Quest-ce que Sanctuary?

Sanctuary est une websérie crée en 2007 par Damian Kindler et Martin Wood.

Producteurs exécutifs : Marc Aubanel, Damian Kindler, N. John Smith, Amanda Tapping, Martin Wood.

Cast
Amanda Tapping ........................................................................ Docteur Helen Magnus
Robin Dunne .......................................................................... Docteur Will Zimmerman
Emilie Ullerup ..................................................................................... Ashley Magnus
Christopher Heyerdahl .................................................................. Montague John Druitt
Bigfoot ..................................................................................................... Bigfoot

Introduction saison virtuelle

Disclaimer

Tous les personnages publiquement reconnaissables, les lieux, etc sont la propriété de leurs propriétaires respectifs. Les personnages originaux et l'intrigue sont la propriété de l'auteur. Ce travail n'est pas rémunéré. Aucun droit d'auteur n'est enfreint.


vendredi 30 juillet 2010

Episode 11 Webisode 4

1. Intérieur, nuit, infirmerie, flashback

HELEN est au chevet d’ASHLEY adolescente allongée sur un lit d’hôpital reliée à des appareils multiples. Elle porte des ecchymoses sur les parties visibles de son corps et elle semble inconsciente. HELEN vérifie le débit de la perfusion qui est reliée à son bras tout en observant sa fille avec gravité. ERNIE entre dans la pièce avec deux béquilles. Il a également des plaies profondes sur le visage et les bras. HELEN l’observe avec un air sombre.

ERNIE

Comment va-t-elle ?

HELEN

Elle est faible mais son état est stable. La bonne nouvelle c’est que j’ai pu réduire toutes ses fractures et qu’elle réagit positivement au traitement.

ERNIE

Et la mauvaise ?

HELEN

Je n’ai pas encore réussi à enrayer l’infection. Elle a de graves lésions au poumon droit ainsi qu’au foie et je ne parle pas des nombreux traumatismes dont elle souffre.

ERNIE

Elle sera vite sur pied, c’est une battante. Sérieusement Doc, j’ai vu de quoi elle était capable et elle est sacrément douée.

HELEN

Tu ne penses pas que ton enthousiasme est un peu déplacé ?

ERNIE

Okay, c’était plutôt rock’n roll je te l’accorde mais si tu l’avais vue ! Bon sang ! C’est une tueuse cette gamine même si elle m’a flanqué la frousse de ma vie.

HELEN

Rock’n roll ? Ma fille vient de passer les 72 heures les plus critiques de sa vie et elle n’est pas encore tirée d’affaire. Elle lutte contre une infection dont j’ignore tout et se remet tant bien que mal d’une intervention qui aura duré plus de 6 heures. Alors je ne te demande pas de comprendre, de compatir ni même de réfléchir mais pour l’amour du ciel, si je dois supporter ta présence, fais-moi grâce de ton humour à la petite semaine !

ERNIE

Je suis désolé… Ça ne devait être qu’une simple mission de reconnaissance. Il n’y avait rien de vraiment dangereux puisque l’endroit était censé être désert. Enfin c’est ce que je croyais.

HELEN

Tu croyais ? Donc tu n’en étais pas sûr ! Qu’est-ce que ça veut dire Ernest, tu ne vérifies plus tes sources maintenant ?

ERNIE

Bien sûr que si ! J’ai confiance en mon informateur mais pour plus de sûreté, Henry et moi nous avons passé la crypte au peigne fin la veille. C’était sans risque, doc, elle devait être vide mais dès qu’on est arrivé sur place, y’avait des goules partout. C’était comme si elles nous attendaient. On n’avait aucune chance d’en réchapper. Je ne pige pas ce qui s’est passé.

HELEN

C’est pourtant clair : tu t’es fait rouler dans la farine Ernest !

ERNIE

C’est impossible ! Ce type avait une dette envers moi, il ne m’aurait jamais fait un coup pareil. Et puis, j’aurais senti l’embrouille, chez moi, c’est inné !

HELEN

Je t’en prie !

ERNIE

Tu sais très bien que s’il y avait eu le moindre risque, je n’aurai jamais exposé volontairement Ashley au danger. J’ignorais ce qui allait se passer !

HELEN

C’est précisément cela le problème ! Tu n’as rien anticipé !

ERNIE

Doc, le principe des guets-apens, c’est justement qu’ils sont imprévisibles !

HELEN

Tu te contredis il me semble, sauf erreur de ma part, tu ne viens pas de prétendre que sentir le danger est inné chez toi ? (pause) Est-ce que tu réalises avec quelle brutalité ils se sont acharnés sur elle ? Barney m’avait mise en garde. Il m’avait dit que c’était trop tôt, qu’elle n’était pas encore prête. J’ai refusé de l’écouter, parce que j’avais confiance en toi.

ERNIE

Tu me prends peut-être pour un idiot arrogant mais je ne suis pas un lâche ! Je ne l’aurai jamais abandonnée Doc ! Et ça tu le sais !

HELEN

Le fait est que je crois sincèrement que tu n’as aucune idée des conséquences si elle avait été tuée. C’est un problème majeur pour nous Ernest.

ERNIE

Qu’est-ce que je suis supposé comprendre ?

HELEN

J’aurais dû pressentir les risques que je faisais courir à ma fille à l’instant même où j’ai placé sa vie entre tes mains. Je regrette de t’avoir fait confiance. C’est une erreur qui ne se reproduira pas…

ASHLEY (faiblement)

Maman ?

HELEN se reprend soudain et reporte son attention sur sa fille. Elle lui sourit tout en lui caressant les cheveux avec tendresse.

HELEN

Je suis là ma chérie. Tout va bien.

ASHLEY

Ernie ne dit pas la vérité. Ce qui s’est passé là-bas est entièrement ma faute.

HELEN

Ne te préoccupe pas de cela. Nous en reparlerons plus tard. Pour l’instant tu dois te reposer.

HELEN commence à s’éloigner mais ASHLEY la retient en saisissant sa main.

ASHLEY

Attends… Il m’avait fait promettre de rester tranquille mais je suis quand même entrée dans la crypte. C’est ma faute maman, Ernie n’y est pour rien.

ERNIE

Ash ! Non, ta mère a raison. Tu étais sous ma responsabilité, j’aurai dû faire ce qu’il faut pour t’empêcher d’agir…te ligoter… t’assommer…

ASHLEY (l’interrompant avec surprise)

M’assommer ?

ERNIE

Façon de parler… Je suis tellement désolé Ash.

ASHLEY (souriant)

Pourquoi ? On forme une super équipe tous les deux non ?

ERNIE (souriant)

Ouais gamine… une super équipe et elle fait de sacrés dégâts !

HELEN

Ça vous pouvez le dire ! Je ne m’en vanterai pas si j’étais vous. Votre association prend fin à l’instant.

ASHLEY

Quoi ? Maman non ! Tu ne peux pas faire ça !

HELEN

Tu crois cela ? Dorénavant, c’est moi qui choisirai avec qui et quand tu partiras en mission. Si tu continues d’ailleurs. Maintenant je veux que tu te reposes. Quant à toi Ernest, je ne te retiens pas.

HELEN tourne les talons mais Ashley s’agite soudain en poussant un cri de rage. Surprise HELEN fait volte face tandis qu’ERNIE constate impuissant la révolte de l’adolescente

ASHLEY

Pourquoi tu ne m’écoutes pas! La seule responsable ici c’est moi! J’en assume déjà toutes les conséquences! Si tu dois être furieuse contre quelqu’un, c’est uniquement contre moi maman, pas contre Ernie!

HELEN

Fort bien ! Je suis furieuse contre toi Ashley ! Ces chasses sont bien loin d’être de frivoles distractions comme tu sembles les considérer ! En ce qui me concerne, peu importe à qui incombe la faute, vous êtes tous les deux coupables parce que l’un comme l’autre, vous auriez dû sentir le piège ! Vous avez sous-estimé le danger sans parler de l’ennemi, ce qui est impardonnable ! Quoi qu’il en soit, puisque vous semblez incapables de vous fier à votre instinct, dès le début de l’attaque vous auriez dû battre en retraite et je ne cesse de me demander pourquoi vous ne l’avez pas fait !

ERNIE

Nous étions encerclés Doc, il était impossible de fuir ! Engager le combat était notre seule chance de nous en sortir.

HELEN

Alors c’est que vous êtes encore plus stupides que je le pensais ! Vous pouviez faire diversion, encore fallait-il anticiper ! Le principe de précaution doit être appliqué à chacune de vos missions, c’est à cela que servent vos entraînements !

ASHLEY

C’est facile de critiquer les joueurs quand on n’a pas assisté au match.

HELEN (ironique)

Tu as raison Ashley, mes remarques sont injustifiées. Soigner vos blessures ne me permet, en effet, pas de constater les lacunes de vos stratégies.

HELEN défie tour à tour sa fille et ERNIE du regard. ERNIE observe ASHLEY qui est visiblement contrariée.

ASHLEY

Je ne vois pas pourquoi tu en fais tout un plat, au moins maintenant, nous savons à quel genre de goules nous avons à faire.

HELEN

Et à quoi peut bien te servir cette information si tu n’es plus en vie pour la relayer ? J’en ai par-dessus la tête de ton intrépidité et de ton insouciance. Je ne suis pas censée m’inquiéter, c’est toi qui es supposée me rassurer !

ASHLEY

Qu’est-ce que ça veut dire exactement ?

HELEN

Simplement que la témérité et l’excès de zèle n’ont jamais fait partie des enseignements de cette maison. Ton rôle c’est de protéger le Sanctuaire et certainement pas de t’attirer des ennuis en prenant de mauvaises décisions !

ERNIE

Helen…

ASHLEY

Alors c’est ça !

HELEN

Quoi ?

ASHLEY

Il n’y a que l’intégrité du Sanctuaire qui compte !

ERNIE

Ashley…

ASHLEY

En fait ce qui peut m’arriver tu t’en fous. Le seul truc qui t’intéresse c’est de savoir si je suis capable de faire ce boulot de cerbère à l’entrée de ton précieux sanctuaire.

HELEN

Ne sois pas ridicule.

ERNIE

Mesdames… S’il vous plait… Temps mort…

ASHLEY

Barney avait raison, certaines vérités font mal.

HELEN et ASHLEY s’affrontent du regard. HELEN semble gênée. ASHLEY montre des signes de faiblesse et ferme les yeux de douleur. HELEN s’approche alors de sa fille mais au moment où elle va la toucher, ASHLEY dégage son épaule et tourne la tête de colère.

HELEN

Tu n’as pas besoin de prouver obstinément ta valeur. Je connais mieux que quiconque tes capacités. Mais ne te méprends pas Ashley, parce que l’unique raison pour laquelle je refuse que tu prennes ce genre de risques, c’est tout simplement parce que tu es ma fille.

