Quest-ce que Sanctuary?

Sanctuary est une websérie crée en 2007 par Damian Kindler et Martin Wood.

Producteurs exécutifs : Marc Aubanel, Damian Kindler, N. John Smith, Amanda Tapping, Martin Wood.

Cast
Amanda Tapping ........................................................................ Docteur Helen Magnus
Robin Dunne .......................................................................... Docteur Will Zimmerman
Emilie Ullerup ..................................................................................... Ashley Magnus
Christopher Heyerdahl .................................................................. Montague John Druitt
Bigfoot ..................................................................................................... Bigfoot

Introduction saison virtuelle

Disclaimer

Tous les personnages publiquement reconnaissables, les lieux, etc sont la propriété de leurs propriétaires respectifs. Les personnages originaux et l'intrigue sont la propriété de l'auteur. Ce travail n'est pas rémunéré. Aucun droit d'auteur n'est enfreint.


vendredi 24 avril 2009

Episode 9, Webisode 2

Webisode 2



1. Intérieur, nuit, appartement de Lindsay, salle à manger (flashback)

LINDSAY est assise par terre près d’une table basse, occupée à sortir d’un carton des objets emballés dans du papier bulle lorsqu’HELEN entre dans la pièce en portant un carton.

HELEN

Voici le dernier, où dois-je le poser ?

LINDSAY

Près de la porte, je ferai le tri plus tard.

HELEN s’exécute et s’approche de LINDSAY. Elle s’assoit à son tour à côté de son amie qui l’observe avec un air étrange.

LINDSAY (sérieuse)

Merci Helen.

HELEN (étonnée)

Merci ?

LINDSAY

Oui, merci d’être là, d’avoir toujours été là. Sans toi je ne serais pas arrivée là où j’en suis aujourd’hui. J’ai une chance inouïe de t’avoir rencontrée.

HELEN

Je t’en prie, ne dis donc pas de bêtise. Nous sommes amies depuis si longtemps. Et puis de nous deux, je pense être celle qui est le plus redevable à l’autre alors…

LINDSAY (l’interrompant)

Ce qui est arrivé durant ta grossesse n’était pas ta faute. Combien de fois faudra-t-il que je te le répète. Je vais bien… enfin à part quelques migraines récurrentes bien sûr mais (souriant) je suis vivante non ? Alors cesse de te faire des reproches, c’est tout à fait ridicule. (pause) Tu as vu Liz ?

HELEN (souriant)

Elle est dans sa chambre. Je l’ai entendue jurer contre un carton un peu trop lourd pour elle mais elle a refusé mon aide. C’est une enfant vraiment étonnante.

LINDSAY (souriant)

Je sens qu’elle va m’en faire voir de toutes les couleurs cette petite.

HELEN

Comme-ci cela t’effrayait. En réalité, vous n’êtes pas si différentes.

LINDSAY

Je crois que c’est justement ça le problème. Je risque de lui laisser passer trop de choses. Sans compter que je vais certainement finir par beaucoup trop l’étouffer et lorsqu’elle sera ado elle me détestera, fuguera, se droguera et finira en prison pour matricide. (pause) Tu trouves peut-être que je noircie un peu trop le tableau non ?

HELEN (souriant)

Disons simplement que tu souffres du syndrome de la maternité. Être mère est assurément la plus merveilleuse chose au monde mais c’est également la plus complexe. Cette nouvelle condition a radicalement changé ma perception des choses et me pousse désormais à considérer chaque situation, chaque décision de la pire comme de la meilleure façon qui soit. Depuis la naissance d’Ashley, je recommence à éprouver deux sentiments contradictoires : la peur et la plénitude et je dois avouer que…

LINDSAY (l’interrompant)

La peur ? Mais de quoi as-tu peur Helen ?

HELEN (avec gravité)

De ne pas prendre les bonnes décisions, de ne pas savoir ou pouvoir aimer Ashley comme je le devrais alors qu’elle compte plus que ma propre vie.

LINDSAY

Tu as peur de ne pas être une bonne mère pour ta fille ?

HELEN (l’interrompant)

J’éprouve une angoisse viscérale à l’idée de la blesser sans m’en rendre compte. Je pense être incapable de lui faire du mal mais que se passerait-il si cela devait arriver ? Si un jour elle devait se sentir trahie par sa propre mère, jamais je ne pourrais me le pardonner…

LINDSAY

Moi qui pensais que de nous deux j’étais celle qui dramatisait le plus…

HELEN

Ce que je voulais dire c’est que je ferai n’importe quoi pour Ashley tout comme toi, pour Liz alors nous arriverons sûrement à nous soutenir mutuellement. Qu’en penses-tu ?

HELEN et LINDSAY se regardent avec complicité durant quelques secondes. Puis LINDSAY pose une main rassurante sur l’épaule d’HELEN et retourne à son carton. HELEN remarque alors une boîte particulière posée dans le carton dont elle s’occupe. Elle prend la boîte avec précaution et la montre à LINDSAY.

HELEN

Qu’est-ce que c’est ?

LINDSAY

Rien de bien important. Un objet de famille qui va me servir de presse papier sur mon nouveau bureau.

