Webisode 3
1. Extérieur, nuit, Montmartre (flashback)
VICTORIA et ALEXANDRE marchent dans la rue accrochés au bras de l’autre. VICTORIA est bien habillée. Une prostituée les arrête parfois mais ils continuent leur route, après avoir donné une pièce sans rien en échange.
ALEXANDRE
À l’allure où nous dépensons l’argent, nous n’aurons bientôt plus de quoi vivre nous-mêmes.
VICTORIA
Je connais la vie de ces filles Alexandre. Il m’est impossible de ne pas en être affectée.
ALEXANDRE
Je le sais mon ange. Et si tu ne le faisais pas, tu ne serais plus la femme que j’aime.
VICTORIA
Mon travail paye bien.
ALEXANDRE
À ce propos…
VICTORIA (l’interrompant)
Je t’en prie Alexandre, nous en avons déjà parlé trop souvent. Tu sais aussi bien que moi, que nous n’avons pas le choix. Ce travail est ce qu’il est mais il est honnête et il nous permettra de vivre convenablement.
ALEXANDRE
J’aimerais tant pouvoir te raisonner...
VICTORIA
Alexandre…
ALEXANDRE
Je sais que tu as toujours vécu ainsi et que tu aimes ton ancienne vie, je l’ai compris et je l’accepte mais cela ne m’empêche pas de vouloir prendre soin de toi.
VICTORIA
C’est déjà ce que tu fais, et merveilleusement bien.
ALEXANDRE et VICTORIA se sourient. Puis ALEXANDRE tourne la tête et regarde la basilique du Sacré-Cœur, qui est encore en construction, avant de reposer son regard sur VICTORIA, qui reste subjuguée par l’édifice.
ALEXANDRE
Je sais que tu refuses tout engagement à cause de ta condition…
VICTORIA (le regardant)
Alexandre s’il te plait…
ALEXANDRE
Non Victoire, écoute-moi. Personne ne t’aimera jamais autant que je t’aime alors j’ai trouvé le moyen de rester auprès de toi. Mais avant d’aller plus loin, j’ai besoin de savoir si tu es prête à vivre éternellement avec moi.
VICTORIA
Je croyais que mes sentiments étaient évidents. Si je ne ressentais pas le désir de vivre à tes côtés, jamais je ne t’aurais montré mon vrai visage.
ALEXANDRE pose un genou au sol et lui présente une bague.
ALEXANDRE
Alors Victoire Magnus accepterais-tu de devenir ma femme ?
VICTORIA le regarde les larmes aux yeux, un doux sourire étirant ses lèvres.
2. Intérieur, nuit, salon
VICTORIA et ALEXANDRE sont assis sur le sofa, alors qu’HELEN, ASHLEY et WILL sont assis dans des fauteuils.
VICTORIA
Alexandre est mon mari mais c’est également un vampire.
ASHLEY (ironique)
C’est de mieux en mieux. Non seulement j’ai un oncle par alliance mais en plus c’est un suceur de sang. (souriant) Alors bienvenue dans la famille.
HELEN
Je t’en prie Ashley. Je ne voudrais pas me montrer grossière, Victoria, mais je souhaite davantage savoir à qui vous faisiez allusion lorsque tu as parlé de « cauchemar ».
VICTORIA
À mon assassin.
ASHLEY
La fameuse goule dont tu nous as parlé ?
VICTORIA
Elle-même.
WILL
J’ai un peu de mal à vous suivre. Vous êtes morte, pourtant, vous êtes ici devant nous. J’avoue que ça m’aiderait énormément si vous nous disiez ce qui vous est arrivé précisément.
VICTORIA
Je ne saurai le dire exactement. Quelques jours après l’attaque, je me suis réveillée dans un endroit exigu et dans l’obscurité la plus totale. Je sais maintenant que j’étais enfermée dans un cercueil. J’ignore encore comment j’en suis sortie.
WILL
Personne n’a jamais remarqué que la tombe avait été profanée ?