ASHLEY fixe le plafond les yeux pleins de colère. HELEN l’observe avec insistance et émotion mais ASHLEY ne lui prête pas attention. HELEN est attristée mais se reprend.

HELEN

Tâche de te reposer. Je reviendrai tout à l’heure pour tes soins.

ASHLEY

C’est ça… Ernie, tu veux bien rester pour me tenir un peu compagnie ?

ERNIE scrute le regard d’HELEN qui semble contrariée. Elle semble hésiter puis, résignée, accepte d’un signe de tête. ERNIE se tourne vers ASHLEY et lui adresse un large sourire.

ERNIE

Okay Ash. Est-ce que je t’ai déjà raconté comment j’ai réussi à m’échapper de cette prison panaméenne? À moins qu’elle n’ait été cubaine… enfin bref…

ASHLEY secoue la tête en souriant. ERNIE s’approche tant bien que mal. HELEN cherche le regard de sa fille sans le trouver. Avec résignation elle s’éloigne. Elle s’arrête sur le seuil de la porte et se tourne pour observer ERNIE et ASHLEY de l’embrassure de la porte.


2. Intérieur, nuit, infirmerie

CATHERINE est au chevet de PIERRE qui est relié à des appareils médicaux. Il semble dormir paisiblement. Les mains dans les poches, HELEN l’observe de l’embrassure de la porte avec un air grave. Elle s’avance doucement vers CATHERINE qui essuie ses larmes du dos de la main sans quitter PIERRE des yeux.

CATHERINE

La première fois que nous nous sommes rencontrés, c’était il y a 10 ans. Je venais de me faire dérober mon sac en descendant de voiture. PIERRE a vu la scène et a poursuivi le voleur sur trois kilomètres avant de réussir à le rattraper. Lorsqu’il m’a ramené mon sac, il était essoufflé et dégoulinant de sueur mais il avait le plus beau sourire que je n’avais jamais vu de ma vie. Une semaine plus tard, j’ai reçu un bouquet de roses flamboyantes avec un mot sur lequel était inscrit « Georges Sand a écrit un jour que « le plus grand bonheur dans la vie, c’est d’aimer et d’être aimé ». À l’instant où je lisais ces lignes, quelqu’un sonnait à la porte. Lorsque j’ai ouvert, il était là, devant moi, le regard pétillant et son plus beau sourire aux lèvres. Il s’est avancé vers moi et a ajouté : « Aujourd’hui, je comprends ce qu’elle a voulu dire parce que je sais maintenant que vous êtes la seule personne au monde avec qui j’aimerais partager ce bonheur.».

CATHERINE se tourne alors vers HELEN qui la fixe avec détresse. HELEN pose sa main sur son épaule. CATHERINE l’entoure de la sienne.

CATHERINE

Je suis née il y a 10 ans Helen, précisément le jour où j’ai croisé son regard. Ce jour-là, il est entré dans ma vie pour ne jamais en sortir. Son sourire était ma force… Maintenant je sais que c’est tout ce qu’il me reste de lui.

HELEN

Il entré dans un coma profond. (pause) Il ne se réveillera pas Catherine. (pause) Il faut te préparer.

CATHERINE

Je sais.

HELEN observe longuement CATHERINE qui a l’air à la fois triste et sereine.

CATHERINE

Son sourire est enfoui en moi… à jamais. (pause) Je suis prête à le laisser partir… et je suis sûre qu’il l’est aussi.

HELEN et CATHERINE se regardent avec force. CATHERINE reporte son attention sur PIERRE. Elle saisit sa main avec douceur puis rapproche son visage du sien. Elle se penche délicatement à son oreille et lui murmure des mots inaudibles puis colle avec tendresse son front contre le sien. HELEN s’approche silencieusement de l’appareil qui maintient PIERRE en vie sans quitter le couple des yeux.


3. Intérieur, nuit, laboratoire du complexe

Allongée sur une table, ASHLEY est inerte. Elle reprend soudain conscience en sursaut. Elle tente de bouger ses membres mais s’aperçoit qu’elle est retenue par des sangles et que son bras est relié à une perfusion. Elle tente alors de se débattre mais ses mouvements sont solidement entravés. Elle observe autour d’elle et s’aperçoit qu’il y a plusieurs caméras braquées sur elle.

ASHLEY

HEY! VOUS DERRIÈRE VOTRE PC ! DÉTACHEZ-MOI IMMEDIATEMENT ! VOUS ENTENDEZ !

ASHLEY continue de se débattre comme un diable en poussant des cris de rage. Un scientifique entre dans la pièce accompagné d’un garde armé d’un fusil. ASHLEY se fige un instant pour les observer attentivement. Sans dire un mot, le scientifique s’approche d’un ordinateur situé à quelques mètres et tape des informations au clavier.

ASHLEY

Je suppose que je perds mon temps à vous demander ce que je fais là.

GARDE

Tu supposes bien.

ASHLEY

Où est passé le grand type chauve qui était avec moi ?

GARDE

Sérieusement chérie, il devrait être le cadet de tes soucis étant donné ta situation.

ASHLEY

Le dernier comique qui m’a appelé comme ça a fini cul-de-jatte et les tripes à l’air alors je serai toi, j’éviterai ce genre de sobriquet.

Le garde la fixe avec un air amusé. Le scientifique s’approche d’ASHLEY pour vérifier les indications des appareils auxquels elle est reliée. Il évite soigneusement de la regarder. ASHLEY relève sa tête vers lui avec un sourire ironique.

ASHLEY

Tu veux savoir ce que je pense ? Je pense que tu ne bosses pas pour le bon camp. Souviens-toi de cela tant que ta tête est encore attachée à ton corps.

Le scientifique ne répond pas et ne la regarde pas. Il se penche au dessus d’ASHLEY et lui pose des électrodes sur le front et sur la poitrine puis commence à lui sangler la tête. ASHLEY essaye de résister mais le garde la maintient fermement contre la table.

ASHLEY

Vous faites une grave erreur, j’ai une excellente mémoire !

GARDE

Tant mieux pour toi.

ASHLEY

Je me souviendrai de toi. Je te jure que nous nous reverrons.

GARDE

C’est ça.

Le garde fait un signe de tête au scientifique puis adresse un sourire moqueur à ASHLEY.

GARDE

À condition que tu survives à ça… chérie…

ASHLEY l’observe avec rage et tourne la tête vers le scientifique qui actionne la machine à laquelle elle est reliée. Un bruit d’initialisation se fait entendre. Soudain ASHLEY reçoit une violente impulsion électrique. Sous la violence du choc, elle pousse un hurlement de douleur, son corps tout entier se raidit et se courbe avant de convulser violemment.


4. Intérieur, nuit, bureau d’Helen

HELEN classe des documents quand WILL entre. HELEN relève la tête et esquisse un sourire.

WILL

De nouvelles missions ?

HELEN

Seulement les affaires courantes.

WILL

Si vous avez besoin d’aide pour la paperasse…

HELEN

Il ne s’agit que de correspondances sans importance. Je crois que je vais m’en sortir. (pause) Avez-vous eu le temps de saluer Catherine avant son départ pour l’aéroport ?

WILL

Oui, justement, à ce propos, après la perte qu’elle a subit, je pensais vraiment qu’elle différerait son retour en France de quelques jours.

HELEN

Catherine ne reste jamais loin de ses responsabilités très longtemps. Pierre souhaitait se faire inhumer dans la crypte des Maudran dans le cimetière du Sanctuaire parisien, elle avait à cœur de tenir sa promesse.

WILL

Je comprends qu’elle veuille respecter ses dernières volontés mais ce départ n’est-il pas un peu précipité ?

HELEN

Nous avons tous une manière différente de réagir au décès d’un proche, vous le savez mieux que quiconque Will. Je connais Catherine, son travail de deuil ne pourra véritablement commencer que lorsqu’elle foulera à nouveau sa terre natale. Elle a juste besoin de rentrer chez elle. (pause) Au fait, Henry a obtenu la preuve que le complexe d’où nous avons extrait Pierre est bien la propriété du Consortium. Tenez, c’est plutôt accablant.

HELEN tend un dossier à WILL qui s’assoit en face d’elle. WILL prend le dossier et le feuillette en souriant alors qu’HELEN reste concentrée sur sa tâche.

WILL

Donc cette fois, les doutes ne sont plus permis, les liens entre Biotech et le Consortium sont donc confirmés. Ashley avait raison.

HELEN

En effet.


5. intérieur, nuit, aéroport

CATHERINE fait face à une grande baie vitrée de laquelle elle observe le manège incessant des avions. Une hôtesse s’approche d’elle avec précaution.

HOTESSE

Madame ?

CATHERINE se retourne, ses yeux sont brillants. L’hôtesse semble très gênée.

HÔTESSE

Voici l’ordre de transfert. Vous devrez le remettre aux autorités françaises dès votre arrivée sur place. Rassurez-vous, elles ont été prévenues. (pause) Toutes mes condoléances madame.

CATHERINE

Merci.

CATHERINE a les yeux dans le vague. L’hôtesse lui sourit avec compassion.

HÔTESSE

Votre avion décolle dans une demi-heure mais si vous le souhaitez je peux faire en sorte que vous embarquiez dès à présent.

CATHERINE

C’est très gentil mais je crois que…


En tournant les yeux vers l’extérieur, CATHERINE s’interrompt. Elle aperçoit le cercueil, dans lequel PIERRE repose, qui est en train d’être acheminé à l’intérieur de l’avion. Elle prend une grande inspiration.

CATHERINE

J’aimerais me rafraîchir un instant.

HÔTESSE

Bien sûr madame. Il y a une salle d’eau au fond de la pièce, à droite. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, surtout n’hésitez pas.

CATHERINE esquisse un sourire puis se dirige jusqu’à la pièce en question et y entre.


6. Intérieur, nuit, cellule

ASHLEY est allongée sur un lit, inconsciente. Elle s’éveille peu à peu, puis se redresse en massant douloureusement sa nuque. Elle secoue nerveusement ses mains comme pour faire circuler le sang et s’aperçoit qu’elle porte des marques de piqûre sur les bras. Elle observe autour d’elle puis entend du bruit qui provient du couloir. Elle se lève avec difficulté. Le bruit d’une porte en acier s’ouvrant et se fermant avec fracas se fait entendre. Elle s’approche de la lucarne et se trouve face à GUS.

GUS

La vie réserve parfois des surprises n’est-ce pas ?

ASHLEY

Je la trouve plutôt ironique là tout de suite.

GUS

C’est bien que tu sois réveillée. Tu as des vertiges ? Tu ressens des fourmillements dans les membres supérieurs ? Une arythmie cardiaque ?