HELEN touche le dessus de la boîte en effleurant le cercle du symbole avec ses doigts.

HELEN

C’est un très bel objet, vraiment très ancien et d’une rare finesse. Tu ne penses pas que tu devrais lui trouver une place un peu plus adéquate ?

LINDSAY (sèchement)

Non ! (pause) Je regrette. Il est inutile d’insister !

HELEN (confuse)

Je suis navrée Lindsay, je ne voulais pas…

LINDSAY (l’interrompant)

Non… c’est moi qui m’excuse. Avec mon examen de fin d’étude qui approche, la récente adoption de Liz et le déménagement, je crois que je suis un peu à cran. En fait, cette boîte me rappelle un passé douloureux que j’aimerais oublier. Seulement voilà, je ne peux pas me résigner à m’en débarrasser. Alors autant qu’elle serve à quelque chose.

HELEN (souriant)

Un presse-papier ? Eh bien, c’est une idée intéressante après tout.

LINDSAY

Et puis c’est décoratif. Tiens ça me rappelle cette affreuse pyramide en albâtre que Barney t’avait rapportée de son périple en Egypte. Tu te souviens ?

HELEN

Si je m’en souviens ? Je n’avais jamais vu quelque chose d’aussi affreux.

LINDSAY et HELEN se mettent à rire de bon cœur puis HELEN observe une dernière fois l’objet avant de le poser sur la table avec délicatesse.


Générique

2. Extérieur, nuit, ruelle à côté d’un bar

ASHLEY semble en attente, une main posée négligemment sur la selle de sa moto. Plusieurs hommes passent à côté d’elle en la détaillant de bas en haut. Elle leur adresse un sourire forcé. Une jeune femme de son âge sort du bar et la remarque. Elle semble la connaître. ASHLEY et la jeune femme s’observent un instant. Puis la jeune femme marche dans sa direction.

JEUNE FEMME

Magnus ? Quelle surprise ! Je suis curieuse de savoir ce qui t’amène sur mon territoire.

ASHLEY (ironique)

Darla. Je passais dans le coin, j’avais envie de me ressourcer dans un endroit pittoresque.

DARLA

Je te suggère de ne pas trop traîner tes pattes ici si tu ne veux pas t’attirer d’ennuis. Ton accoutrement est plutôt aguichant pour pas mal de mâles, il pourrait te porter préjudice.

ASHLEY

Jalouse ?

DARLA (ironique)

Pourquoi ? Je devrais ?

ASHLEY

Pas vraiment. (pause) J’ai pensé que nous pourrions bavarder un peu toutes les deux. J’ai besoin de quelques renseignements.

DARLA (souriant)

Eh bien pose tes questions, je verrai ce que je peux faire pour toi… si tu as de quoi payer.

ASHLEY

Une amie très chère a été kidnappée et sa disparition aurait un lien avec la communauté irlandaise. Toi qui connais du monde dans ce milieu, tu n’aurais pas entendu parler de quelque chose… même d’un truc très anodin ?

DARLA semble réfléchir un instant tout en regardant fébrilement autour d’elle. ASHLEY l’observe les bras croisés.

DARLA

Désolée. Ça ne me dit vraiment rien et pourtant je suis une adepte des confessions sur l’oreiller.

ASHLEY

Sans blague… Quoi qu’il en soit, si tu pouvais ouvrir les oreilles… entre autre chose… tu me rendrais un grand service. (pause) C’est vraiment très important.

DARLA (surprise)

Très important ? J’ignorais qu’Ashley Magnus pouvait s’inquiéter pour quelqu’un d’autre que pour elle-même.

ASHLEY ne répond pas mais fixe DARLA avec tristesse et agacement. DARLA semble soudain gênée en constatant l’air réellement préoccupé d’ASHLEY.

DARLA

Cette amie doit vraiment beaucoup compter pour toi. (pause) J’ai une dette envers toi, alors je vais faire mon possible, mais c’est sans garantie. (pause) Comment puis-je te contacter ?

ASHLEY

C’est moi qui le ferai. (pause) Très bientôt.

ASHLEY remets son casque et démarre sa moto. DARLA l’observe s’éloigner.


3. Intérieur, nuit, appartement de Wexford

HELEN suit WEXFORD, une mallette à la main.

WEXFORD

Je ne pensais pas vous revoir aussi vite très chère. Le destin peut parfois être si généreux.

HELEN (souriant)

Les contraintes de mon emploi du temps m’obligent à demeurer loin d’ici sinon croyez bien que je viendrais plus souvent. Comment vous sentez-vous ?

WEXFORD

Ces temps-ci ? Oh eh bien, exceptés quelques désagréables fourmillements dans les articulations, une photosensibilité accrue et une légère perte d’appétit, rien de bien nouveau. Toutefois, je suppose que vous n’êtes pas venue me visiter pour arguer de mon état de santé.

HELEN

Non, en effet. J’ai en ma possession un parchemin très ancien dont la compréhension dépasse largement mes aptitudes en matière de traduction. C’est pourquoi je souhaiterais faire appel à vos compétences de linguiste.

WEXFORD

Une traduction ? Comme c’est exaltant ! Puis-je voir le précieux document ?

