1. Intérieur, nuit, laboratoire inconnu (flashback)
GREGORY et HELEN sont auprès d’un anormal qui est attaché à une table. Il gémit de douleur. HELEN semble très attristée. GREGORY prépare une seringue. HELEN observe son père avec inquiétude.
HELEN
Êtes-vous sûr de ce que vous faîtes père ?
GREGORY
Il s’agit d’un traitement expérimental Helen, nul ne peut être certain de son efficience.
HELEN
Alors pourquoi prendre un tel risque ? Faisons d’autres tests avant de…
GREGORY (l’interrompant)
C’est impossible ! (pause) Comprends qu’il ne nous reste que trop peu de temps. Nous devons absolument lui administrer ce sérum avant qu’il…
HELEN
Avant qu’il quoi ? Qu’il ne meurt ? C’est bien ce que vous alliez dire ?
GREGORY (soupirant)
Helen, je sais parfaitement ce que tu ressens mais…
HELEN (tranchante)
Si tel était le cas, père, vous ne m’auriez pas demandé de vous assister.
GREGORY
Tu as raison, c’était indélicat de ma part de solliciter ta présence. En tant que père je me dois de te protéger et, toute ma vie durant, je n’aurai de cesse d’essayer de ménager tes souffrances. Cependant, c’est en tant que confrère et non en tant que parent que me suis adressé à toi. Je sais à quel point tu es attachée à Carl mais tu es médecin Helen, tu as donc pleinement conscience des risques qu’il nous faut parfois prendre dans l’accomplissement de notre devoir surtout lorsqu’une multitude de vies en dépend. Tu commences à être rompue à ces situations difficiles, nous en avons déjà parlé tellement de fois. Dans le cas présent, si nous voulons avoir une infime chance de sauver cette espèce d’anormal d’une extinction totale, nous devons agir de façon éclairée. Seules compteront les bonnes décisions même si celles-ci sont aussi intolérables qu’inacceptables.
HELEN (indignée)
Sauver l’espèce ? Mais que faites-vous de Carl ?
GREGORY
Il n’est pas seulement question de la survie d’un seul individu Helen. J’ignore quelle en sera l’issue mais ce que je sais en revanche c’est que pour mener à bien notre mission nous ne devons jamais laisser nos sentiments influencer nos décisions. Alors je t’en prie, reprends-toi.
HELEN semble totalement dépassée. GREGORY l’observe avec tristesse.
HELEN
Vous me demander de consentir au sacrifice de la vie d’un être qui m’est cher. C’est au-dessus de mes forces et vous le savez !
GREGORY
Essaie de ne pas voir la situation d’une façon aussi tragique. Ce que tu penses être un sacrifice est peut-être tout simplement l’accomplissement d’une destinée. C’est une simple question de point de vue. Une chose est sûre, il y a toujours une alternative à se qui semble être une cause perdue.
HELEN
Et si vous vous trompez ? Qu’adviendra-t-il de Carl et de son espèce si vous échouez ?
GREGORY
Chaque battement de cœur est une promesse de victoire sur la fatalité. J’ai foi en la science, Helen, alors je t’en conjure, aie foi en moi.
GREGORY plonge son regard dans celui d’HELEN. Ils se fixent tous deux avec détresse. L’anormal agrippe le bras de GREGORY, il est très mal en point.
CARL
Faites-le docteur, je vous en prie… Faites-le…
GREGORY et CARL se regardent avec émotion. HELEN empoigne la main de CARL. Ils se sourient avec tendresse puis HELEN détourne le regard au moment où GREGORY procède à l’injection. Les yeux d’HELEN sont remplis de larmes, elle les ferme avec douleur.
2. Intérieur, nuit, bureau d’Helen
HELEN est assise à son bureau et observe avec une émotion contenue de vieilles photos. Certaines représentent GREGORY, HELEN et d’autres médecins entourés d’anormaux ou en train d’effectuer des expériences. HELEN tend une photo de CARL attaché à un lit à WILL et relève la tête pensive. WILL observe la photo d’un air dégoûté.
HELEN
Contrairement à ce que ces photos laissent penser, aucun patient n’a jamais été maltraité. Tous ont librement consentis aux expériences dont ils ont fait l’objet.
WILL
Tout ce que je vois, ce sont des hommes parqués dans des cages, comme le seraient de vulgaires cobayes de laboratoire. J’ai beaucoup de mal à penser qu’un être doué de raison puisse volontairement accepter d’être traité ainsi.
HELEN
Certains de vos patients se sachant gravement atteints ne choisissent-ils pas sciemment de se faire interner lors de leurs rares moments de lucidité ?
WILL
Bien sûr mais c’est différent.
HELEN
Différent ? En êtes-vous sûr ? Notre volonté de survivre est intimement liée à notre capacité de raisonnement et vous savez mieux que quiconque que cette volonté tout à fait instinctive nécessite généralement le concours d’une tierce personne pour être conscientisée.
WILL
L’annonce du diagnostic provoque souvent l’apathie du patient, pour des raisons évidentes, mais quelque soit l’aide qu’il demande et reçoit, le patient est toujours le seul à décider de suivre ou non la voie de la guérison et certainement pas au prix de telles humiliations.