ASHLEY le fixe avec agressivité. GUS se contente de lui sourire avec douceur.

GUS

Rien de tout cela tu es sûre ? Tant mieux. Après tout ce que nous t’avons fait subir, je m’en voudrais qu’il y ait des complications. (pause) Tu n’imagines pas la somme d’informations que l’on peut recueillir sur un sujet sans avoir besoin de le disséquer mais simplement en analysant en détail son ADN. Enfin, bien sûr, tout dépend du sujet.

ASHLEY

Bien sûr…

GUS

En ce qui te concerne, les résultats obtenus ont largement dépassé toutes mes espérances. Ton cas est vraiment fascinant. Tu n’imagines pas à quel point.

ASHLEY

Ouais c’est si émouvant que j’ai du mal à retenir mes larmes.

GUS

Il y a par exemple cette molécule que tu développes, savais-tu qu’elle possède de surprenantes propriétés régénératrices ? Grâce à elle, tu régénères tes cellules endommagées 50 fois plus vite que la normale. C’est vraiment prodigieux.

ASHLEY

Tu n’es pas encore au bout de tes surprises.

GUS

Tu m’enlèves les mots de la bouche. Il nous reste encore toute une batterie de tests à effectuer sans parler des examens en cours mais je sais déjà que grâce à toi, il ne m’est désormais plus interdit de penser décrocher un jour le prix Nobel.

ASHLEY

Je peux te dire ce que les tests ne révèleront pas, par exemple ma détermination à mettre ma proie en pièces lorsque j’en ai enfin fini avec elle.

GUS

Tu as beaucoup de volonté et ton seuil de résistance à la douleur est vraiment incroyable mais tu as beau être un cas exceptionnel, une fois que j’en aurai fini avec toi, tu ne seras plus qu’une misérable coquille vide.

ASHLEY

L’instinct de survie, tu connais ? Tu n’as pas la moindre idée de la façon dont il se manifeste chez moi. Tu es vraiment prêt à prendre ce risque ?

JOHN (voix hors champs)

Assez perdu de temps.

JOHN s’avance jusqu’à la lucarne afin de faire face à ASHLEY.

ASHLEY

J’aurai dû m’en douter. Un coup pareil, ça ne pouvait venir que de toi.

JOHN (ironique)

Il parait que la plus douce des créatures devient la plus féroce des bêtes sauvages lorsqu’elle se sent acculée. Imagine ce que ressent un prédateur blessé enfermé dans une cage contre sa volonté ? Tu sais ce qui me rend le plus fier ? C’est de savoir que grâce à moi, tu vas enfin pouvoir libérer ta véritable nature.

ASHLEY

T’imagine pas à quel point je suis douée. Mais pourquoi tu ne me laisser pas te montrer tout de suite de quoi je suis capable… papounet !

JOHN

Jusqu’à présent tu as toujours plus ou moins mis à profit les enseignements que tu as reçus. Mais il y a une règle que tu as visiblement occultée, celle de la méfiance sur ce point, tu manques encore cruellement de réussite. Ce qui explique pourquoi le chasseur se retrouve finalement à la place de la proie.

ASHLEY dévisage son père avec rage tandis que JOHN l’observe avec un sourire ironique. GUS pose une main sur l’épaule de JOHN.

JOHN

Il y a tant de colère dans ton regard. C’en est presque effrayant. Délicieusement effrayant. Je te conseille vivement de prendre du repos. Nous n’en avons pas encore fini avec toi.

ASHLEY

Je te retourne la réflexion. Je ne sais pas encore ce que vous avez fait, mais quoi que ce soit, tôt ou tard, vous paierez tous l’addition.


7. Intérieur, nuit, toilettes de l’aéroport

CATHERINE se passe de l’eau sur le visage au moment où une femme entre dans les toilettes. La femme s’approche d’elle et lui sourit furtivement. CATHERINE lui rend son sourire tandis qu’elle se sèche le visage et les mains. Elle passe derrière la femme et croise son regard alors qu’elle l’observe dans la glace avec un air étrange. Au moment où CATHERINE pose sa main sur la porte pour sortir, la femme qui se retrouve juste derrière elle lui passe violemment un bras autour de la gorge puis plaque une main sur sa bouche pour étouffer son cri. CATHERINE se débat et essaye de se métamorphoser sans y parvenir. La femme sort alors rapidement un silencieux qu’elle lui colle avec force sur la tempe. Terrorisée, CATHERINE s’immobilise.

FEMME

Tu vas faire exactement ce que je te dis si tu veux éviter un carnage. Est-ce que tu m’as comprise ? Est-ce que tu m’as bien comprise ?!

La femme la maintenant avec force, CATHERINE fait un signe de tête entendu. La femme lui chuchote à l’oreille avec un air malicieux.

FEMME

Okay. Écoute-moi attentivement. Tu vas venir avec moi sans résister et sans poser de question. Nous allons sortir d’ici ensemble comme si nous étions deux vieilles copines. Tu as plutôt intérêt à te montrer convaincante. Si tu ne joues pas le jeu, si tu bats un peu trop des cils, je serais obligée de tirer sur tout un tas d’innocents pour couvrir ma fuite. Tu n’as pas envie d’avoir leur mort sur la conscience n’est pas ?

CATHERINE secoue doucement la tête. La femme ne desserre pas son étreinte.

FEMME

Très bien. Alors je vais relâcher ma prise, enlever doucement ma main de ta bouche et ranger mon arme. Si tu fais ce que je t’ai dit, tout ira bien. Mais je te préviens je suis très rapide et je ne rate jamais ma cible. Ne me donne pas l’occasion de te le prouver. Oh et puisque tu as déjà essayé, inutile de tenter à nouveau de te métamorphoser. Je suis équipée d’un inhibiteur moléculaire.

La femme desserre son étreinte. CATHERINE, qui a toujours l’air terrorisée, arrange ses vêtements dans le silence et avec fébrilité puis tourne la tête vers la femme qui lui sourit avec une surprenante douceur. La femme fait un geste de la main pour l’inviter à sortir. CATHERINE voit le serpent et le globe entrelacés surmontés d’un œil tatoué à l’intérieur de son poignet droit. Elle prend une grande inspiration et pousse la porte avec un sourire, la femme sur ses talons.


8. Intérieur, nuit, bureau d’Helen

Tout en feuilletant le dossier, WILL jette des coups d’œil furtifs à HELEN et tapote nerveusement ses doigts sur l’accoudoir du fauteuil. HELEN relève les yeux vers lui.

HELEN

Si vous me disiez ce qui vous préoccupe.

WILL

Lorsque je suis allé voir Catherine, j’ai croisé Henry. Il m’a dit qu’Ashley n’était toujours pas rentrée. Cela fait plusieurs heures. Vous ne pensez pas que…

HELEN (l’interrompant)

Ernest a quitté le Sanctuaire en invectivant en termes peu courtois qu’il se chargeait de la ramener saine et sauve. Je ne suis donc pas inquiète.

WILL

Bien sûr que vous l’êtes ! Ashley était dans la ligne de feu quand l’avons quittée et pour être tout à fait franc, je pense que le danger n’est pas forcément celui qui paraît le plus évident.

HELEN

Que voulez-vous dire ?

WILL hésite en se tortillant sur son siège puis plante son regard dans le celui d’HELEN avec force. HELEN le scrute avec anxiété.

WILL

Vous savez, Druitt et Ernie étaient ensemble dans le complexe…

HELEN

C’est ce que j’ai cru comprendre. Vous avez fait allusion à la présence d’un champ de force inhibiteur malgré lequel ils avaient pu se téléporter.

WILL

En réalité leur manœuvre de diversion pour sortir de cellule a entraîné la neutralisation temporaire de ce bouclier. Ils ont ainsi pu s’enfuir du complexe juste à temps mais d’après Ernie, le champ de force aurait été réactivé à l’instant même de leur téléportation.

HELEN

Où voulez-vous en venir ?

WILL

S’ils ont pu fuir hors du complexe juste avant la réactivation alors comment Druitt a-t-il pu se retrouver avec vous à l’intérieur ?

HELEN

L’activation du bouclier signifie seulement que John n’aurait pas pu se téléporter à nouveau dans le complexe mais il y a des moyens plus conventionnels pour entrer Will. C’est ainsi que nous avons procédé, souvenez-vous.

WILL

Eh bien moi je suis obsédé par le fait qu’il vous ait rejoint aussi rapidement.

HELEN

Sa présence en elle-même était une aberration pour moi mais… Que cherchez-vous à me dire ?

WILL

Écoutez, j’ai bien réfléchi à propos de l’enlèvement de Pierre et de sa condition de métamorphe et franchement, il y a un truc qui ne colle pas avec toute cette histoire. Je veux dire… peut-être que les desseins du Consortium ne se résument pas seulement à un désir de domination globale à la sauce pré-apocalyptique.

HELEN

Précisez.

WILL

Okay bon que savons-nous à propos du don des métamorphes ?

HELEN

Eh bien entre autre, que ce don permet au porteur de se soustraire à un péril imminent en changeant d’apparence.

WILL

Oui et d’un point de vue général il parait évident, normal d’agir par tous les moyens pour sauver sa vie, quand bien même ces moyens seraient… disons supranormaux. Mais qu’adviendrait-il de sa légitimité si cet instinct de survie était utilisé à des fins nettement moins honorables ? Tout à l’heure vous avez dit que les Prophétiques cherchent à exploiter les dons des anormaux pour créer des êtres génétiquement modifiés dont ils pourraient contrôler la volonté et les actions.

HELEN

C’est exact.

WILL

De mon point de vue, les métamorphes répondent déjà, de par leur spécificité génétique, à une partie de leurs attentes. Je veux dire qu’ils changent d’apparence sur commande, vous imaginez les possibilités d’action ? Selon moi, pour rendre vulnérable un groupe d’individus, quoi de plus efficace que de le frapper sournoisement de l’intérieur ? Vous savez ce qu’on dit, dans un panier il suffit qu’un seul des fruits soit pourri pour qu’il contamine tous les autres. C’est un peu comme le cancer qui vous ronge sans qu’aucun signe extérieur ne trahisse sa présence dans votre organisme.

HELEN

Bien sûr, usurper l’identité d’un seul individu permet de manipuler l’esprit de tous les autres. C’est en effet une manœuvre efficace pour infiltrer l’ennemi sans éveiller le moindre soupçon. Vous avez raison, le métamorphe est déjà par essence un maître de l’illusion.

WILL

Étant donné avec quelle rapidité Catherine change d’apparence et avec quelle aisance elle s’approprie l’identité de cette nouvelle apparence, modifier la perception de la réalité d’un groupe d’individus lambda est un jeu d’enfant pour les métamorphes. Il suffit juste de bien choisir le sujet à imiter pour que l’illusion soit parfaite.