HELEN sort le parchemin de sa mallette et le tend à WEXFORD qui le prend avec une infinie précaution. Il le déplie doucement tout en montrant des signes d’excitation. Il fait immédiatement coulisser un panneau sous une table afin d’y apposer le document. Il referme le panneau afin de maintenir le parchemin à plat puis allume une grosse lampe afin d’éclairer le texte. Enfin, il prend sa loupe pour l’observer plus précisément.

WEXFORD

De l’Irlandais médiéval ! Vous me comblez ! À en juger par ses caractéristiques, cette pièce exceptionnelle doit dater de plus de 900 ans et pourtant elle est en parfait état de conservation. Le mérite en revient probablement aux heureux possesseurs qui ont su en prendre soin avec diligence sur de nombreuses générations.

HELEN

Il provient de la famille de Lindsay. Pouvez-vous le traduire ?

WEXFORD

Mon Dieu quelle question ! Est-ce qu’un peintre peut dessiner ? (pause) Je me ferai une joie de percer les secrets de cette merveilleuse calligraphie celtique. Cependant n’espérez pas une réponse trop rapide de ma part. Il me faut replonger dans mes vieux manuscrits de linguiste afin d’être le plus précis possible. Une œuvre d’une telle beauté mérite une attention toute particulière. N’êtes-vous pas d’accord ?

HELEN

Je suppose. Mais vous devez savoir que le temps joue contre nous, le salut d’une vie dépend de l’interprétation de ce texte et par conséquent de la rapidité de sa traduction. Inutile de vous dire à quel point votre aide va s’avérer déterminante.

WEXFORD

Je ferai de mon mieux très chère. Vous avez ma parole.

HELEN acquiesce et se recule, laissant WEXFORD se mettre au travail.


4. Intérieur, nuit, bibliothèque

WILL et LIZ sont toujours plongés dans les recherches. LIZ se balance d’avant en arrière sur les pieds arrière de sa chaise. Soudain, elle s’assoit normalement mais de façon si brutale qu’elle fait sursauter WILL.

LIZ

JE L’AI !

WILL (surpris)

Ne refais jamais ça ! (pause) J’ai failli avoir une attaque.

LIZ

Désolée. (pause) Je crois que j’ai enfin dégoté un truc sur Rhiannon !

WILL abandonne sa lecture et vient rejoindre LIZ de son côté de la table. LIZ lit la page de son livre.

LIZ

Elle est irrémédiablement liée au fameux Triquetra dont tu as parlé tout à l’heure alors je suis partie de là. En fait Rhiannon est une déesse issue du folklore gallois et souvent associée à la déesse irlandaise Brigit. Son nom (issu de Rigantona) signifie « Grande Reine ». Elle est considérée comme un avatar de la divinité celtique féminine et apparaît dans deux des quatre Mabinogion : Pwyll, prince de Dyved et Manawydan fils de Llyr.

WILL (confus)

Excuses moi… Mabinogion ?

LIZ

C’est un recueil de quatre contes médiévaux du XIIème siècle. Ces textes font référence à la mythologie celtique de l’Antiquité et seraient liés à ceux des légendes Arthuriennes.

WILL opine de la tête et LIZ poursuit son explication avec un regard pétillant.

LIZ

Dans le premier conte, Rhiannon épouse Pwyll. De leur union naît Pryderi, un garçon qui est enlevé à sa naissance. Rhiannon est alors faussement accusée d’infanticide. En guise de pénitence, elle est condamnée à rester assise aux portes de la ville. Elle doit raconter son histoire aux visiteurs et les faire entrer en les portants sur son dos.

WILL

Une punition plutôt sévère étant donné qu’elle est innocente.

LIZ

En fait, cette histoire de pénitence est un ajout dû à la christianisation du récit car c’est une notion totalement inconnue de la civilisation celtique. (pause) Ça m’aurait étonné que les chrétiens ne montrent pas le bout de leur nez dans cette histoire. Quoi qu’il en soit, la punition s’arrête sept ans plus tard au moment où Rhiannon retrouve enfin son fils.

WILL (souriant)

Je suis un adepte des histoires qui se terminent bien. Que dit le second conte ?

LIZ

Après la mort de Pwyll, Rhiannon épouse Manawyddan Fab Llyr. Au cours d’une promenade, un brouillard magique s’abat sur la région et la dévaste. Rhiannon accompagnée de son époux, de son fils Pryderi et de Kigva, l’épouse de ce dernier, décide de partir pour l’Angleterre. Pour survivre, ils exerceront différents métiers ce qui attisera la jalousie des autochtones.

WILL

C’est très… lisse, enfin je trouve. Ce que je veux dire c’est qu’il n’y a rien d’inquiétant dans tout cela.

LIZ

C’est vrai. Ce qu’il faut simplement retenir c’est que le mariage de Pwyll avec la déesse Rhiannon était intéressé. C’était un moyen pour lui d’être reconnu par tous comme le véritable souverain du royaume de Dyved. En fait, chez les Celtes, la Souveraineté est un concept féminin, il était donc impératif qu’il épouse une reine afin de légitimer son pouvoir.