HELEN
Je me souviens que nous avons eu de nombreux orages cette semaine là. La pluie aura certainement effacé toute trace en tombant abondamment sur la tombe encore fraîchement recouverte.
VICTORIA
Je devais probablement me trouver dans un état second parce que je n’ai aucun souvenir de ce qui s’est passé. Tout ce dont je me rappelle c’est d’un immense sentiment d’errance et d’une sensation étrange.
HELEN
Une sensation étrange ?
VICTORIA
Oui, un mélange de peur et de confusion. C’était comme si j’avais conscience d’avoir été une toute autre personne que celle que j’étais à ce moment précis. C’est difficile à décrire, encore maintenant.
HELEN
Pourquoi ne pas avoir rejoint la maison ?
VICTORIA
Comment aurais-je pu agir de façon sensée après avoir traversé une telle épreuve ? Tout était embrouillé dans ma tête. (souriant) Après deux jours d’errance, j’étais affamée mais sans être épuisée. En fait, je ressentais le besoin vital d’être rassasiée mais il n’était pas question de nourriture au sens où vous l’entendez. Ma route a croisé celle d’un pauvre vagabond. Sans aucune raison, je l’ai attaqué et… j’ai dévoré son cerveau.
ASHLEY et WILL grimacent tandis qu’HELEN reste de marbre.
VICTORIA
Je ne pouvais pas m’en empêcher, j’étais mue par un instinct meurtrier à la fois effrayant et fascinant. J’ai fait de nombreuses recherches pour tenter de comprendre ce qui m’arrivait, et j’ai fini par trouver. L’anormal qui m’avait attaqué était une sorte de zombi. J’ai découvert qu’il ne m’avait pas seulement rendue à la vie, il m’avait également transmis le don de psychokinésie.
ASHLEY
Psychokinésie ?
WILL
C’est un phénomène paranormal qualifié de métapsychique qui traduit la faculté de déplacer les objets inanimés à distance par la seule force de l’esprit.
ASHLEY
Oh, tu veux dire télékinésie
WILL
C’est la même chose.
ASHLEY (ironique)
Bien sûr, c’est évident.
WILL
Ces manifestations sont toujours considérées comme hypothétiques et je reste très sceptique quant à l’authenticité et à la pertinence de ce type de phénomène.
HELEN
Docteur Zimmerman, la cognition est une expérience à laquelle vous devriez vous livrer si vous souhaitez ne pas vous égarer au cœur du labyrinthe nébuleux de la parapsychologie.
ASHLEY
En tous cas, c’est un don qui pourrait m’être très utile.
VICTORIA
Tu ne dirais pas cela si tu en étais atteinte chérie. Ce don exige un grand sacrifice car il est lié à ma survie. Pour atteindre l’immortalité et être enfin libre, je dois ingérer une centaine de cerveaux, l’ultime d’entre eux doit être celui de mon agresseur. Durant un siècle j’ai traqué mon bourreau en laissant des cadavres derrière moi. Aujourd’hui il ne me manque plus que le sien.
ASHLEY
Alors, la chance semble te sourire puisque, visiblement, il est en ville.
VICTORIA
Vraisemblablement.
ASHLEY
Je vais t’aider à le traquer.
VICTORIA
Je regrette, c’est bien trop dangereux.
ASHLEY
Le danger n’est pas un obstacle insurmontable pour moi.
VICTORIA
Alors disons que c’est une chose que je dois faire seule.
WILL
Euh, je crois que nous avons besoin d’être un peu plus constructifs.
HELEN
Le docteur Zimmerman a raison. (à Victoria) Je ne te laisserai pas affronter cet anormal seule, Victoria (se tournant vers Ashley) et je ne souhaite plus voir d’inopportune et d’imprudente démonstration d’orgueil dans cette maison.
ASHLEY et VICTORIA opinent ensemble de la tête.
HELEN
Nous allons t’aider à retrouver cette créature, mais nous allons le faire tous ensemble. Avant toute chose, je dois prendre quelques dispositions. Veuillez m’excuser.