HELEN

Je comprends où vous voulez en venir mais quel est le rapport avec Ashley ?

WILL

Druitt, plus précisément.

HELEN

John ? Qu’est-ce que John a à voir avec… (pause) Attendez une seconde, vous pensez que ce n’était pas lui qui était avec nous dans le complexe ?

WILL

Je me trompe peut-être mais, oui, c’est ce que je pense. J’ai l’intuition que toute cette histoire d’enlèvement à Paris, ce n’est que de la poudre aux yeux.

HELEN prend son téléphone portable avec un air inquiet et compose nerveusement un numéro. Elle se lève avec empressement. Préoccupé, WILL fronce les sourcils puis se lève à son tour et la rejoint. Il fixe HELEN avec inquiétude tandis qu’elle attend une conversation qui n’arrive pas.

WILL

Magnus ?

Elle raccroche au bout de quelques instants visiblement contrariée. Le regard inquiet, HELEN se presse vers la porte, WILL sur ses talons.

HELEN

Qu’allez-vous faire Magnus ?

HELEN

Réparer mon erreur de jugement !


9. Intérieur, nuit, laboratoire du complexe

ASHLEY est attachée à une table et est à demi consciente. Des scientifiques s’affèrent autour d’elle. La voix de GUS résonne alors qu’il se penche au dessus de son visage. ASHLEY tourne la tête vers lui et tente de distinguer son visage mais sa vision est troublée.

GUS

C’est presque terminé. Essaye de tenir encore un tout petit peu.

GUS se tourne vers COBBOLD qui vient d’entrer. Il s’approche d’ASHLEY puis se penche au-dessus de la jeune femme avec un air satisfait.

COBBOLD

Comment réagit-elle ?

GUS

Ses signes vitaux sont stables. La pression artérielle est élevée et elle souffre d’une légère déshydratation consécutive aux injections en dehors de cela il n’y a aucun problème. Comme vous le voyez professeur, nous sommes opérationnels, phase par phase.

COBBOLD

Parfait. Passez immédiatement à la phase trois.

GUS

Vous êtes sûr ?

COBBOLD (voix hors champ)

Absolument.

GUS

Très bien. Faites entrer le sujet receveur.

COBBOLD

Cette fois, je ne tolérerai aucune erreur. Vous m’avez bien compris ?

GUS

Il n’y en aura pas, professeur.

Deux scientifiques entrent avec un brancard. GUS leur fait signe de positionner le brancard près de lui, à quelques mètres d’ASHLEY. COBBOLD et GUS observe avec attention le sujet allongé. Grimaçant de douleur, ASHLEY tourne la tête sur le côté. Elle tente de distinguer la personne qui retient tout leur attention. CATHERINE tourne à son tour la tête vers ASHLEY. Elle a l’air très anxieuse.

CATHERINE

Ashley? Ashley tu vas bien? Ashley? Parle-moi !

La voix de CATHERINE résonne dans la tête d’ASHLEY qui essaye en vain de répondre. À bout de force, incapable de prononcer la moindre de parole, elle sombre dans l’inconscience.

COBBOLD

Bien. Commencez le processus.

dimanche 18 juillet 2010

Episode 11 Webisode 3

1. Intérieur, nuit, laboratoire du Sanctuaire (flashback)

JOHN est allongé sur une table d’auscultation. HELEN est en train de lui faire une prise de sang. Concentrée sur sa tâche, HELEN relève la tête furtivement et croise son regard. JOHN la fixe avec passion. Il sourit, elle lui rend son sourire avec un air gêné.

HELEN

Vous essayez de sonder mes pensées ?

JOHN

Pardonnez-moi Helen, vous êtes si délicieusement concentrée que...

HELEN

Pourtant, il semblerait que vous fassiez tout pour me déconcentrer. Vos veines sont saturées John, j’ai vraiment beaucoup de mal à trouver une voie.

JOHN (souriant)

Vous vous débrouillez très bien.

JOHN et HELEN se sourient amoureusement. Elle termine sa tâche et s’apprête à se lever mais JOHN lui agrippe la main et l’attire à lui tout se redressant.

JOHN

Vous sentez ce battement dans ma poitrine ? Je vous dois la vie Helen.

JOHN fixe HELEN avec force. Elle lui sourit avec confusion. JOHN perçoit son trouble alors qu’elle tente de retirer sa main. JOHN la retient et l’observe avec curiosité.

JOHN

Qu’y a t il ? (pause) Je connais ce regard. Vous avez des regrets.

HELEN

La question n’est pas là.

JOHN (confus)

Non ? Alors où est-elle ? (pause) Je vous aurais moi-même contraint à me faire ces injections si j’en avais eu la capacité alors je vous en conjure, ne vous blâmez pas pour une décision qui aurait pu être la mienne.

HELEN s’apprête à répondre mais John l’arrête d’un mouvement de main.

JOHN

J’aurai vendu mon âme au diable sans une once d’hésitation afin de pouvoir vivre éternellement à vos côtés si ce choix m’avait été offert.

HELEN

Précisément John ! Une seule différence cependant, c’est moi et moi seule qui lui ai vendu nos âmes en changeant le cours des évènements ! Je suis allée trop loin.

JOHN

Trop loin parce que vous avez écouté vos sentiments ? Je crois que vous dramatisez. Nous ne sommes pas les interprètes d’une tragédie faustienne Docteur. Sachez toutefois que je n’aurai pas agis différemment s’il avait été également question de sauver votre vie.

HELEN

Vous ne comprenez pas ! Je suis médecin John…

JOHN (l’interrompant en souriant)

Un excellent médecin de surcroît.

HELEN

Je vous en prie… Je ne pouvais pas me résigner à vous laissez partir, c’était au-dessus de mes forces mais en agissant comme je l’ai fait j’ai violé toutes les règles de déontologie et d’éthique médicale qui m’ont été enseignées. Plus que cela, en contrôlant votre destin, j’ai peur de vous avoir condamné d’une autre manière.

JOHN (amusé)

Allons Helen, c’est tout à fait absurde ! Que croyez-vous avoir déclenché en me sauvant la vie ? Une apocalypse ?

HELEN détourne les yeux et se lève avec empressement. Elle se dirige vers son bureau sous le regard perdu de JOHN. Il l’observe avec un mélange d’incompréhension et de tristesse.

JOHN

Helen ?

JOHN se lève avec calme et s’approche d’HELEN qui le fixe avec tristesse et gravité.

HELEN (hésitante)

Je vais devoir modifier votre médication et l’adapter à votre état.

JOHN

Mon état ? Mais enfin de quoi parlez-vous ? (pause) Je vous en prie, dîtes-moi ce dont il s’agit, votre silence est une véritable torture.

HELEN l’observe longuement en hésitant. JOHN lui sourit avec compassion et douceur.

HELEN (soupirant)

Très bien. (pause) J’ai relevé de nouvelles anomalies en examinant les résultats de vos derniers examens.

JOHN

Des anomalies… Je vois. (pause) Quel genre d’anomalies ?

HELEN

Principalement fonctionnelles. En dehors d’une arythmie cardiaque et d’une hypertension, vos analyses sanguines révèlent de graves carences à plusieurs niveaux. Sous souffrez d’anémie, entre autre chose, et le taux de certaines de vos hormones est anormalement élevé.

JOHN (avec gravité)

Ce n’est pas une simple hausse de ma pression artérielle ou quelques carences qui vous inquiètent à ce point. (pause) Dites-moi la vérité Helen ! (pause) Dites-le moi ou bien dois-je l’exiger d’une autre manière ?

JOHN fixe HELEN avec rage. Elle semble effrayée, JOHN se détend immédiatement.

JOHN (souriant)

Comprenez que votre embarras a tendance à me rendre nerveux.

HELEN

Je ne suis pas embarrassée, je suis prudente. Aussi fascinant soit-il, je n’ai encore jamais étudié de cas similaire au vôtre et le fait que nous soyons intimes ne m’aide pas à rester objective.

JOHN

Vous n’avez jamais eu besoin d’être aussi circonspecte pour aborder le thème de mon anormalité.

HELEN

Ce n’est pas votre anormalité qui me préoccupe mais davantage les effets de l’injection que je vous ai faite dernièrement. (pause) Je crois qu’elle a profondément affectée votre physiologie ce qui pourrait avoir des conséquences imprévisibles et irréversibles sur le plan neuropsychologique.

JOHN

Qu’entendez-vous exactement par « irréversibles » ?

JOHN se dirige vers la fenêtre sous le regard inquiet d’HELEN. Il observe à l’extérieur avec calme.

HELEN

J’ai découvert que vos principaux neurotransmetteurs sont altérés ce qui a pour conséquence de progressivement détériorer certaines parties de votre cerveau. Sans faire davantage de tests je ne peux qu’émettre des hypothèses mais je suis convaincue que ces dommages sont consécutifs à l’administration du sérum qui vous a permis de demeurer en vie.

JOHN

Ce qui signifie en terme profane ?

HELEN

Que cette dégénérescence neurophysiologique affecte progressivement votre comportement et votre personnalité. Les signes associés sont multiples : troubles cognitifs ou affectifs, trouble de l’identité, hallucinations, délires paranoïaques, irritabilité, agressivité destructrice…

JOHN (flegmatique)

Avez-vous déjà ressenti la peur Helen ? Moi oui, le jour où j’ai regardé la mort droit dans les yeux et que j’y ai vu mon propre reflet. Savez ce que c’est de sentir la vie vous abandonner ?

HELEN s’apprête à répondre mais JOHN se retourne et l’interrompt d’un geste vif.

JOHN

D’abord vous avez l’étrange impression que le monde qui vous entoure s’éloigne implacablement de vous. À cet instant, vous sentez votre sang se glacer douloureusement dans vos veines. Vous essayez de hurler mais privé d’énergie, vous n’y parvenez pas. Très vite les ténèbres vous envahissent et vous engloutissent. Paralysé par l’angoisse, prisonnier de votre propre corps, vous commencez à suffoquer. Peu à peu, vous sentez le néant aspirer vos dernières forces jusqu’à ce que finalement il ne reste plus de vous qu’une vulgaire coquille vide. C’est une sensation singulière plutôt effroyable je puis vous l’assurer.

HELEN

John je…

JOHN (l’interrompant)

J’ai vécu mille tourments par désir de vivre avant de finalement laisser cette volonté m’abandonner tant la douleur m’était devenue insupportable. J’étais enfin libéré mais vous en avez décidé autrement en donnant une autre dimension à mon existence. Il n’y a pas de mots assez forts pour décrire ce que je ressens au fond de moi. Alors si je vous semble irascible, bien que je le regrette, je vous saurai gré de faire preuve d’un minimum de complaisance à l’égard d’une condition que vous avez vous-même provoquée !