WILL

Alors finalement Rhiannon est une déesse plutôt… positive. C’est une icône de la féminité.

LIZ

À première vue, elle apparaît comme une matriarche respectée et une mère aimante accusée à tort d’infanticide. Je ne vois pas en quoi elle aurait un lien avec l’enlèvement de ma mère.

WILL (secouant la tête)

Je crois qu’il s’agit d’une fausse piste.

LIZ

Je suis d’accord. Nous ferions bien d’en informer Helen.

WILL

Nous pouvons le faire de mon bureau.

WILL et LIZ se lèvent et se dirigent vers la porte.


5. Intérieur, nuit, chambre du château

LINDSAY est face à la fenêtre. La femme qui avait accueilli le corps inanimé de LINDSAY frappe à la porte et entre sans attendre la réponse. Elle s’avance en tenant un plateau où il y a de la nourriture et de l’eau. LINDSAY ne se retourne pas.

LINDSAY

Inutile d’insister Katelynn, je t’ai dit que je ne parlerais qu’à Connor.

FEMME

Ce n’est pas Katelynn, Liadan.

LINDSAY (se retournant)

Ailish ? (pause) Cela fait si longtemps. (pause) Je vois que tu n’as pas changé.

LINDSAY fixe la femme avec un air détaché, sans ciller. AILISH lui envoie un regard blessé, ses yeux sont brillants.

AILISH (affligée)

Après tout ce temps, je pensais que ta rancœur aurait fini par s’apaiser. (pause) Pourquoi m’appelles-tu ainsi ?

LINDSAY (froidement)

Parce que c’est ton prénom.

AILISH

Je t’en prie Liadan, ne fait pas cela, ne me repousse pas.

LINDSAY

Pourquoi pas ? Après tout je suis bien retenue ici contre ma volonté non ?

AILISH (peinée)

Tu as parfaitement le droit d’être en colère mais je veux que tu saches que je n’agis pas de gaité de cœur. Crois-moi si je pouvais tout arrêter…

LINDSAY (l’interrompant)

Je sais que tu le peux alors fais-le avant qu’il ne soit trop tard ! Connor ne peut pas t’obliger…

AILISH (l’interrompant)

Lui peut-être pas mais Rhiannon si. Et tu le sais.

LINDSAY (irritée)

Vous êtes tous devenus complètement fous. Dans quel siècle vivez-vous ? (pause). Peu importe en réalité, même si tu es incapable de leur tenir tête, je ne me laisserai pas faire. Personne ne me forcera à commettre cette abomination.

LINDSAY fixe AILISH avec une rage contenue. Soudain, elle semble légèrement défaillir, grimace douloureusement et porte la main à son front. AILISH pose alors le plateau sur la table et se précipite vers LINDSAY.

AILISH (inquiète)

Liadan que t’arrive-t-il ?

AILISH s’apprête à la toucher pour la soutenir mais LINDSAY esquisse un geste pour la repousser tout en lui jetant un regard méprisant.

LINDSAY (se tenant la tête)

Ne me touche pas !

AILISH (s’approchant)

Liadan, s’il te plait. Si tu es malade, je dois le savoir. Et puis il faut que tu te nourrisses, tu es si pâle.

LINDSAY (froidement)

Je n’ai besoin de rien venant de toi, ni maintenant, ni jamais. Je veux juste parler à Connor !

AILISH

C’est impossible. Il s’occupe des préparatifs. L’heure de la cérémonie approche.

LINDSAY semble de plus en plus mal. Elle grimace de douleur et se tient la tête à deux mains. AILISH paraît totalement désemparée. LINDSAY est très agitée.

LINDSAY

Je me fiche de ce qu’il fait, je veux lui parler ! IMMEDIATEMENT !

AILISH (fermement)

Liadan O’Malley ! Tu n’obtiendras rien de moi en hurlant de la sorte ! Maintenant, je veux que tu te montres raisonnable.

LINDSAY dévisage AILISH avec un air de défit durant plusieurs secondes. AILISH tente d’esquisser un sourire apaisant. Elle prend le plateau qu’elle avait posé sur la table et le tend à LINDSAY.

AILISH (calmement)

Tu dois manger pour reprendre des forces. Nous reparlerons de tout cela plus tard.

LINDSAY (fermement)

Dehors !

AILISH (surprise)

Qu’as-tu dis ?

LINDSAY (haussant la voix)

J’ai dis : dehors ! (pause) Sors d’ici tu entends !

LINDSAY donne un violent coup au plateau que lui tend AILISH. Le plateau tombe sur le sol avec fracas. AILISH est abasourdie, porte une main à sa bouche pour masquer son émoi et recule doucement vers la porte sans quitter LINDSAY des yeux.

LINDSAY (hurlant)

VA-T’EN !

AILISH sort précipitamment de la chambre en pleurant. LINDSAY, les larmes aux yeux, souffle, se retourne et pose le front contre le carreau froid de la fenêtre. Elle ferme les yeux pour apaiser sa souffrance.


6. Extérieur, nuit, ruelle devant un bar

DARLA semble avoir une discussion houleuse avec un homme. Ce dernier lui maintient les poignets en l’entraînant à l’écart de l’entrée. Elle essaye en vain de se dégager de son emprise.