HELEN
Un patient profondément résolu à survivre oui. Croyez-moi je suis bien placée pour savoir qu’aucune personne ne peut être secourue si elle n’a pas en elle le désir et la volonté de l’être. Beaucoup de patients ne peuvent pas s’en sortir seuls, cependant, même le thérapeute le plus déterminé verra ses efforts ruinés s’il se trouve confronté à un patient qui refuse d’être aidé.
WILL
Alors si c’est un choix délibéré des anormaux que de se prêter à ces expériences, en quoi le Consortium est-il un problème ? Il ne fait que répondre à ce désir de survie et de compréhension auquel vous faite allusion.
HELEN
Ne vous méprenez pas. J’ai seulement dit que les patients présents sur ces clichés avaient consentis à ces expériences. Je n’ai pas parlé des autres.
Surpris et confus WILL relève la tête vers HELEN qui le regarde avec gravité.
3. Intérieur, nuit, laboratoire inconnu
Des scientifiques s’affairent autour de plusieurs anormaux attachés à tables d’auscultation. PIERRE ouvre les yeux et constate qu’il est sanglé à l’une d’elle et relié à des appareils de mesure. Il commence à se débattre violemment.
PIERRE
Mais qu’est ce que… Où suis-je ?
SCIENTIFIQUE #1
Détendez-vous, vous êtes entre de bonnes mains monsieur Durieux.
PIERRE
Qui êtes-vous ? Comment connaissez-vous mon nom ?
SCIENTIFIQUE #1
Vous aurez bientôt toutes les réponses à vos questions. En attendant, comme vous semblez être quelqu’un d’intelligent et de raisonnable, suivez mon conseil et détendez-vous car plus vous vous agiterez, plus la douleur vous paraîtra insupportable.
PIERRE
La douleur ? Quelle douleur ? De quoi parlez-vous ?
SCIENTIFIQUE #1
Patience…
Le SCIENTIFIQUE #1 montre alors en souriant une seringue remplie d’un liquide jaunâtre.
PIERRE
Attendez ! Qu’est-ce que c’est ? Non ! Ne me touchez pas !
SCIENTIFIQUE #1
Tenez-vous tranquille ! C’est dans votre intérêt. Si vous vous agitez, je risque de vous casser l’aiguille dans le bras.
PIERRE
Ne faites pas ça ! NON !
SCIENTIFIQUE #1
Aidez-moi à le maintenir !
Le SCIENTIFIQUE #2 lui plaque solidement les épaules contre la table d’auscultation tandis que le SCIENTIFIQUE #1 procède à l’injection du produit. PIERRE pousse alors un cri de douleur puis le SCIENTIFIQUE #2 relâche sa prise. PIERRE sombre dans l’inconscience sous le regard des deux scientifiques.
SCIENTIFIQUE #1
Très bien, nous pouvons commencer.
4. Extérieur, nuit, devant le sanctuaire
Une voiture arrive et entre dans le Sanctuaire. Deux autres voitures ralentissent à quelques mètres de la grille, s’immobilisent puis après quelques instants, s’éloignent dans la nuit.
5. Intérieur, nuit, ascenseur du Sanctuaire
ASHLEY sort la clé USB de sa poche et l’observe avec circonspection les yeux dans le vide.
6. Extérieur, nuit, sommet d’une colline (flashback)
La harpie agrippe la gorge d’ASHLEY en poussant des cris stridents. ASHLEY suffoque et se retrouve plaquée au sol. JOHN qui sourit à ASHLEY en se rapprochant. Alors qu’il est penché sur elle, sa vision se brouille puis c’est le noir total.
7. Intérieur, nuit, ascenseur du Sanctuaire
ASHLEY secoue la tête pour chasser cette image de son esprit. La porte de l’ascenseur s’ouvre et elle sort avec un air inquiet.
8. Intérieur, nuit, couloir du Sanctuaire
HENRY marche en direction de l’ascenseur les bras chargés de composants électroniques. Il s’approche d’ASHLEY qui lui sourit.
HENRY
Hey !
ASHLEY
Hey ! Tu tombes bien, c’est justement toi que je cherchais. Amène-toi.
HENRY
Eh bien c'est-à-dire que… que… Bon okay, puisque tu insistes.
ASHLEY tire l’oreille d’HENRY qui manque de lâcher sa caisse de composants. Tout en lui emboîtant le pas à contrecœur, il la détaille du regard.
HENRY
Cool ces nouvelles griffures ! Où est passée la bestiole qui t’a fait ça ?
ASHLEY
Elle est en pièces détachées au labo.
HENRY (grimaçant)
Tu sais quoi ? Tu ferais bien de passer par l’infirmerie avant que ta mère ne te voit, enfin si tu veux éviter un sermon d’anthologie.
ASHLEY
Plus tard. Pour l’instant, il faut que tu examines ce truc.
ASHLEY brandit la clé USB devant le nez d’HENRY.
HENRY
Qu’est-ce que c’est ? Enfin je veux dire je sais que c’est une clé USB mais…
ASHLEY
C’était à côté de moi lorsque j’ai repris conscience… ouais enfin c’est trop long à t’expliquer. Bref, celui a qui elle appartenait voulais visiblement que je la trouve alors j’ai besoin de toi pour analyser son contenu.