HELEN se lève et sort de la pièce.
3. Extérieur, nuit, parking
ERNIE est penché à l’arrière de son van. Soudain l’ANORMAL l’attaque. ERNIE ne se laisse pas faire et répond à l’attaque de l’ANORMAL, qui prend tout de même le dessus. ERNIE arrive à le repousser. Il monte dans son van et démarre avant de décrocher son téléphone.
ERNIE
Que dirais-tu d’un peu de sport ?
4. Intérieur, nuit, salon
HELEN revient dans la pièce. Elle est surprise de n’y trouver qu’ALEXANDRE.
HELEN
Où sont-ils tous partis ?
ALEXANDRE
Votre fille a apparemment reçu un appel urgent. Quant à Victoire, elle vous prie de l’excuser d’avoir pris congé sans vous saluer mais elle a préféré se lancer seule à la recherche de l’anormal.
HELEN
Merde! Qu’en est-il du docteur Zimmerman ?
ALEXANDRE
Il a suivit Victoire, non sans avoir au préalable essayé de la raisonner mais… Enfin, vous connaissez aussi bien que moi l’obstination de votre sœur.
HELEN
Je ne commettrais pas deux fois la même erreur.
ALEXANDRE la regarde avec curiosité. HELEN quitte le salon suivi par ALEXANDRE.
5. Extérieur, nuit, ruelle
VICTORIA marche dans la rue. Soudain, un éclair bleu et vert apparaît à côté d’elle et John s’avance dans sa direction.
JOHN
Le temps est un compagnon bien ironique et infiniment perfide.
VICTORIA
John !
JOHN
Il fait des promesses à peine voilées d’apaisement et de rédemption mais n’offre en réalité qu’une multitude de désillusions et de souffrances. Voir les siècles se suivre et se ressembler est un spectacle si affligeant, n’est-il pas Victoria ?
VICTORIA
Comment as-tu survécu ?
JOHN
Nous avons tous nos petits secrets.
VICTORIA (approchant de lui)
Qu’est-il arrivé à ton visage ?
JOHN
Une blessure sentimentale dont la cicatrisation semble s’être heurtée à quelques désillusions.
VICTORIA
Je suppose qu’elles ont un rapport direct avec Helen. Pourquoi es-tu ici John ? (après quelques instants) Pour ta fille ? Tu es revenu pour Ashley n’est-ce pas ?
JOHN
Audacieuse lectrice qui lit en moi comme dans un livre ouvert.
VICTORIA
Elle n’a rien de toi John, c’est une Magnus, tu n’arriveras pas à la briser.
JOHN
Bientôt, elle prendra conscience de ce qui sommeille en elle, mon sang coule dans ses veines.
VICTORIA
Ainsi que celui d’Helen et elle ne te laissera jamais la lui prendre.
JOHN
Ta chère sœur n’a jamais voulu admettre l’évidence, aveuglée par son désir de sauver ce qui ne peut l’être.
VICTORIA
Comment peut-elle sauver ceux ne le souhaitent pas ? Je sais qu’elle n’a jamais rien su pour nous deux parce que tu n’aurais jamais osé lui avouer que tu prenais plus de plaisir dans mes bras que dans les siens.
JOHN
Silence !
VICTORIA
Je t’autorisais certaines choses, qu’elle te refusait parce qu’elle avait sans doute pressenti cette fureur qui se cachait en toi.
JOHN
Ma folie est une délicieuse compagne, fidèle et aimante.
VICTORIA (à son oreille)
Tu as perdu Helen à cause de cette folie que tu brandis comme un étendard. (fermant les yeux) Je me souviens d’un soir, où tu m’as prise violement alors que ma chère sœur tenait tête à notre père en prenant ta défense. (se recule légèrement en ouvrant les yeux) Tu l’as trahie, tant de fois en cédant à tes pulsions John, je te connais mieux qu’Helen ne l’a jamais soupçonné.