HOMME (fermement)

Je croyais que nous avions un accord Darla.

DARLA (fermement)

Lâche-moi Ron ! Tu me fais mal !

RON (avec colère)

Tu as une idée de l’argent que tu me fais perdre avec tes conneries ?

DARLA (confuse)

Je ne vois pas de quoi tu…

RON plaque DARLA contre le mur et lui saisit la mâchoire avec une de ses mains. Il rapproche son visage du sien. DARLA, apeurée, ferme les yeux en tremblant.

RON (l’interrompant)

Je te rappelle que tu n’es pas payée pour poser des questions aux clients mais pour les satisfaire ! Tâche de t’en souvenir si tu ne veux pas qu’il arrive un truc à ton petit morveux.

DARLA (sanglotant)

Je t’en prie Ron, ne lui fait pas de mal. Je te jure que ça ne se reproduira pas.

RON

Oh ça tu vois, j’en suis sûr. Mais en attendant, ton client n’a pas voulu payer alors c’est toi qui vas le faire pour lui… d’une certaine façon. Viens par ici…

RON entraîne DARLA dans un coin sombre lorsqu’il reçoit une légère tape sur l’épaule. Il se retourne et reçoit un violent coup de poing dans la figure. Il titube en arrière et sort immédiatement son cran d’arrêt.

RON

Qui que tu sois, tu vas me le payer !

DARLA en profite pour se mettre à l’écart. ASHLEY se rapproche de RON. Il se met à battre l’air avec son couteau pour essayer de la toucher. ASHLEY esquive tous ses coups. Au moment où ASHLEY veut le désarmer, RON fait un ultime mouvement et blesse ASHLEY à la main. ASHLEY redouble de violence et le désarme avec une rapidité surprenante. Elle fait un mouvement circulaire de la main et lui frappe violemment le nez. RON est envoyé au sol. Il pousse des cris tout en maintenant son nez avec sa main. Il saigne abondamment.

RON (avec rage)

Putain ! (pause) Tu m’as cassé le nez salope !

ASHLEY (ironique)

Oh, je suis tellement maladroite. D’habitude je vise en dessous de la ceinture.

RON (se relevant)

Mais tu es qui toi ?

ASHLEY

Je suis tout sauf un avantage pour tes affaires mec. Je risque même d’être le pire cauchemar de tes clients potentiels si tu t’avises encore de la menacer ou de la toucher.

RON

Non mais pour qui tu te prends ? Tu crois que tu peux me donner des ordres ?

RON se rapproche d’ASHLEY qui semble l’attendre sans ciller. Cette fois-ci, RON sort son arme à feu et la pointe avec rage sur ASHLEY qui reste immobile.


RON (souriant)

Tu fais moins la maligne maintenant hein ?

DARLA (effrayée)

Ron ! Non ! Ne fais pas ça !

RON (nerveux)

La ferme !

ASHLEY s’avance sans crainte vers RON qui recule à mesure qu’elle approche.

RON

Ne bouge pas ! Tu entends ?

ASHLEY

Sinon quoi ?

ASHLEY continue d’avancer avec un air de défi. RON se retrouve vite le dos collé contre le mur. ASHLEY colle sa poitrine contre l’arme de RON et reste ainsi sans bouger. RON a l’air totalement désemparé. ASHLEY le fixe avec un air machiavélique.

RON (déconcerté)

T’es vraiment malade toi.

ASHLEY (souriant)

Oui, c’est de famille.


Avec une rapidité étonnante, ASHLEY se saisit de l’arme de RON et dans le même temps sort la sienne qu’elle applique sur sa tempe. Sa main saigne abondamment. Elle fixe RON dans les yeux sans ciller puis approche son visage du sien. Elle le regarde froidement et semble prête à tirer. RON se met à trembler et ferme les yeux comme s’il attendait le coup de feu.

ASHLEY

Un petit conseil, souviens-toi de cet instant la prochaine fois que tu auras envie de jouer les caïds. (pause) Avec moi, il n’y a jamais de seconde chance.

RON ouvre les yeux et ASHLEY le regarde durant plusieurs secondes sans ciller. Finalement, elle baisse son arme laissant à RON la possibilité de prendre la fuite. DARLA, soulagée, se rapproche d’ASHLEY en souriant. ASHLEY l’observe, le visage fermé.

DARLA

Merci Magnus. J’ai une nouvelle dette envers toi. Mais j’ai de quoi réduire mon ardoise.

ASHLEY

Combien ?

DARLA (souriant)

Oublie ça. À l’avenir, mes informations seront gratuites pour toi.

ASHLEY et DARLA se sourient avec complicité.

DARLA

Bon, mon dernier client n’a pas été très bavard mais je sais qu’il est membre d’un très ancien clan irlandais, celui des O’Malley. L’information vaut ce qu’elle vaut mais tout à l’heure, il s’est vanté d’être un type de confiance pour son clan car le patriarche lui aurait confié une mission de la plus haute importance : la livraison d’un colis. (pause). Dans ce milieu, « colis » signifie généralement « marchandise humaine » si tu vois ce que je veux dire.