HENRY
Allez Ash, dis-le.
ASHLEY
Dire quoi ?
HENRY
Que je suis indispensable. Que sans moi tu serais perdue.
ASHLEY
Tu te moques de moi ? Munich banlieue ouest il y a trois mois. Juste avant que je n’entre dans ce foutu complexe qui, je te le rappelle, était piégé au gaz VX, une voix dans mon oreillette m’a murmuré que tout était okay.
HENRY
Ash tu ne vas pas remettre ça !
ASHLEY
Que je suis bête ! Tu ne peux pas avoir oublié puisque cette voix c’était la tienne. Le plus marrant c’est qu’avec les doses d’atropine que j’ai reçu ce jour là, je pourrais figurer dans le livre des records.
HENRY
Je ne peux pas croire que tu ressasses encore cette histoire. Ton équipement était inadapté et… c’était un mauvais timing !
ASHLEY (souriant ironiquement)
Ça c’est l’épitaphe que je ferai graver sur ta pierre tombale.
HENRY
Okay j’avais mal calibré le détecteur ! Ça ne m’est arrivé qu’une seule fois Ash ! J’en suis malade rien que de repenser à ce qui aurait pu se passer ! Merde ! Pourquoi tu remets ça sur le tapis ? Je croyais que…
ASHLEY (ironique)
Cool Henry ! Tout baigne. J’adore te faire culpabiliser, tu tombes dans le panneau à chaque fois.
HENRY
Vraiment très marrant.
ASHLEY et HENRY s’arrêtent devant une porte coulissante. HENRY fixe ASHLEY en faisant la moue. ASHLEY se mord la lèvre inférieure pour ne pas rire. Ils entrent.
HENRY (voix hors champs)
Non sérieusement, j’ai des crampes à force de rire.
La porte se referme sur eux.
9. Intérieur, nuit, bureau d’Helen
WILL et HELEN se font face.
WILL
Il n’y a pas un moyen de stopper définitivement leurs agissements ?
HELEN
Encore faudrait-il connaître parfaitement les intentions des décisionnaires ce qui implique d’avoir soit beaucoup de chance et d’intuition, soit, suffisamment de moyens pour infiltrer leur réseau et ainsi anticiper leurs actions. Opération hasardeuse ou très risquée selon le cas. Les Prophétiques agissent en sous-marin et sont parfaitement organisés. Ce sont des fanatiques très déterminés qui n’ont aucun scrupule.
WILL (ironique)
Comment financent-ils leurs opérations ? Non ne dîtes rien… leurs capitaux sont échangés via des sociétés écran établies dans des paradis fiscaux ?
HELEN (souriant)
Les clichés ont la peau dure je vous le concède, mais, à peu de choses près, c’est effectivement comme cela que tout fonctionne. Ce qu’il faut retenir c’est qu’il est impossible de remonter jusqu’à la source car une fois le processus enclenché, chaque individu ne dispose que de très peu d’éléments pour mener à bien sa mission et ignore tout des activités confiées aux autres membres impliqués.
WILL
Moins on en sait moins il y a de risques de trahir la cause au cas où l’on se fait prendre.
HELEN (souriant)
Précisément.
CATHERINE arrive en compagnie de BIGFOOT. HELEN et WILL se lèvent. HELEN vient à sa rencontre en souriant.
HELEN
Bienvenue au Sanctuaire Catherine.
CATHERINE (avec empressement)
Helen. Merci de ton invitation. Je soulagée d’être ici.
HELEN
J’aurai souhaité t’accueillir dans d’autres circonstances.
CATHERINE
Je suis désolée de m’imposer, je ne savais pas à qui d’autre m’adresser.
HELEN
Tu peux rester aussi longtemps que tu le désires. (pause) Catherine, laisse-moi te présenter le Docteur Will Zimmerman, le nouveau membre de notre équipe. Will, voici Catherine Maudran, la petite fille d’une amie qui a beaucoup compté pour moi.
CATHERINE (souriant)
Ainsi c’est vous le protégé ? Helen ne tarit pas d’éloges à votre sujet.
WILL (souriant)
Quoi que le Docteur Magnus vous ait dit, c’est très exagéré. Très heureux de vous connaître.
CATHERINE
Moi de même.
HELEN
Je t’en prie, raconte-nous en détail ce qui est arrivé.
HELEN indique un siège à CATHERINE et s’assoit face à son amie.
10. Intérieur, nuit, bibliothèque
HENRY est concentré sur l’ordinateur et décrypte la clé USB. ASHLEY fait les cent pas puis revient vers HENRY et se penche au-dessus de son épaule.
HENRY
Ça y est !
ASHLEY
Enfin ! Alors ça dit quoi ?
Sur l’écran s’affichent des données qui concernent le Consortium.
HENRY
Wow ! Tu vois ce que je vois ? Cette clé, c’est de la dynamite !
ASHLEY (fascinée)
Pitié dis-moi que tu peux décrypter l’intégralité des données et les extraire.