JOHN fixe HELEN avec agressivité, le regard brillant. HELEN semble dépassée.

HELEN

Je crois que nous devons sans tarder parler d’un traitement.

JOHN

Sans tarder ? Je croyais que mon état n’avait rien d’inquiétant. Qu’est ce qui vous effraie Helen ? Est-ce moi… ou bien ce que je suis en train de devenir ?

JOHN lui sourit avec un air étrange. HELEN semble terrifiée.


2. Intérieur, nuit, cellule de John

JOHN émerge doucement de sa torpeur. Il murmure des phrases incompréhensibles et prononce plusieurs fois le prénom d’HELEN. Il la voit penchée au dessus de lui. Elle lui sourit en lui caressant le front. JOHN semble perdu, fronce les sourcils douloureusement.

HELEN (voix étouffée)

Ce traitement est inadapté. Il dérègle son métabolisme… Tout va bien John.

JOHN (faiblement)

Helen ? Est-ce toi ?

JOHN cligne plusieurs fois des yeux, sa vision s’éclaircie. Il voit alors que la femme penchée au dessus de lui n’est pas HELEN mais une jeune femme habillée en blouse blanche.

FEMME

Tout va bien, détendez-vous.

VOIX D’HOMME (ferme)

Assez perdu de temps ! Le professeur veut qu’il soit totalement conscient pour les prochains tests alors faites-lui cette injection !

FEMME

Comme vous voudrez mais je crois vraiment que c’est une erreur.

VOIX D’HOMME (ferme)

Je prends bonne note de votre remarque maintenant faites votre travail !

La femme procède à l’injection à contrecœur. JOHN ne comprend pas ce qui lui arrive.


3. Extérieur, nuit, route

Un van roule à vive allure.


4. Intérieur, nuit, van

HELEN, WILL, CATHERINE et HENRY observe un écran informatique sur lequel est affiché un plan. HENRY tapote sur le clavier.

HENRY

Le spectre du complexe n’est pas décelable via le satellite.

WILL

Ce qui signifie en langage clair ?

HENRY

Eh bien soit ce truc se trouve dans une dimension parallèle soit il bénéficie d’une couverture électromagnétique qui brouille la perception du signal.

WILL

Pitié, dis-moi que c’est la seconde solution.

HENRY (avec un large sourire)

Heureusement, la clé d’Ash contenait des coordonnées géographiques précises.

HELEN s’approche d’HENRY et se penche pour observer l’écran.

HELEN

Ashley ?

HENRY

D’après le scan, elle est déjà sur place, sa balise est fixe.

CATHERINE

Et Pierre ? Est-ce que tu as réussi à le localiser ?

HENRY

Je ne capte aucune signature énergétique toujours pour les mêmes raisons mais tout à l’heure j’ai quand même réussi à percevoir furtivement le signal de sa balise.

CATHERINE

Est-ce que… c’est bon signe ?

HENRY

En théorie.

WILL

En théorie ?

HENRY

Disons que tout dépend de la nature de l’implant. Les implants biométriques sont généralement couplés aux battements du cœur ce qui fait que si le porteur décède, la balise cesse immédiatement d’émettre. Si l’implant est mécanique, elle continuera d’émettre quoi qu’il arrive à l’hôte. Étant donné que j’ai pu intercepter le signal de sa balise, tous les espoirs sont permis. Une chose est sûre, sa fréquence est malheureusement trop faible pour déterminer précisément le lieu de la source d’émission. Mon problème actuel c’est d’arriver à le capter à nouveau et pour l’instant, l’écran il dit ballon.

HELEN lui pose sa main rassurante sur l’épaule d’HENRY et se saisit du walkie talkie.

ASHLEY (voix hors champ)

Maman ?

HELEN

J’écoute.

ASHLEY (voix hors champ)

Je suis en place. Magnez-vous un peu si vous ne voulez pas louper la fête.


5. Extérieur, nuit, abord du complexe

Une moto est arrêtée dans un coin sombre. Camouflée dans les buissons, ASHLEY est en train d’observer le bâtiment avec des jumelles infrarouge. STEVE est à ses côtés, immobile.

HELEN (voix hors champ)

Comment ça se présente ?

ASHLEY (chuchotant)

RAS. Il y a une entrée discrète côté au sud-ouest du complexe. L’endroit est plutôt désert alors quand vous serez à proximité de ma position, essayez de ne pas vous faire remarquer.

HELEN (voix hors champ)

Compris. (pause) Et de ton côté, pas d’initiative zélée. Terminé.

ASHLEY

Bien reçu. (à Steve) Pas d’initiative zélée ? Sérieusement, tu trouves que j’ai l’habitude de faire de l’excès de zèle ?

STEVE ne répond pas et se contente de hausser les épaules. ASHLEY secoue la tête en fronçant les sourcils et se relève discrètement pour disparaît avec STEVE dans l’obscurité.


6. Intérieur, nuit, cellule de John

JOHN s’éveille et se met en position assise en frottant ses membres endoloris. Il observe avec incompréhension sa cellule.


7. Intérieur, nuit, cellule d’Ernie

Visiblement énervé, ERNIE marche dans sa cellule avec empressement et vient donner un grand coup de pied dans la porte qui lui envoie une nouvelle décharge.

ERNIE (coléreux)

AÏEEEEEE ! BORDEL DE… AGHHHHHH

JOHN (voix hors champ)

Dites, vous pourriez cesser ce vacarme ? C’est assourdissant.

ERNIE

Quoi? C’est une blague ?

ERNIE s’approche de la porte et observe la cellule d’en face par la lucarne.

ERNIE

Euh… Je vais bien, merci de demander ! (pause) Vous êtes enfin réveillé ! Alléluia !


8. Intérieur, nuit, cellule de John

JOHN se lève difficilement en massant ses muscles et s’approche de la lucarne de façon à voir ERNIE par la sienne

JOHN

Combien de temps suis-je resté inconscient cette fois-ci ?

ERNIE

Vous trouvez que j’ai l’air d’une horloge parlante ? Okay… environ deux heures. (pause) Vous avez une idée de ce qu’on fait là ?

JOHN

Vous voulez dire à part servir de cobaye à des scientifiques peu scrupuleux ?


9. Intérieur, nuit, salles d’isolement

ERNIE (ironique)

De cobaye ? Ça c’est vraiment super… qu’est ce qui vous faire dire ça ?

JOHN

Probablement ce que je vois sur mes bras.

ERNIE

Je ne suis pas devin mon gars.

JOHN

Je parle des ecchymoses laissées par une vingtaine de piqûres d’aiguille.

ERNIE (ironique)

Je hais les injections. Vous voyez autre chose de marrant à raconter ?

JOHN

Le type couché à côté de moi me ressemblait trait pour trait et je n’ai pas de frère jumeau… est-ce est assez hilarant pour vous ?

ERNIE

On clone vraiment n’importe qui de nos jours… ou alors votre mère s’est payé votre tête et vous n’êtes pas fils unique. Peu importe, de toutes façons je n’ai pas l’intention de moisir ici.

JOHN

Je brûle d’impatience de voir comment vous allez vous y prendre pour sortir de votre cage.

ERNIE

Ça, j’en ai aucune idée… pour le moment… mais à deux on a nos chances.

JOHN

À deux ? Attendez, j’espère que vous plaisantez ?

ERNIE

Alors maintenant vous trouvez que j’ai une tête de comique ?

JOHN

Vous avez plusieurs fois testé la porte non ? Je pensais que les décharges que vous avez reçues avaient suffisamment refreiné vos envies d’évasion.

ERNIE

Écoutez, le truc de l’enfermement, c’est un petit jeu auquel j’aime jouer en privé et de préférence avec quelqu’un du sexe opposé enfin si vous voyez ce que je veux dire.

JOHN

Épargnez-moi les sordides détails de votre vie intime.

ERNIE

Après tout faites ce que vous voulez, moi, je ne resterai pas ici à attendre de me faire charcuter. (pause) Si seulement je pouvais me… (pause) Attendez une seconde…

JOHN

Qu’est-ce qu’il y a encore ?

ERNIE

Je savais bien que votre visage me disait quelque chose ! Vous êtes le type du parking, celui qui a ruiné mon tee-shirt préféré en jouant aux fléchettes sur ma poitrine.

JOHN

Perspicace et physionomiste. Je suis impressionné.

ERNIE

Je n’oublie jamais les cinglés qui kidnappent mes amies et qui se téléportent en me laissant pour mort.

JOHN

Habituellement ma cible succombe. Vous avez eu beaucoup de chance.

ERNIE

De la chance ? Attendez un peu que je sorte d’ici, Kojak ! C’est vous qui en aurez si je décide de vous achever d’un seul coup au lieu de vous regarder agoniser les tripes à l’air dans une mare de sang !

JOHN

Étant donné la situation je pense que vos menaces sont présomptueuses sans compter qu’elles pourraient fort bien se retourner contre vous. De plus il est inutile de vous montrer agressif.

ERNIE

Agressif ? Mais je suis très calme. Rendez-vous utile et faites donc votre machin au lieu de faire de l’esprit !

JOHN

J’ai peur de ne pas avoir saisi votre subtil sous-entendu.

ERNIE

Vous êtes plutôt long à la détente pour un psychopathe ! Téléportez-vous et sortez nous d’ici avant qu’ils nous transforment en animal de foire !

JOHN

Vous croyez vraiment que je suis du genre à rester les bras croisés en attendant les prochains sévices ? Réfléchissez bon sang !

ERNIE

Alors quoi ? Vous allez me dire qu’ils vous ont enlevé votre pouvoir ou un truc comme ça ?

JOHN

Un truc comme ça oui.

ERNIE

Vous vous foutez de moi ?

JOHN

Rien ne pourrait me faire plus plaisir mais je suis très sérieux. Les décharges que vous avez reçues ne sont pas dues à un simple courant électrique, elles résultent de la présence d’un champ de force inhibiteur.

ERNIE

Un champ de force ? Oui j’ai entendu un des types en parler… Ok, admettons… Alors c’est ce truc qui bloquerait votre pouvoir ?

JOHN

Je ne vois aucune autre explication. Quoi qu’il en soit, même s’il n’a pas été activé uniquement dans ce but, je suis dans l’incapacité de faire usage de mon don.

ERNIE

Donc vous ne servez à rien. Je ne suis pas surpris finalement. Bon eh bien on va devoir utiliser la bonne vieille méthode.

ERNIE et JOHN s’observent longuement. ERNIE sourit avec malice. JOHN soulève un sourcil inquisiteur.