ASHLEY

Oui je vois très bien. Il t’a dit où il avait effectué cette livraison ?

DARLA

Dans la propriété familiale, un château qui se situe à la sortie nord de la ville et qui appartient au clan O’Malley depuis près de 1300 ans. (pause) Autre chose. La rumeur court que le clan subit la malédiction d’une entité maléfique depuis plusieurs siècles.

ASHLEY

Une entité maléfique ? Maléfique à quel point ?

DARLA

Au point de devoir pratiquer des rituels sacrificiels pour la contenter.

ASHLEY fixe DARLA avec inquiétude puis se met à fouiller dans sa poche. Elle sort un billet qu’elle tend à DARLA qui lève les mains en signe de protestation.

DARLA

Non, je t’ai dit que je ne voulais pas d’argent.

ASHLEY

Ce n’est pas pour toi, c’est pour ton fils. (pause) Merci pour tes informations.

DARLA (prenant le billet)

Non, merci à toi.

ASHLEY la regarde un instant puis tourne les talons. DARLA la regarde s’éloigner dans la ruelle.


7. Intérieur, nuit, salon de Wexford

HELEN est en train de boire une tasse de thé, assise dans un fauteuil. WEXFORD arrive, le parchemin en mains.

WEXFORD

Le thé est-il à votre goût ?

HELEN (souriant)

Oui il est parfait merci.

WEXFORD

J’en suis fort aise. Vous serez heureuse d’apprendre que je viens d’achever la traduction.

HELEN se redresse tandis que WEXFORD prend place en face d’elle.

WEXFORD

Le texte fut écrit par Aingeal avec son propre sang, en guise de confession. Aingeal signifie « messagère ». Elle fut la deuxième femme du clan O’Malley.

HELEN (intriguée)

La deuxième ? Qui est donc la première ?

WEXFORD (espiègle)

Pas encore très chère. Je préfère vous conter l’extraordinaire histoire qu’elle relate avant de vous dresser l’arbre généalogique de son clan.

HELEN (amusée)

Très bien. Je vous écoute.

WEXFORD

Je vous fais grâce de certains passages mais, en substance, Aingeal nous apprend que la légende de Rhiannon est erronée. Elle n’aurait jamais été accusée d’infanticide sur son fils Pryderi mais sur Eireen, sa seconde petite fille, l’enfant illégitime de son fils. Lors de son procès, elle aurait reconnu avoir tué la petite car celle-ci, et je cite, « lui volait toute son énergie vitale ». Afin de pouvoir se régénérer, Rhiannon se serait donc baignée dans son sang.

HELEN

Seigneur.

WEXFORD

Vous l’avez compris, Aingeal O’Malley était la maîtresse de Pryderi et la mère d’Eireen. La liaison de son fils avec cette femme était insupportable pour Rhiannon. Afin de se venger de l’adultère de son fils, elle décida de supprimer la descendance d’Aingeal, laquelle fut assassinée au passage, et de maudire chaque second né d’un membre du clan O’Malley sur toutes les générations à venir. Mais avez-vous deviné pourquoi cette liaison de son fils avec cette femme était si abominable pour Rhiannon ? (pause) Je vous donne un indice : « la voix du sang ne trouve jamais d’écho favorable »….

HELEN semble réfléchir un instant. WEXFORD l’observe avec un regard pétillant.

HELEN (incertaine)

Aingeal et Rhiannon étaient de la même famille ?

WEXFORD

Précisément. En réalité, elles étaient sœurs.

HELEN (avec gravité)

Alors Eireen était une enfant incestueuse. (pause) Donc… si Rhiannon est la première femme du clan O’Malley, cela fait de Lindsay l’une des ses descendantes directes. Mais qui est Rhiannon au juste ?

WEXFORD

Rhiannon est une anormale cannibale douée d’un extraordinaire pouvoir à la fois d’assimilation et de persuasion. À chaque génération, elle oblige ses descendants à concevoir deux enfants afin de pouvoir se baigner dans le sang du second né une fois sacrifié de la main du premier né. Ce rite sacrificiel permet à Rhiannon de perpétuer sa vengeance contre sa sœur à travers le fratricide perpétré à chaque génération par ses descendants. L’absorption de la force vitale du second né par immersion est un don pour elle, un gage d’immortalité. Ce parchemin est en réalité une invitation à honorer le pacte familial.

HELEN

Les O’Malley doivent payer le tribut de l’inceste commis par une de leurs plus vieilles ancêtres.

WEXFORD

Oui, jusqu’à l’extinction du dernier membre du clan.

HELEN

Y a-t-il un moyen de faire cesser la malédiction ?

WEXFORD

Eh bien, je suppose qu’il faut briser la chaîne en ne concevant qu’un seul enfant. Mais pour cela il faudrait pouvoir lever le voile de persuasion que Rhiannon fait peser sur son clan depuis plusieurs siècles. Pourquoi cette question ?

HELEN

Lindsay n’est pas fille unique. Les conséquences me semblent donc évidentes.

WEXFORD

Alors vous n’avez plus une seconde à perdre très chère.

HELEN et WEXFORD s’observent avec inquiétude.