HENRY
Je te rappelle que je suis un petit génie de la cryptographie. Il n’y a aucun code qui me résiste. Donne-moi deux minutes je t’imprime tout ça.
Du coin de l’œil, HENRY observe ASHLEY qui est perdue dans ses pensées.
HENRY
Le type qui t’a filé cette clé ?
ASHLEY
Oui eh bien ?
HENRY
Tu sais qui c’est n’est-ce pas ?
ASHLEY
C’est possible pourquoi ?
HENRY
Parce qu’il vient de nous donner un sacré coup de main. C’est quelqu’un que je connais ? Un de tes contacts ? Une source anonyme ?
ASHLEY
Peu importe son identité, grâce à lui, on a tous les éléments en main pour mettre une grosse opération sur pied et…
HENRY
Lui ? C’est un homme alors… Allez Ash, dis-moi qui c’est !
ASHLEY
Pourquoi ?
HENRY
Pourquoi ? Eh bien, c’est un très gros poisson qu’on est en train de ferrer, alors même si le matériel de pêche est approprié, il vaut quand même mieux s’assurer qu’on est monté à bord du bon bateau si tu vois ce que je veux…
ASHLEY (l’interrompant)
Druitt ! C’est Druitt qui m’a filé cette clé. Enfin en quelque sorte.
HENRY
Quoi ? Druitt ? Mais je pensais… enfin je croyais qu’on était pas dans le même camp… On l’est ?
ASHLEY
Ces preuves, on les cherche depuis des mois, voire des années Henry. Je sais que c’est bizarre de les avoir obtenu comme ça mais maintenant, on a de quoi infiltrer ces fumiers, pour moi, c’est tout ce qui compte.
HENRY
C’est le pire des pires des tueurs en série ! Ash, je suis désolé, je sais que c’est loin d’être une situation facile pour toi compte tenu de… enfin… tu sais mieux que personne qu’il n’est pas le genre de type à qui on peut se fier.
ASHLEY
Bien sûr que je le sais mais contrairement à ce que tu penses, je n’en fais pas une affaire personnelle ! J’essaye d’agir de façon pragmatique et objective.
HENRY (avec force)
Objective ? Ash, il s’agit de ton père ! Et toi, tu me dis qu’il n’y a rien de personnel ? Je t’en prie…
ASHLEY (l’interrompant avec émotion)
Oublie un peu Druitt ! Maintenant qu’on a une piste, on ne va pas l’ignorer simplement parce que c’est lui qui nous a rancardé ! Nous devons les arrêter Henry et je refuse de laisser passer cette chance !
HENRY
Je sais, bon sang je sais que tu as raison même c’est si complètement dingue, il y a juste un truc que tu oublies : c’est pas moi qu’il faut convaincre.
ASHLEY (déterminée)
Contente-toi d’extraire les documents, ma mère je m’en charge !
11. Intérieur, nuit, bureau d’Helen
WILL fixe CATHERINE avec insistance. BIGFOOT entre avec un plateau sous le regard d’HELEN.
WILL
Comment avez-vous réussi à leur échapper ?
CATHERINE
Disons que j’ai de bons réflexes mais je suis certaine qu’ils n’avaient pas l’intention de nous faire du mal. Ils nous voulaient bien vivants.
WILL
Qu’est ce qui vous permet de l’affirmer ?
CATHERINE
Au moment où l’un d’eux me retenait, j’ai reconnu le tatouage à l’intérieur de son poignet droit : un serpent et un globe entrelacés surmonté d’un œil.
HELEN
Le sceau du Consortium. J’en conclue donc que ton ami est…
CATHERINE (l’interrompant)
Comme moi ? Oui. A l’évidence, ils l’ont enlevé pour cette raison. J’ai juste eu un peu plus de chance. J’ignore tout de l’endroit où il est retenu prisonnier mais je sais et je sens qu’il se trouve quelque part dans cette ville.
WILL
Vous le sentez ? Vous parlez au sens figuré n’est-ce pas ?
HELEN
Catherine est dotée de singulières facultés, son instinct est très développé.
WILL (à Catherine)
C’est une façon détournée de me dire que vous êtes… enfin vous savez… différente.
Amusé, BIGFOOT pousse de légers grognements alors qu’il sert le thé. WILL l’observe avec curiosité. CATHERINE et HELEN échangent un regard complice.
CATHERINE
Avez-vous déjà entendu parler des métamorphes Will ?
WILL
J’ai vaguement lu quelque chose à ce sujet dans la base de données du Sanctuaire. Ils ont recours au morphisme pour s’adapter à leur environnement ou à une situation donnée. C’est ce que vous êtes ?
CATHERINE
En langage profane, disons que je maîtrise l’art de la métamorphose.
WILL
Alors vous êtes une sorte de caméléon.
CATHERINE
Pas exactement. Les caméléons ne changent pas d’apparence pour se camoufler, se défendre ou attaquer, mais uniquement pour communiquer. Ma stratégie est différente et je n’utilise pas l’homochromie comme type de mimétisme.
WILL
Pardon… homochromie ?