10. Extérieur, nuit, abords du complexe

ASHLEY s’approche doucement de deux sentinelles qui patrouillent. Alertés, les deux hommes font soudain volte face et la braquent avec leurs armes. ASHLEY n’a pas le temps de réagir et reste paralysée. À cet instant STEVE surgit comme un diable et après quelques secondes parvient à les désarmer en les assommant.

STEVE

Tout va bien Ash ?

ASHLEY semble déstabilisée. Sans répondre, elle fait les poches des gardes et trouve une carte magnétique. HELEN, WILL et CATHERINE rejoignent ASHLEY qui s’approche d’une porte qui a un boîtier électronique sur le côté. Elle introduit la carte d’accès dans la fente mais la porte reste verrouillée et le boitier se met à émettre un léger bip.

ASHLEY

Merde !

WILL

Quoi ? Ce n’est pas la bonne carte ?

ASHLEY

Si mais il faut un mot de passe. Et on ne rentrera pas sans ça.

CATHERINE

On ne peut pas contourner le système ?

ASHLEY

Bien sûr mais si on le shunte, on prend le risque d’alerter la cavalerie.

HELEN

Très bien, alors qu’est-ce que tu préconises ?

ASHLEY

C’est simple, il faut trouver ce code si on ne veut pas que ça finisse dans un bain de sang.

WILL

On pourrait taper au hasard, avec un peu de chance on…

ASHLEY

T’es un marrant toi ! C’est un code à 8 caractères alphanumériques je te signale ! Tu as une idée du nombre de combinaisons que ça représente ?

WILL

Quoi tu es pressée par le temps ? Essayer c’est toujours mieux que de rester tranquillement les bras croisés à subir la situation non ?

ASHLEY

Épargne-nous ton charabia de psy Will. Le but de cette mission c’est de récupérer Pierre le plus rapidement possible et si possible sans attirer l’attention.

WILL

Et c’est incompatible avec le fait de taper des touches au hasard ?

ASHLEY

Okay je vais faire simple. En théorie un code erroné est perçu comme une manœuvre d’intrusion. Généralement, tu as droit à deux tentatives avant que tes erreurs ne verrouillent le système. Là, il s’agit d’un dispositif ultra sophistiqué, qui, j’en mets ma main à couper, se bloquera à la première erreur de saisie. Autrement dit, si tu échoues au premier coup, adios muchachos ! Imparable et efficace tu peux me croire

HELEN

C’est une excellente stratégie défensive, Henry a adopté un programme similaire pour assurer la protection passive du Sanctuaire.

CATHERINE

Nous avons exactement la même chose à Paris.

HELEN

Conclusion, nous ne pouvons pas nous permettre de courir le moindre risque en usant de manœuvres approximatives.

ASHLEY observe WILL avec un sourire en coin. HELEN fixe ASHLEY avec autorité en actionnant son émetteur récepteur.

HELEN

Henry ?


11. Intérieur, nuit, van

HENRY met sa main sur son oreille.

HENRY

J’écoute Doc.

HELEN (voix hors champs)

Le système de sécurité du complexe requiert un mot de passe pour déverrouiller la porte. Il nous faut le code afin de pouvoir y accéder.

HENRY

Okay, donnez-moi juste quelques secondes.

Henry tapote énergiquement sur son clavier. Plusieurs informations apparaissent sur son écran. HENRY reste concentré.


12. Extérieur, nuit, abords du complexe

ASHLEY, WILL, HELEN et CATHERINE observent les lieux avec inquiétude. ASHLEY semble particulièrement anxieuse. Préoccupée, HELEN se rapproche de sa fille.

HELEN

Est-ce que tout va bien ?

ASHLEY

Je donne l’impression du contraire ?

HELEN

Depuis que nous sommes arrivés, tu serres la crosse de ton pistolet à t’en faire blanchir les jointures des mains. Qu’est-ce qui te rend si nerveuse ?

ASHLEY

Rien du tout. J’essaye juste de nous éviter le cimetière.

HELEN

Très bien. Comment comptes-tu procéder une fois à l’intérieur ?

ASHLEY

Tous les complexes se ressemblent et d’après mon expérience, le plus rapide et le moins risqué c’est généralement de passer par les conduits de ventilation. Le hic c’est que ce complexe est protégé par un dispositif de brouillage électromagnétique qui neutralise tous les appareils de détection quelque soit leur portée. Autrement dit, lors de notre progression, il sera impossible d’anticiper quoi que ce soit.

HELEN

Alors nous improviserons.

À cet instant, le boîtier émet un bruit et la porte se met à coulisser. WILL et CATHERINE se mettent à couvert tandis qu’ASHLEY sort son arme. Elle indique à tout le monde de se taire puis avance à tâtons dans l’obscurité. Elle y disparaît quelques secondes puis ressort avec précaution. Elle s’adresse à voix basse à ses compagnons en restant à couvert.

ASHLEY

Voilà le plan. Silence total et aucune lumière directe. On progresse à vue et on communique par geste. J’ai repéré une bouche d’aération à quelques mètres. C’est par là qu’on va passer en progressant deux par deux…

WILL (l’interrompant)

Quoi !

ASHLEY (étonnée)

Quoi ?

WILL

Des conduits d’aération ? Tu veux dire des tunnels ? Des tunnels sombres ?

ASHLEY

Relax, ils sont suffisamment larges pour qu’on puisse y progresser sans ramper. Étant donné notre handicap matériel, on pourra voir sans être vus en prenant un minimum de risques.

WILL

Même si on ne devait y rester que quelques secondes, je refuserai d’y entrer.

ASHLEY

Je ne force personne Will. Tu peux rester ici, on se passera de ton aide.

HELEN

Ashley !

ASHLEY

Aucun de nous ne connaît les lieux mais je sais ce que je fais. Alors soit on procède comme je dis soit on arrête tout. À toi de décider maman.

HELEN

Will ?

WILL

Je suis claustrophobe ! Okay ? Je panique dès que je me trouve dans un espace sombre et exigu.

ASHLEY

Navrée pour toi mais ce n’est pas un voyage touristique avec excursions au choix. Si tu perds tes moyens on peut tous y rester alors si tu ne le sens pas, il vaut mieux pour tout le monde que tu ne viennes pas.

HELEN

Étant donné les risques encourus, je pense que c’est en effet la plus prudente des options. Attendez quelques minutes après que nous soyons tous entrés puis si vous ne voyez rien de suspect, retournez au van.

WILL

Très bien.

ASHLEY

Steve et moi on part en éclaireur. Comptez 60 secondes avant d’entrer à votre tour et n’utiliser la radio qu’en cas de pépin. Pour le reste on fait comme j’ai dit. Des questions ?

HELEN et CATHERINE secouent la tête tandis que WILL les observe avec déception. ASHLEY place son oreillette à son oreille droite et la tapote.

ASHLEY

Henry ? Tu me reçois ?

HENRY (voix hors champ)

Cinq sur cinq et je t’ai à l’écran. On communique comme d’hab. Au fait, n’oublie pas de disposer les micros émetteurs à un maximum d’endroits.

ASHLEY

Okay Henry. (pause) On se retrouve de l’autre côté, dans 60 secondes.

HELEN

Sois prudente.

ASHLEY fixe intensément sa mère puis prend une grande inspiration. Talonnée par STEVE, elle pénètre dans le complexe sous le regard inquiet d’HELEN, WILL et CATHERINE.


13. Intérieur, nuit, couloir

Deux gardes patrouillent à pied. Des gémissements de douleur se font soudainement entendre

GARDE # 1

C’est quoi ça ?

GARDE # 2

J’en sais rien. Ça vient des salles d’isolement !

Les gardes se précipitent en direction du bruit en brandissant leurs armes.


14. Intérieur, nuit, salles d’isolement

Les deux gardes entrent précipitamment et se dirigent vers l’endroit d’où proviennent les bruits suspects. Ils s’approchent de la cellule où se trouve ERNIE qui est en train de convulser.

JOHN (voix hors champ)

Vite ! C’est une crise d’épilepsie ! Aidez-le sinon il va mourir !

Le garde #1 se saisit de son talkie-walkie alors que le garde #2 s’approche de la porte.

GARDE #1

Code bleu secteur 17 ! Désactivez le champ de force et envoyez immédiatement une unité médicale ! Je répète, CODE BLEU !


15. Intérieur, nuit, cellule d’Ernie

Le garde #2 et le garde #1 entrent et s’agenouillent près d’ERNIE qui continue à convulser. ERNIE donne soudainement un violent coup de pied en pleine tête au garde #1 et l’assomme. Le garde #2 lui donne alors un coup de poing au visage. ERNIE légèrement sonné parvient à ramasser la matraque du garde # 1 et au moment où le garde #2 va se servir de son walkie talkie, ERNIE se rue sur lui, le plaque contre le mur et lui assène des coups qui l’assomment. ERNIE ramasse alors les armes des gardes et se précipite hors de la pièce.


16. Intérieur, nuit, salle d’isolement

Il s’approche de la cellule de JOHN et ouvre la porte.

ERNIE

Venez ! Ne traînons pas ici !

JOHN sort en boitant, incapable de courir. ERNIE l’aide à marcher. Des bruits de pas précipités se font entendre dans le couloir voisin.

ERNIE

Maintenant que le champ de force est désactivé, vous pourriez… enfin vous savez… faire votre truc ?

JOHN

Je vais essayer.

JOHN met sa main sur son épaule avec force.

ERNIE

Attendez ! Est-ce que c’est douloureux ?

JOHN lui adresse un sourire moqueur. ERNIE fronce les sourcils. Le flash de téléportation émet des sortes de grésillements au moment où des gardes font irruption dans la pièce en menaçants avec leurs armes.

GARDE #1

HALTE !

GARDE #2

NE BOUGEZ PLUS !

GARDE #3

Merde ! Il va se téléporter ! Réactivez le champ de force ! Tout de suite !

Au moment où le garde #1 tire un coup de feu, JOHN et ERNIE disparaissent dans un flash.


17. Intérieur, nuit, conduit d’aération

ASHLEY avance lentement et silencieusement dans le conduit obscur du complexe. STEVE la talonne avec prudence et couvre ses arrières. Au même moment une alarme se met à hurler et des gardes accourent dans les couloirs. ASHLEY s’immobilise devant une grille d’aération et observe le ballet affolé des sentinelles.

VOIX CYBERNETIQUE (voix hors champ)

Code rouge ! Deux prisonniers en fuite ! Demande renforts secteur 17 !

ASHLEY et STEVE échangent un regard interrogateur. Une fois les sentinelles éloignées, ASHLEY et STEVE reprennent leur progression et arrivent à une d’intersection. ASHLEY tapote son oreillette une fois.

