.
ERNIE
Ben voyons !
CATHERINE
Elle a de la ressource, elle ne se laissera pas faire.
ERNIE
Ouais bah elle a beau être coriace, elle n’est pas immortelle, contrairement à certaines…
HELEN
Ça suffit ! Nous avons pris la bonne décision, inutile d’épiloguer sur le sujet.
ERNIE
Nous ? Oh non ! C’est ta décision ! (pause) C’est toi qui choisi de l’abandonner ! Moi je n’ai pas le choix !
HELEN
Mais tu as le choix, si tu veux y retourner, surtout ne te gène pas !
ERNIE
Parfait !
Le visage déformé par la rage ERNIE tente de se relever. WILL l’en empêche. ERNIE dévisage HELEN.
ERNIE
J’espère pour toi qu’elle est en vie sinon tu devras vivre avec ça !
1 commentaire:
Trop trop bien. Je sens qu' Ashley va bientôt se trouver dans une situation assez critique. Et tout cas j'ai hâte de lire la suite!
Continuez comme ça!
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