HELEN
Une coloration cryptique qui permet au sujet de changer de couleur pour se soustraire à toute forme de prédation. Pour les mêmes raisons, les métamorphes utilisent une stratégie adaptative d’imitation différente appelée homotypie. Cette technique de survie leur permet de changer de forme et d’apparence en modifiant intégralement la structure de leur physionomie. Le plus souvent, ils se métamorphosent en réponse à une situation de stress.
WILL
Alors ce don s’apparente à un mécanisme de défense. Fascinant. Vous avez dit sentir que votre ami est dans cette ville. Est-ce vous possédez une sorte de sixième sens ?
CATHERINE
Oh non, mes sens ne sont pas développés à ce point. Je me contente juste de faire confiance au marqueur bioélectronique dont nous sommes dotés Pierre et moi. La puce ne fait que quelques millimètres.
CATHERINE tapote son avant-bras. HELEN examine la surface avec fascination.
HELEN (souriant)
Un émetteur sous-cutané ? Bien joué.
CATHERINE
J’applique à la lettre le principe de précaution. Je sais depuis mon plus jeune âge à quel point la prudence est indissociable de notre survie. Toutefois, je n’aurais jamais pensé me retrouver dans pareille situation.
CATHERINE tend un petit appareil à HELEN qui l’observe un instant avant de reporter son attention sur son hôte.
HELEN
Henry va être en mesure d’analyser le signal du traqueur. Nous allons très vite retrouver ton ami Catherine. Ce n’est qu’une question de temps.
CATHERINE
Tu connais mieux que moi les méthodes du Consortium. Les prophétiques ne reculeront devant rien pour arriver à leur fin et je suis convaincue que Pierre n’est pas le seul de notre espèce à avoir été capturé.
HELEN
C’est également ce que je pense et c’est bien ce qui me fait peur.
WILL
Que voulez-vous dire ?
HELEN
Que la partie immergée d’un iceberg est parfois bien plus vaste qu’on l’imagine.
ASHLEY (voix hors champ)
Et tu n’imagines pas à quel point !
Tous se tournent vers ASHLEY qui entre avec détermination en brandissant une pile de documents, suivie de près par HENRY.
12. Intérieur, nuit, laboratoire inconnu
PIERRE reprend conscience. Il recommence à s’agiter violemment.
SCIENTIFIQUE #1 (chuchotant à l’oreille de PIERRE)
Les sensations de brûlure s’estomperont dans quelques minutes si vous cessez immédiatement de vous contracter. Détendez-vous, c’est dans votre intérêt.
SCIENTIFIQUE #2
Transfert des caractéristiques physiologiques du sujet.
PIERRE semble se détendre un peu mais sa vue est brouillée. Il tourne la tête pour observer le SCIENTIFIQUE #2 taper sur un clavier. La fiche signalétique d’un individu avec toutes ses caractéristiques apparaît sur l’écran d’ordinateur face à lui. Le SCIENTIFIQUE #1 s’approche de la machine à laquelle PIERRE est relié et observe le processus.
PIERRE (vaseux)
Pourquoi faites-vous cela ? Qu’est ce que…
SCIENTIFIQUE #2
Données importées avec succès.
SCIENTIFIQUE #1
Parfait. Procédez immédiatement à la stimulation neuronale.
PIERRE (vaseux)
Qu’est ce que vous aller me faire ?
SCIENTIFIQUE #1
Vous allez très vite le savoir mais si vous résistez, vous ne ferez qu’accélérer le processus en cours alors surtout n’en faite rien, les changements sont réellement très douloureux.
PIERRE (confus)
Quoi ?
PIERRE semble effrayé. L’écran informatique indique un compte à rebours presque achevé. Le SCIENTIFIQUE #1 se met à sourire d’une façon étrange. Alors que le compte à rebours s’achève, PIERRE reçoit une sorte de décharge qui le fait hurler de douleur. Après quelques secondes, il commence à se métamorphoser et prend les traits de l’homme de la fiche signalétique.
SCIENTIFIQUE #2
Processus de métamorphose complet. Fonctions vitales stables. Aucune anomalie détectée. (pause) Attendez… Je crois qu’il y a un problème…
L’appareil émet un bip accéléré et PIERRE est soudain pris de convulsions. Les deux scientifiques accourent et tentent de le calmer. Totalement dépassés ils effectuent des manœuvres sur la machine à laquelle PIERRE est relié. Quelques instants plus tard, la machine émet à nouveau un bip normal mais PIERRE est redevenu lui-même. Les deux scientifiques se regardent à la fois avec circonspection et soulagement.
SCIENTIFIQUE #2
Il est inconscient mais les indicateurs sont revenus à la normale. (pause) Ses signes vitaux sont à nouveau stables.
SCIENTIFIQUE #1
Ça n’aurait jamais dû se produire. Pour le patient 0, il n’y avait eu aucun incident et nous avons pourtant procédé de la même manière. Alors que s’est-il passé ?
SCIENTIFIQUE #2
Je n’en sais rien. Ça ressemble à une réaction allergique, le sujet doit certainement être intolérant à certains des composants chimiques de…
SCIENTIFIQUE #1 (l’interrompant)
Une allergie ? Je croyais que les tests préalables aux expérimentations effectués sur chaque cobaye étaient suffisamment fiables pour écarter ce genre de complication.