8. Intérieur, nuit, chambre du château

LINDSAY est assise sur son lit lorsque la porte s’ouvre sur l’homme. LINDSAY se lève.

HOMME

Ailish m’a dit que tu voulais me voir.

LINDSAY

Relâche-moi immédiatement, Connor ! Tu n’as aucun droit sur moi. Laisse-moi partir.

CONNOR

Oh si, Liadan, j’ai tous les droits. Tu peux hurler tant que tu voudras, tu ne failliras pas à la tradition familiale.

LINDSAY

Comment oses-tu me demander de faire une telle chose ?

CONNOR

Parce que je suis ton père, parce que tu es une O’Malley et parce que tu dois sacrifier ta sœur pour le salut de notre famille. C’est ton destin et crois-moi, tu l’accompliras.

LINDSAY lui envoi un regard rempli de dégoût et de haine.

vendredi 17 avril 2009

Episode 9, Webisode 1

Webisode 1



1. Intérieur, nuit, bureau d’Helen

HELEN est derrière son bureau, en train de téléphoner.

HELEN

Je sais que tu n’es pas un rat de laboratoire, néanmoins, je dois absolument savoir si le nouveau traitement que je t’ai donné est efficace alors je… Lindsay… voyons, je t’assure que… Lindsay… LINDSAY ! (pause) Voudrais-tu te taire et m’écouter un instant s’il te plait ! Ton ancien traitement est devenu totalement inefficace et tu ne peux pas vivre sans médication alors fais-moi plaisir, prends ces satanées pilules sans discuter ! … Je suis désolée. C’est juste que tu vas finir par me rendre folle. Tu peux parfois te montrer aussi entêtée qu’Ashley… Elle va bien même si elle m’inquiète un peu… Entre nous ? Eh bien nos rapports sont encore tendus mais nous arrivons à nous parler… Oui, j’apprécie cette relative accalmie entre nous, nous en avions vraiment besoin. (Des bruits suspects se font entendre) Et comment va Liz ? (pas de réponse) Lindsay ? (Pas de réponse) Lindsay ?


2. Intérieur, nuit, appartement de Lindsay, salon

Le téléphone pend dans le vide. Au loin, le corps inconscient de LIZ est étendu sur le sol.

HELEN (hors champ)

Lindsay ?... Réponds-moi s’il te plait ! Lindsay ??


Générique

3. Intérieur, nuit, salle de sport

ASHLEY est en train de faire du tai-chi. HELEN arrive.

HELEN

J’aimerais que tu te rendes immédiatement chez Lindsay.

ASHLEY, en sueur, interrompt son exercice pour fusiller sa mère du regard.

ASHLEY

Je suis un peu occupée comme tu peux le voir.

HELEN

Ton entraînement peut attendre. Je crains que quelque chose de grave ne lui soit arrivé.

ASHLEY se rapproche du banc en montrant quelques signes d’irritation. Elle s’essuie le visage avec sa serviette et boit un peu d’eau.

ASHLEY (sèchement)

Tu n’as qu’à lui passer un coup de fil.

HELEN

C’est précisément parce que nous étions justement au téléphone que je pressens qu’il a dû lui arriver quelque chose. Durant notre conversation, j’ai entendu plusieurs bruits suspects… puis soudain, le silence.

ASHLEY

Maman… Il fait orage depuis deux jours. Tu vis dans quelle dimension ? (pause) La communication a tout simplement dû être coupée.

HELEN

Je suis certaine qu’il ne s’agit pas de cela.

ASHLEY

Alors elle a sûrement dû en avoir marre de tes discours métaphoriques.

HELEN (irritée)

Ashley, s’il te plait ! (pause) Nous perdons un temps précieux.

ASHLEY (étonnée)

Woa, inutile de s’exciter. (pause) Si ça peut te rassurer je…

HELEN (l’interrompant)

Je suis très sérieuse, j’ai vraiment un mauvais pressentiment.

ASHLEY (levant les mains)

J’y vais, inutile de jouer les matons !

HELEN

Merci.

ASHLEY sort précipitamment de la pièce, sa serviette sur l’épaule, sous le regard inquiet d’HELEN.


4. Intérieur, nuit, voiture

Une voiture roule. À l’intérieur, LINDSAY est allongée sur la banquette arrière, inconsciente.


5. Intérieur, nuit, appartement de Lindsay, salon

Des bruits de pas se fond entendre. LIZ est inconsciente près du canapé. ASHLEY entre dans la pièce et son regard tombe sur son amie. Elle se précipite vers elle.

ASHLEY

Merde ! Liz ! (pause) Allez, réveille-toi !

ASHLEY lui tapote les joues. LIZ revient doucement à elle.

LIZ (groggy)

Ashley ? (pause) Mais qu’est-ce… (pause) Qu’est-ce qui s’est passé ?

ASHLEY

J’allais te poser la même question. (pause) Rien de cassé ?

LIZ

Non je ne crois pas.

Liz se redresse doucement soutenue par ASHLEY qui observe l’arrière de son crâne.

ASHLEY

C’est une vilaine blessure. Tu te souviens de quelque chose ?