JOHN (lui attrapant le bras et le lui tordant)
Tu te méprends Victoria, il n’y a jamais rien eu d’autre entre nous que la nécessité de satisfaire de simples désirs charnels. Je n’éprouve aucun sentiment pour les catins.
Victoria le gifle violement.
6. Intérieur, nuit, chambre d’Ashley
HELEN arrive suivit d’ALEXANDRE. ASHLEY est en train de faire son sac.
ASHLEY (sans relever la tête)
Ernie vient de m’appeler, il a besoin de moi.
HELEN
Il peut attendre, ce qui n’est pas le cas de Victoria.
ASHLEY (ironique)
Maman je crois que tante Vicky est assez grande pour se débrouiller toute seule.
ASHLEY et HELEN s’affrontent du regard, puis ASHLEY pose soudain son sac.
ASHLEY
Très bien. Que veux-tu que nous fassions ?
WILL arrive en trombe.
WILL
Je suis désolé Magnus, je n’ai pas pu la retenir. J’ai bien tenté de la suivre mais elle sait remarquablement bien se fondre dans la nature.
HELEN
Vous n’avez pas à vous excuser docteur Zimmerman. Ma sœur est telle qu’elle a toujours été, entêtée, aventureuse et imaginative. Néanmoins nous devons la retrouver.
ASHLEY
Sans vouloir casser l’ambiance, je pense que nous allons quand même avoir un léger problème.
HELEN, WILL et ALEXANDRE la regardent sans comprendre.
ASHLEY
À moins que l’un de vous soit extralucide, nous n’avons pas la moindre idée de l’endroit où elle a bien pu aller. Nous ne pouvons pas nous permettre de partir à l’aventure en espérant tomber sur elle.
WILL
Ashley a raison. La moindre précipitation pourrait avoir de très fâcheuses conséquences, pour tout le monde. Réfléchissons. Elle connaît la créature, elle la traque depuis des années. J’en déduis qu’elle sait très bien où elle a l’habitude de se cacher…
ALEXANDRE (l’interrompant)
Mais oui, bien sûr. C’était ainsi dans toutes les villes où nous nous somme rendus. Pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt. Je sais où se trouve Victoire, mais nous devons faire vite.
HELEN
Alors ne perdons pas de temps.
Le groupe sort de la chambre.
7. Extérieur, nuit, ruelle.
JOHN pose une main sur sa mâchoire.
JOHN
Je ne me doutais pas que le temps t’aurait rendu si susceptible.
VICTORIA
Si le temps a eu quelques mauvaises conséquences sur mon caractère, qu’en est-il de toi John ? Le monstre qui a égorgé huit malheureuses femmes quelques mois après ma mort a-t-il réussi à affronter sa conscience lors de ses furtifs moments de lucidité ? Comment as-tu pu tuer froidement ces pauvres innocentes ?
JOHN
N’as-tu pas remarqué à quel point mes dernières victimes ressemblent de façon frappante à ta chère sœur ? L’obsession est un poison tellement violent mais ô combien subtil.
VICTORIA
Comment pouvais-tu croire, ne serait-ce qu’une seule seconde, qu’Helen accepterait d’épouser un assassin ?
JOHN
Je n’ai pas eu besoin de l’épouser pour la posséder Victoria, j’ai fait beaucoup mieux que cela. Je lui ai donné la seule et unique chose qui causera sa perte. Je lui ai donné Ashley.
L’ANORMAL se jette soudainement sur JOHN, l’assommant légèrement. L’ANORMAL l’attrape, mais VICTORIA l’envoie voler plus loin grâce à son pouvoir. JOHN se reprend et l’ANORMAL l’attaque de nouveau. Cette fois-ci, JOHN l’évite en disparaissant quelques instants. VICTORIA se jette alors sur la créature. L’ANORMAL la griffe au front, tout en l’envoyant voler contre le mur. VICTORIA retombe au sol, inconsciente. L’ANORMAL se tourne vers JOHN qui sort sa lame.
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