SCIENTIFIQUE #2
C’est le cas. Malheureusement, cet individu nous a été transféré en urgence ce matin sans aucune certification.
SCIENTIFIQUE #1
Et vous avez quand même procédé à l’expérience ? Nous ne pouvons pas nous permettre ce genre d’erreur, les enjeux sont beaucoup trop importants.
SCIENTIFIQUE #2
Inutile de me le rappeler ! Nous avons signé le même contrat !
SCIENTIFIQUE #1
Alors relisez le bon sang ! Tout ce qu’on vous demande c’est de choisir les sujets d’expérimentation suivant les critères spécifiques imposés par le protocole de sécurité. C’est une négligence impardonnable, vous auriez dû m’en informer !
SCIENTIFIQUE #2
La directive le concernant était prioritaire et vous étiez en salle de conditionnement !
SCIENTIFIQUE #2
Prioritaire ou pas, aucune directive ne doit se substituer à la pratique des tests médicaux préalables. Cette défaillance aurait pu nous coûter très cher si elle s’était produite en dehors de ce laboratoire.
SCIENTIFIQUE #2
Je vais faire quelques analyses afin de déterminer l’origine du problème. Il suffira d’adapter le dosage lors de la prochaine injection…
SCIENTIFIQUE #1 (l’interrompant)
Ce ne sera pas nécessaire. Nous avons d’autres cobayes à disposition pour effectuer nos expériences. La phase 3 doit être opérationnelle dans moins de 36 heures. Nous n’avons plus de temps à perdre. Vous savez quoi faire de cet individu.
Le SCIENTIFIQUE #1 s’éloigne avec empressement tandis que le SCIENTIFIQUE #2 observe PIERRE avec un air grave.
13. Intérieur, nuit, bureau d’Helen
CATHERINE et HELEN lisent les documents amenés par ASHLEY. WILL s’approche instinctivement d’HELEN qui lui tend une liasse de feuilles qu’il parcourt à son tour.
WILL
Biotech Corporation ? Qu’est-ce que c’est ?
HELEN
Un groupe de recherche spécialisé en biotechnologie. Ses travaux sont essentiellement basés sur le développement des nanotechnologies en matière de bio armement.
HENRY (exalté)
Equipements Hi Tech de dernière génération, crédits illimités, appartement et voiture de fonction. Le pied quoi ! Leurs techniciens détiennent le plus haut niveau d’accréditation qu’on puisse imaginer. Et ils ont cette fameuse carte, celle qui leur permet de manger à volonté aux frais de la princesse !
Tous observent HENRY avec étonnement. Un peu gêné HENRY les regarde tous tour à tour.
HENRY
Quoi ?
ASHLEY
T’es vraiment un estomac sur pattes toi.
HENRY
L’important c’est que mes crocs ne rayent pas le parquet.
CATHERINE
Aux dernières nouvelles Biotech aurait créé un très important département de recherche génétique. Je sais que c’est une rumeur mais…
ASHLEY
Je suis sûre que c’est vrai même si nous n’avons pas encore pu le prouver. Si ce département existe et s’il est opérationnel, rien ne pourra empêcher les prophétiques d’effectuer des expériences génétiques à grande échelle.
WILL
Attends une seconde… Les prophétiques ? Biotech est donc lié au Consortium ?
HELEN
C’est ce que nous avons toujours soupçonné. Malheureusement nous n’avons jamais pu établir le moindre lien entre eux.
HENRY
Officiellement, le groupe bosse pour le compte de
WILL
Et en quoi consisteraient-ils exactement ?
ASHLEY
Sers-toi de ton imagination Will. Maintenant que tu en sais un peu plus sur Consortium que penses-tu que les prophétiques projettent de faire en s’associant avec une boite de biogénétique qui signe des contrats juteux avec le département de
WILL
Voyons… des manipulations sur les anormaux impliquant des militaires… je suppose qu’il s’agit de créer des supers soldats génétiquement modifiés.
ASHLEY
Wow ! Je suis impressionnée !
HELEN
Ce sont les facultés sensorielles des anormaux qui sont visées, notamment celles des métamorphes, des élémentaires et des écailleux dont l’instinct de survie est naturellement surdéveloppé. Alors qu’un humain doit se soumettre à un long et éprouvant entraînement, ces anormaux ont la capacité de s’adapter instantanément aux conditions extrêmes d’un environnement hostile. Inutile de vous dire à quel point ils sont convoités.
WILL
On dirait le scénario d’un mauvais film de série B.
HELEN
Regardez donc autour de vous. Il ne s’agit plus de fiction, Will. Le problème c’est que malgré toutes nos ressources, nous n’avons jamais réussi à infiltrer leur réseau afin d’identifier les complexes où ils effectueraient leurs expériences.
ASHLEY
Jusqu’à aujourd’hui.
ASHLEY montre les documents du doigt. HELEN se tourne vers sa fille avec détermination.
HELEN
Précisément. À ce propos, je suis curieuse de savoir comment tu as obtenu ces informations ?
HENRY
Les données proviennent d’une clé USB. Elles étaient cryptées mais c’était sans compter sur mes supers talents de…
HELEN (l’interrompant)
Ce n’était pas le sens de ma question. Sauf erreur de ma part, ces documents sont classés confidentiels.