HENRY (voix dans l’oreillette)

La source d’émission est à 200 mètres au sud de ta position. Prends à droite et continue tout droit jusqu’à la prochaine intersection. Là tu prendras à gauche sur environ 50 mètres. Tu devrais te trouver juste au dessus.

ASHLEY observe un instant le conduit puis se retourne vers STEVE qui l’observe. Elle fait une marque sur le sol, positionne quelques micros émetteurs et reprend silencieusement sa progression suivie de près par STEVE.


18. Intérieur, nuit, conduit d’aération

CATHERINE et HELEN avancent à tâtons. Elles s’immobilisent et observent à leur tour l’effervescence créée par l’évasion des deux prisonniers. Une fois le danger passé, elles reprennent leur progression.


19. Intérieur, nuit, van

HENRY est concentré sur son écran. Il suit la progression d’ASHLEY avec attention surveillant sa montre. La porte du van s’ouvre violemment. Henry sursaute, faisant valser son casque.

ERNIE

J’espère que la nana que tu espionnes est en petite tenue !

HENRY

Non mais t’es dingue ! J’ai failli avoir une attaque !

ERNIE

Ouais alors j’ai encore raté mon coup.

HENRY

Hilarant. Qu’est ce que tu fiches ici ?

ERNIE

Tu me manquais, j’avais envie d’un câlin.

HENRY

J’ai vraiment pas de temps à perdre avec tes conneries Ern.

ERNIE

Rabat-joie. Laisse-moi deviner, tu joues l’œil de Moscou pour Ash.

HENRY

Quelle perspicacité ! Elle est à l’intérieur du complexe.

ERNIE

Je peux t’aider, j’y étais il y a encore 10 minutes de cela.

HENRY

Tu me charries là.

HENRY fixe intensément ERNIE qui lui fait un large sourire. Quelqu’un frappe à la porte du van.

HENRY

Quoi encore ? C’est un vrai défilé !

WILL

C’est moi Henry je…

HENRY

Will ? Mais qu’est ce… Pourquoi tu n’es pas avec les autres ?

WILL

C’est sans importance crois-moi.

WILL entre dans le van et aperçoit ERNIE avec étonnement. Tout le monde s’observe avec curiosité.

WILL

Okay, je peux savoir ce qui se passe ?

HENRY

Bonne question. Comment tu t’y es pris pour sortir du complexe sans te faire tuer Ern ?

ERNIE

Eh bien, l’un de vous a-t-il déjà testé le mode « téléportation » ?

HENRY et WILL regardent ERNIE avec étonnement.


20. Intérieur, nuit, conduit d’aération

Immobiles, HELEN et CATHERINE écoutent et observent les sentinelles qui se pressent à quelques pas de leur position. Elles se fixent un instant avec une certaine inquiétude puis reprennent silencieusement leur progression dès que les sentinelles s’éloignent.


21. Intérieur, nuit, conduit d’aération

ASHLEY s’immobilise devant une grille. Elle fait signe à STEVE d’observer et d’écouter des voix étouffées qui proviennent de la pièce voisine.


22. Intérieur, nuit, laboratoire

Deux scientifiques sont en train de prodiguer des soins à un patient à l’intérieur d’une cage.

SCIENTIFIQUE #1

Il est rudement mal en point celui-là.

SCIENTIFIQUE #2

Ouais. Il ne tiendra pas longtemps dans cet état. Passe-moi la seringue.

SCIENTIFIQUE #1

Tiens. (pause) Franchement, j’en ai ma claque de tout ça.

SCIENTIFIQUE #2

De quoi tu parles Gus ?

GUS

Ce qu’on est en train de faire Ron, moi, ça me rend malade.

RON

Peut-être mais c’est notre boulot.

GUS

On s’acharne à le maintenir en vie, lui et tous les autres. Je ne comprends pas… ce traitement est tellement inhumain.

RON

Quoi ? Inhumain ? Non mais tu déconnes ! Je te rappelle qu’ils ne sont justement pas humains.

GUS

C’est une raison ? Ils sont encore moins bien traités que des chiens ! Ils ne servent plus la cause alors au lieu de leur faire subir ça, pourquoi ne pas simplement les relâcher dans la nature ?

RON

Pour qu’ils aillent tout balancer à la police? T’es dingue !

GUS

Sérieusement, qui croirait à leur histoire ? Et puis justement, étant donné leur condition, ils ont plutôt intérêt à rester discrets.

RON

Écoute, moi je ne pose aucune question, je me contente de faire ce qu’on me dit et tu ferais bien de faire pareil si tu ne veux pas te retrouver entre quatre planches.

GUS

Ce boulot me donne vraiment envie de gerber.

RON

Ce boulot te permet de faire bouffer ta famille Gus alors arrête de geindre, j’en ai marre de tes états d’âme. C’est bon, j’en ai fini avec lui.

Ils s’éloignent du patient qui se trouve être PIERRE et referment la porte de la cage.

ASHLEY (voix hors champ)

Salut les gars !

Les deux scientifiques font brusquement volte face. ASHLEY leur sourit avec un air espiègle les bras croisés sur sa poitrine. RON tente de s’enfuir mais il est intercepté par STEVE qui l’assomme. GUS regarde fixement ASHLEY et jette quelques coups d’œil discrets vers le boitier d’alarme qui se trouve à portée sur le mur.

ASHLEY

N’y pense même pas !

HELEN (voix hors champ)

Ashley ?

ASHLEY

D’après Henry, Pierre est ici.

HELEN et CATHERINE se précipitent vers les cages tandis qu’ASHLEY braque soudain son pistolet sur GUS.

ASHLEY

Ouvre les cages.

GUS

Okay, okay. Surtout ne tirez pas !


23. Intérieur, nuit, van

WILL s’assoit face à ERNIE.

WILL

Et tu n’as pas essayé de l’arrêter ?

ERNIE

Le type se volatilise dans la seconde, alors je te mets au défi mon pote !

WILL

Je sais. Désolé. C’est juste que… Avec Druitt hors de contrôle, nous sommes tous potentiellement en danger, y compris Ashley.

ERNIE

Dis-moi un truc que je ne sais pas déjà.

HENRY

En fait c’est peut-être pas une mauvaise chose qu’il soit dans les parages.

WILL

Tu as subis un lavage de cerveau dernièrement ? On parle de Druitt là !

HENRY

Je sais. J’ai dit à Ash qu’on ne doit pas lui faire confiance, même si c’est son père. Surtout parce que c’est son père en fait. Je maintiens qu’il ne faut pas mais peut-être qu’il a changé. J’ai confiance en Ash, elle sait ce qu’elle fait.

ERNIE

J’te l’ai déjà dit, les ondes électromagnétiques, ça vrille les neurones.

WILL

Okay… Henry, qu’est-ce qu’on ignore ?

HENRY

Qu’est ce qui te fait croire que je sais un truc que vous ignorez ?

ERNIE

Quand tu caches un truc, tu as un tic nerveux, tu te frotte l’oreille.

HENRY qui se touche nerveusement le lobe de l’oreille droite, s’empresse d’arrêter sous le regard amusé d’ERNIE.


24. Intérieur, nuit, laboratoire

GUS a terminé d’ouvrir les cages sous la menace d’ASHLEY tandis qu’HELEN et CATHERINE sont auprès de PIERRE. GUS fixe ASHLEY avec angoisse.

GUS

Vous n’allez pas me laisser partir n’est ce pas ?

ASHLEY

Je pense que tu connais la réponse.

GUS

Alors qu’est ce que… qu’est ce que vous allez faire ?

ASHLEY

J’espère simplement pour toi que ton seuil de résistance à la douleur est plus démesuré que mon imagination.

Inquiète, HELEN observe sa fille du coin de l’œil. ASHLEY croise son regard.

ASHLEY

Okay, disons que c’est ton jour de chance.

ASHLEY assomme violemment GUS puis s’approche de CATHERINE et HELEN qui auscultent PIERRE. CATHERINE serre sa main et semble désespérée. HELEN se relève.

ASHLEY

Comment va-t-il ?

HELEN

Il lui faut des soins de toute urgence et le matériel de cette pièce est inadéquat. Nous devons le sortir d’ici sans tarder sinon il va mourir.

ASHLEY

Steve va le transporter sur son dos.

HELEN

Non. Je soupçonne de graves lésions internes. Il faut le bouger le moins possible, nous devons le brancarder.

ASHLEY

Le brancarder ? Et tu comptes faire ça comment ? Tu réalises que si nous faisons cela, nous ne pourrons pas repartir par les conduits de ventilations !

HELEN

Oui Ashley, je sais.

ASHLEY

Maman, le complexe est sur vidéosurveillance permanente. Si nous sortons par les couloirs, nous n’arriverons jamais vivants jusqu’à la sortie.

HELEN

Pourtant nous devons essayer. (elle actionne sa radio). Henry ?

HENRY (voix hors champ)

J’écoute Doc.

HELEN

Est-il possible de neutraliser les caméras des couloirs de la zone où nous nous trouvons ?

HENRY (voix hors champ)

Euh…oui, c’est possible. Mais si je le fais, ça va très vite attirer l’attention.

HELEN

Fais-le ! Nous improviserons.

ASHLEY

Ben voyons…

CATHERINE

Attendez ! J’ai une idée qui pourrait nous éviter des ennuis.

ASHLEY

Je brûle d’impatience de la connaître.

CATHERINE

Observe à quel point le jeu des apparences peut altérer ta perception de la réalité.

CATHERINE se métamorphose soudain en une sentinelle à la mine patibulaire sous le regard ébahi d’ASHLEY. HELEN se met à sourire.

ASHLEY

Wow ! Un jour faudra m’expliquer comment tu fais ça.

HELEN

Récupérons les blouses de ces hommes. Steve, tu passes par les conduits de ventilation.

STEVE hoche la tête et s’approche du conduit tandis qu’ASHLEY et HELEN se vêtissent des blouses.


25. Intérieur, nuit, couloir

Une porte battante s’ouvre. CATHERINE, sous l’apparence du garde, avance en tête. Elle est suivie par ASHLEY et HELEN qui poussent le brancard sur lequel se trouve PIERRE. Tout le monde presse le pas. Des bribes de voix et des bruits de pas s’approchent de leur position.

HELEN (chuchotant)

Tout va bien, restons naturelles.

CATHERINE (anxieuse)

Rester naturel… d’accord… Okay… je suis naturelle… naturelle…

Trois gardes surgissent à l’intersection de couloirs et s’arrêtent brusquement. Ils regardent les trois personnes avec méfiance. CATHERINE s’avance vers eux d’un pas assuré.

CATHERINE

Salut les gars ! Tout va comme vous voulez ?

GARDE #1

Où est-ce que tu comptes aller comme ça ?