ASHLEY
Et alors ?
HELEN
Alors jusqu’à présent nous ne connaissions personne susceptible d’avoir une accréditation suffisante pour accéder à un tel niveau d’informations. Ma méfiance est donc largement justifiée en ce qui concerne la fiabilité de ton informateur. Je veux connaître son identité.
ASHLEY
Elle n’a aucune importance, l’essentiel, je crois que tu l’as entre les mains.
HELEN
Tu n’imagines quand même pas que je vais me satisfaire de cette réponse !
ASHLEY
Ce sont des documents de Biotech maman ! Tout ce qui importe c’est qu’ils sont aussi réels que le symbole du Consortium sur l’entête des pages !
HELEN paraît très dubitative. ASHLEY se plonge son regard dans le sien.
ASHLEY
Écoute, si ma taupe en avait après moi, ce dont je doute sincèrement, alors pourquoi se serait-elle embarrassée à me donner ces preuves au lieu de simplement me liquider ?
HELEN
Je n’en sais rien. Ces documents semblent authentiques néanmoins, je trouve suspect la façon dont ils sont entrés en ta possession.
ASHLEY
Ça m’arrive d’avoir du bol maman, même si ça te fait mal de l’admettre.
HELEN
Ashley…
CATHERINE
C’est une piste intéressante Helen, je pense qu’il serait dommage de ne pas la suivre.
HENRY
Oui d’autant que j’ai les moyens de garantir notre sécurité.
HELEN se tourne alors vers WILL qui la regarde avec force.
WILL
Maintenant que nous connaissons la teneur de ces documents, si nous décidons de ne pas agir, je vous parie ma chemise que ça va nous obséder.
HELEN fixe tour à tour chaque personne. Elle semble hésiter. ASHLEY la fusille du regard.
HELEN
Très bien. Je suppose que ça ne coûte rien d’aller vérifier sur place.
HENRY
Trop cool !
HELEN
Je persiste à croire que c’est un peu trop facile alors je veux que vous preniez toutes les précautions qui s’imposent, j’aimerai éviter que cette opportunité ne se transforme en mauvaise surprise.
ASHLEY
Je file à l’armurerie, mes armes sont à sec.
HENRY
Et moi je retourne au pôle logistique rassembler les moyens tactiques et les mettre en condition. J’en ai pour une petite heure.
HELEN
À propos, les données de ce dispositif de repérage doivent être analysées. Le signal source nous mènera à une personne que nous devons retrouver.
HENRY
Ok Doc.
WILL
Je descends libérer Steve, je pense que son aide ne sera pas superflue.
HELEN leur fait un signe de tête. Tous se dirigent vers la sortie. Inquiète, CATHERINE se rapproche d’HELEN qui parcourt les documents du regard. Elle semble préoccupée.
CATHERINE
Dis-moi ce que tu as en tête.
HELEN
Quelque chose m’échappe. Il y a forcément un détail important auquel nous n’avons pas pensé.
CATHERINE
C’est notre lot quotidien non ?
HELEN
Là c’est différent. Mes craintes sont viscérales. Je n’aime pas cette lueur dans les yeux d’Ashley, cet excès de confiance ne lui ressemble pas.
CATHERINE (souriant)
Elle a manifestement hérité de ta détermination Helen. Je suis sûre qu’elle sait ce qu’elle fait.
HELEN (préoccupée)
Sauf si son jugement est altéré par quelque chose dont elle n’a pas le contrôle.
CATHERINE
J’ignore tout des raisons qui te font douter d’elle mais n’oublie pas que tu es bien plus que son employeur. Fies-toi à ton instinct.
14. Intérieur, nuit, bureau inconnu
COBBOLD est assis à son bureau il y a une sorte de vivarium de petite taille posé devant lui. On entend frapper à la porte, qui s’ouvre. COBBOLD relève la tête avec un sourire en coin.
COBBOLD
À votre air serein je devine que vous avez mené à bien votre mission. (pause) Sachez que vous avez fait le bon choix en décidant de rallier notre cause, j’apprécie votre efficacité et votre abnégation. Deux qualités qui manquent cruellement à certains membres de notre organisation.
JOHN (impassible)
Elle était évanouie, à ma merci. Pourquoi m’avoir empêché de la ramener ? Vous auriez pu gagner tellement de temps.
COBBOLD émet un petit rire et fait signe à JOHN d’approcher ce qu’il fait.
COBBOLD
Vous aimez les araignées ?
JOHN
De préférence écrasées sous la semelle de mes chaussures. Pourquoi ?
COBBOLD
Elles sont parmi les plus redoutables prédatrices du règne animal. Prenez
JOHN fait une moue de dégoût en observant l’exaltation de son hôte à lui désigner le manège de la minuscule araignée derrière le plexiglas.
COBBOLD
Regardez cette superbe Portia Fimbriata australienne. C’est une usurpatrice, une virtuose de la mystification qui maîtrise l’art de la tromperie et du pastiche à la perfection. Posée sur la toile de l'araignée d'Euryattus femelle qui lui servira de déjeuner,
JOHN
Si vous le dîtes.