CATHERINE

Secteur 3. Ce prisonnier est transféré pour raison médicale. Il doit subir des tests de toute urgence.

GARDE #1

Nous avons un code rouge. Aucun transfert n’est autorisé.

CATHERINE

C’est le boss lui-même qui l’a ordonné.

GARDE #1

Je n’ai eu aucune connaissance de cet ordre.

CATHERINE

Écoute. Si ce patient n’est pas à destination dans les cinq minutes, tu lui expliqueras toi-même pourquoi il n’a pas obtenu satisfaction.

GARDE #2

C’est très inhabituel. Même en cas d’urgence on est toujours prévenu.

CATHERINE

Ouais eh bien peut-être que le boss n’a simplement pas souhaité vous rendre compte de sa décision. Qu’est ce que j’en sais moi ? Plaignez-vous à lui si ça vous chante n’empêche que ce transfert est prioritaire. Laissez-moi passer !

GARDE #1

J’aime pas trop le ton que tu prends. Je pourrais te rectifier un peu le portrait histoire que tu fasses moins l’arrogant. Si je commençais par tes dents ?

CATHERINE

Écoute, mon pote, je ne demande pas mieux que de te faire avaler les tiennes à grands coups de poing, mais tu vois, contrairement à toi, j’ai un boulot plutôt urgent à faire alors je te propose de continuer cette charmante conversation plus tard. Disons quand j’aurai du temps à perdre.

GARDE #1

T’as vraiment une grande gueule toi. T’imagine pas ce que tu vas recevoir.

CATHERINE

Houuu, j’ai peur dis donc ! Détends toi un peu, le stress c’est mauvais pour ton cœur.

Le garde #1 et CATHERINE se fixent avec une rage contenue. Les gardes #2 et #3 s’approchent du brancard et observent HELEN et ASHLEY avec un air suspicieux.

GARDE #2

C’est bon, Ray, laisse-les passer sinon ça va mal finir.

CATHERINE se tourne vers HELEN et ASHLEY et leur fait un signe de tête. Les gardes s’écartent, elles se remettent en route. ASHLEY sourit en secouant la tête. HELEN l’observe amusée.

ASHLEY (chuchotant)

« Te faire avaler les tiennes à grands coups de poing » J’adore !

CATHERINE (chuchotant)

Je crois que tu as une très mauvaise influence sur moi Ashley.

RAY

Une seconde !

Tout le monde s’immobilise et se tourne vers le garde #1. CATHERINE se met à souffler bruyamment.

CATHERINE

T’abandonnes jamais toi.

RAY

Personne ne va nulle part tant que je n’ai pas vu l’ordre de transfert. C’est le règlement.

GARDE #2

C’est ridicule. Merde Ray, laisse tomber.

RAY

Alors tu me le donne où faut-il que je vienne le chercher moi-même ?

ASHLEY

L’ordre de transfert… Oui… Attendez un instant… Il est dans ma poche…

HELEN (chuchotant)

Ashley ! Non !

Les gardes observent ASHLEY en train de sortir quelque chose de sa poche. HELEN semble inquiète. Ray s’approche d’ASHLEY. Dès qu’il est à sa portée, elle lui décoche un coup de poing qui l’assomme. Les gardes #2 et #3 sortent alors leurs armes au moment ou STEVE surgit de la grille de ventilation et se jette sur eux. Un coup de feu est tiré. HELEN et CATHERINE, qui a repris son apparence, se protègent mutuellement. ASHLEY dégaine alors son révolver et tire sur un des gardes qu’elle blesse à l’épaule.

ASHLEY

Ne restez pas là !

CATHERINE et HELEN se relèvent et commencent à s’éloigner. Alertés par les bruits de lutte, trois autres gardes viennent à la rescousse. ASHLEY fait un signe de tête à STEVE.

ASHLEY

Protège-les !

Il rejoint CATHERINE et HELEN et combat deux des gardes qu’il arrive à neutraliser. À cet instant, une nouvelle personne se jette dans la bagarre et combat le troisième garde sous le regard ébahit d’HELEN.

HELEN

John ?

ASHLEY

PARTEZ ! MAINTENANT !

JOHN

Fais ce qu’elle dit Helen !

JOHN accourt auprès d’ASHLEY et se met à combattre les gardes à ses côtés. ASHLEY se tourne à nouveau vers sa mère.

ASHLEY

ALLEZ ! ALLEZ !

HELEN échange un dernier regard avec sa fille avant de croiser celui de JOHN qui lui adresse un sourire rassurant. HELEN et CATHERINE poussent le brancard sous l’escorte de STEVE pendant qu’ASHLEY et JOHN combattent les derniers gardes. Tout en avançant, HELEN jette un dernier regard derrière elle avant de passer une porte battante. Elle voit sa fille combattre aux côtés de son père. CATHERINE pose sa main sur son épaule et la ramène à la réalité. Elles s’observent un instant puis pressent le pas.


26. Intérieur, nuit, van

Les garçons sont en train de discuter lorsqu’une voix les interrompt.

HELEN (voix hors champ)

HENRY ! Entrée du complexe ! MAINTENANT !

WILL et HENRY s’observent furtivement puis HENRY démarre le van en trombe. Il fait plusieurs centaines de mètres avant d’arriver à l’entrée du complexe. HENRY stoppe le van en faisant crisser les pneus. HELEN et CATHERINE arrivent précipitamment avec le brancard. WILL, descend du van pour aider CATHERINE avec le brancard tandis qu’ERNIE se rue à l’extérieur pour braquer un fusil à pompe en direction de l’entrée du complexe.

ERNIE

Ashley n’est pas avec vous ?

HELEN et CATHERINE échangent un regard angoissé. ERNIE fronce les sourcils.

ERNIE

Doc ?

HELEN

Il faut partir maintenant, l’état de Pierre empire de minutes en minutes.

ERNIE

On attend pas Ashley ?

Au moment où HELEN va répondre, ERNIE distingue une forme qui fonce sur eux, il pointe son arme dans sa direction en tirant HELEN par la manche pour la protéger.

ERNIE

Woa ! On a de la visite !

HELEN se tourne avec angoisse vers la silhouette qui émerge de l’entrée tandis qu’ERNIE arme son fusil. STEVE vient les rejoindre. ERNIE baisse son arme. HELEN s’avance l’air inquiet.

ERNIE

Content de te revoir mon vieux.

HELEN

Où est Ashley ?

STEVE fait un signe de tête en direction du complexe. HELEN semble inquiète.

ERNIE

Bon j’ai compris, je vais la chercher !

STEVE

Attends Ern ! Tout va bien, son père est avec elle.

ERNIE

Quoi ! Druitt est avec vous ?

HELEN

C’est bien cela le problème.

STEVE

Je ne pensais pas que c’en était un…

WILL (à ERNIE)

Je croyais que le champ de force avait été réactivé juste après votre téléportation.

HELEN

Qu’avez-vous dit ?

ERNIE

Oui et alors ?

WILL

Eh bien s’il est supposé neutraliser ses pouvoirs comment Druitt a-t-il pu se téléporter à nouveau dans le complexe ?

ERNIE

Ça c’est la question à un million.

HELEN

Mais enfin de quoi parlez-vous ?

CATHERINE

Helen ! C’est Pierre ! Il y a un truc qui ne va pas !

HELEN se précipite dans le van alors qu’ERNIE et WILL échangent un regard hésitant. À cet instant, plusieurs coups de feu sont tirés de l’intérieur et ricochent sur le van. Tout le monde se met à couvert derrière les portes du van. WILL et ERNIE ripostent avec leurs armes. Des gardes se déploient à l’entrée du complexe et restent à couvert tout en poussant des cris de sommation. Une alarme bruyante se met à retentir alors que les gardes affluent.

ERNIE

Économise tes balles Will, on en a pas des masses !

WILL

Facile à dire !

HENRY

On va tous y passer si on dégage pas tout de suite !

ERNIE

Allez-y, je vous couvre !

ERNIE change de position près à foncer vers le complexe. Des coups de feu fusent. ERNIE et WILL ripostent et touchent certains assaillants mais ils sont de plus en plus nombreux et ils tirent sans interruption.

WILL

Qu’est-ce que tu compte faire Ern ?

ERNIE

Je vais chercher Ash !

WILL

T’es dingue ? Tu veux te faire tuer ?!

ERNIE

Je ne pars pas sans elle mec !

HENRY

Décidez-vous vite ! ÇA URGE !

HELEN

Pierre ne tiendra pas le coup, il faut partir maintenant !

ERNIE reçoit soudain une balle à l’épaule qui l’envoie à terre. WILL l’aide à se relever et à grimper dans le van puis fait une compression sur la plaie. HELEN tourne le regard vers HENRY.

HELEN

Allons-y !

Le van démarre en trombe. Les balles fusent et ricochent contre la porte arrière tandis que le van s’éloigne.

ERNIE

Ashley… Ash…

WILL

Restes tranquille Ernie, c’est une vilaine blessure.

ERNIE

On ne peut pas la laisser…

CATHERINE fixe HELEN qui semble préoccupée. HELEN s’occupe de Pierre qui est très mal en point. WILL continue de compresser la plaie d’ERNIE qui grimace. HENRY observe la scène dans son rétroviseur tout en vérifiant qu’ils ne sont pas suivis. WILL tourne les yeux vers HELEN.

WILL

Elle va s’en sortir Magnus…

ERNIE

Qu’est ce que t’en sais mec? T’es devin en plus d’être psy ?

WILL

Je n’en sais rien c’est vrai mais ce dont je suis sûr c’est qu’elle n’aurait certainement pas souhaité que l’on se fasse tuer pour elle.

ERNIE

Ben voyons !

CATHERINE

Elle a de la ressource, elle ne se laissera pas faire.

ERNIE

Ouais bah elle a beau être coriace, elle n’est pas immortelle, contrairement à certaines…

HELEN

Ça suffit ! Nous avons pris la bonne décision, inutile d’épiloguer sur le sujet.

ERNIE

Nous ? Oh non ! C’est ta décision ! (pause) C’est toi qui choisi de l’abandonner ! Moi je n’ai pas le choix !

HELEN

Mais tu as le choix, si tu veux y retourner, surtout ne te gène pas !

ERNIE

Parfait !

Le visage déformé par la rage ERNIE tente de se relever. WILL l’en empêche. ERNIE dévisage HELEN.

ERNIE

J’espère pour toi qu’elle est en vie sinon tu devras vivre avec ça !

HELEN, WILL et ERNIE se fixent avec force. CATHERINE pose une main sur l’épaule d’HELEN qui détourne les yeux vers la vitre. Le visage angoissé, elle observe le complexe qui rétrécit à mesure que le van s’éloigne.