COBBOLD
Le jeu des apparences est un art subtil qui allie discrétion et efficacité mais ma fascination pour cette technique de prédation n’a rien d’une simple lubie. Au fil des ans, j’ai appris qu’il est plus judicieux et bien plus avisé de privilégier une certaine forme de patience plutôt que de se laisser aller à la précipitation. Les agissements hâtifs se soldent généralement par des échecs et ne sont en rien divertissants.
JOHN
Personnellement j’ai toujours trouvé l’approche directe bien plus amusante mais c’est une simple question de point de vue. Comment saurez-vous que votre ruse a fonctionnée?
COBBOLD
Une fois que vous avez déterminé la faiblesse de votre adversaire, il est très facile d’exercer sur lui un certain pouvoir. Nous avons toujours tendance à sous-estimer l’influence que nos émotions exercent sur nos actions, c’est une malheureuse erreur. Je vous donc laisse imaginer combien il est aisé de manipuler un esprit torturé. Ashley Magnus en fera bientôt l’amer constat.
JOHN
Je ne comprends toujours pas le rapport avec elle.
COBBOLD
Bien que prudente et expérimentée, Ashley Magnus est encore très jeune et bien trop impétueuse pour faire preuve du même discernement que sa mère. Le retour de son père, l’a profondément perturbé. Elle est fragilisée, désorientée mais plus que tout, curieuse à son sujet et c’est ce qui va la perdre. Sans en avoir conscience vous l’avez aidée à tisser elle-même la toile qui la retiendra captive. Ce n’est qu’une question de temps avant que le piège ne se referme sur elle.
JOHN
J’espère vraiment que vous savez ce que vous faites.
JOHN change d’apparence et se métamorphose en un autre homme.
COBBOLD
N’ayez aucune crainte à ce sujet, je l’ai toujours su.
COBBOLD se met à sourire avec malice.
15. Intérieur, nuit, pièce inconnue
ERNIE est allongé inconscient sur un lit. Il ouvre difficilement les yeux.
ERNIE
Merde… mais où je suis là ?
Il se relève péniblement et balaye la pièce du regard. Elle est petite et dépouillée. Il s’approche de la porte, essaie de regarder par la petite lucarne. Il voit un couloir vide et silencieux et d’autres pièces face la sienne. Il essaie de forcer la porte mais reçoit une décharge qui lui arrache un hurlement de douleur.
ERNIE
Aïe ! Bordel ! Ça fait mal ça ! Hey ! Y’a quelqu’un ici !? EH OH !
On entend un bruit de cliquetis. La porte centrale du couloir s’ouvre et deux hommes en blouse blanche poussent un brancard sur lequel il y a un corps étendu. Ils sont suivis de deux gardes armés.
ERNIE
Salut ! Vous allez rire mais je suis enfermé alors ça vous ennuierait d’ouvrir cette porte histoire qu’on fasse un peu mieux connaissance ?
Les quatre hommes passent devant ERNIE sans répondre et sans même le regarder et s’immobilisent devant la cellule en face de lui.
16. Intérieur, nuit, couloir
SCIENTIFIQUE # 1 (sèchement)
Déverrouillez la porte.
L’un des gardes s’exécute. Les deux scientifiques entrent dans la cellule avec le brancard.
17. Intérieur, nuit, cellule d’Ernie
ERNIE regarde les scientifiques déplacer le corps étendu du brancard au lit de la cellule. Les deux gardes observent la scène sans bouger. L’un d’eux jette un œil rapide à ERNIE qui lui adresse un sourire forcé.
ERNIE
Je peux savoir qui vous êtes et ce que je fais là ?
Les gardes ne répondent pas et restent impassibles. Les deux scientifiques ressortent. Le garde referme la porte tandis que l’autre prend son walkie-talkie.
GARDE #1
Réactivez immédiatement le bouclier.
ERNIE (énervé)
Speak English ? Sprechen Sie Deutsch ? (pause) Hey ! Vous comprenez quand je parle ? Laissez-moi sortir ou je vous jure que…
SCIENTIFIQUE #1 (l’interrompant)
Vous feriez mieux d’économiser vos forces, vous allez en avoir besoin. Vous êtes le prochain.
ERNIE
Quoi ? Le prochain quoi ? Hey !
ERNIE l’observe sans comprendre. Les quatre personnes s’éloignent et sortent de la zone.
ERNIE
HEY ! REVENEZ ! J’AI… J’AI BESOIN D’ALLER ME SOULAGER !
ERNIE redonne un grand coup de poing dans la porte mais il reçoit une nouvelle décharge. Il se met à crier de douleur en jurant à nouveau.
ERNIE
BORDEL !
Il se frotte la main puis observe en grimaçant la cellule face à la sienne par la lucarne. La silhouette étendue ne semble pas bouger.
ERNIE
Hey vous là-bas dans la cellule ! Vous êtes réveillé ? HEY !
18. Intérieur, nuit, cellule de l’homme
ERNIE (voix hors champ)
HEY HO !!! Vous m’entendez ? Euh… Habla español ? Parlate Italiani ?
La silhouette étendue est celle de JOHN. Il est inconscient.
1 commentaire:
cool, cool, cool.
vivement la suite!
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