LIZ (se tenant le crâne)

Attends une seconde. (pause) J’étais venue voir ma mère pour lui parler d’un truc urgent. J’ai utilisé mes clés pour entrer et je l’ai appelé mais elle n’a pas répondu. Lorsque je suis entrée dans le salon, j’ai reçu un coup sur la tête. J’ai dû tout de suite perdre connaissance.

ASHLEY

Ouais un coup plutôt violent on dirait. Je suppose que tu n’as pas eu le temps de voir ton agresseur.

LIZ

Heu… Non. (après quelques instants) Où est ma mère ?

ASHLEY

J’espérais que tu allais me le dire. En fait, c’est justement pour ça que je suis ici.

LIZ lève un sourcil inquisiteur tandis qu’ASHLEY sort son téléphone portable.

ASHLEY (à LIZ)

Lindsay et ma mère étaient au téléphone au moment où elle a sans doute été attaquée.

LIZ

Je ne comprends pas. Qui a bien pu faire ça et pour quelle raison ?

ASHLEY

Oh, ça, je peux t’en donner une bonne centaine. N’oublie pas avec qui vous bossez Liz. Être en bons termes avec les Magnus se révèle toujours être une source d’ennuis.

LIZ

Il faut la retrouver.

LIZ tente de se lever mais ASHLEY l’oblige à rester immobile tout en calant le téléphone portable à son oreille avec son épaule.

ASHLEY

Wow, du calme Liz. (au téléphone) C’est moi. J’ai besoin de la voiture… Liz est blessée et Lindsay a disparu.


6. Extérieur, nuit, porche d’un château

Un homme ouvre la portière et sort le corps inconscient de LINDSAY. Il monte quelques marches menant à l’entrée ou une femme assez âgée attend.

HOMME (ironique)

Où dois-je mettre le colis ?

FEMME

Fais preuve d’un peu plus de respect envers elle ! Ce n’est pas une marchandise que tu transportes.

HOMME

Désolé.

FEMME

Installe-la dans la chambre du premier. Elle a été spécialement préparée pour elle.

HOMME

Très bien.

L’homme rentre dans le château. La femme regarde droit devant elle, scrutant l’horizon, anxieuse. Un craquement la fait sursauter, effrayée, la femme ferme la porte avec hâte.


7. Intérieur, nuit, appartement de Lindsay, salon

LIZ est assise à la table, une poche de glace sur sa nuque. ASHLEY arrive, une boîte en bois dans sa main.

ASHLEY

Il n’y a aucune trace d’effraction nulle part. (pause) Comment va ta tête ?

LIZ

Disons que j’ai été en meilleure forme.

ASHLEY montre la boîte à LIZ. Un symbole circulaire orne le couvercle de la boîte.

ASHLEY

J’ai trouvé ça par terre près de la bibliothèque.

LIZ

Ma mère n’a jamais voulu que j’y touche mais je sais qu’elle tient énormément à cette boîte. La dernière fois que j’ai essayé de forcer la serrure, j’ai eu droit à des représailles d’anthologie. Et je ne te parle même pas des privations qui s’en sont suivies.

ASHLEY (souriant)

Ce n’est pas nécessaire.

ASHLEY secoue la boîte, quelque chose de léger cogne contre les parois.

ASHLEY

Il y a un truc dedans. Plutôt léger, genre papier ou carton. Tu as une idée de ce que ça peut être ?

LIZ

Non aucune. Mais je suppose que cette boîte, ou son contenu, doit avoir une grande valeur sentimentale pour ma mère. Tu vois, dans le genre « héritage familial ».

ASHLEY

Plutôt curieux que Lin ne t’en ai jamais parlé non ?

LIZ (sarcastique)

Je ne sais pas… Est-ce que ta mère aime débattre de son passé avec toi ?

ASHLEY (souriant)

Touché ! Donc si je comprends bien, cette boîte doit lui rappeler des mauvais souvenirs ou un truc du genre. C’est plutôt mince comme indice, mais c’est un début.

LIZ (souriant)

Dis donc, tu donnes dans la psychanalyse toi maintenant ? Est-ce que le séduisant Docteur Zimmerman exercerait une curieuse influence sur toi ?

ASHLEY (soupirant)

Pitié Liz, ce n’est vraiment pas le moment.

ASHLEY se met à examiner le dessus de la boîte. LIZ l’observe avec attention.

ASHLEY

J’ai déjà vu ce symbole quelque part. (pause) Dans un bouquin je crois. (pause) Mais je n’arrive pas à me souvenir.

LIZ (secouant la tête)

Et en plus elle s’est mise à la lecture. Alléluia ! (pause) Il a d’autres choses incroyables sur toi que je dois savoir ?

ASHLEY (souriant)

La ferme Liz. (pause) Quoi qu’il en soit, même si cette boîte n’a rien à voir avec la disparition de ta mère, je la prends. Je n’ai pas peur des représailles, c’est mon côté masochiste.

Quelqu’un frappe à la porte. ASHLEY et LIZ tournent la tête pour voir arriver BIGFOOT.

ASHLEY

On dirait que la voiture de madame est avancée.

LIZ

Tu sais que tu viens de me priver d’une fantastique balade nocturne à moto.

ASHLEY aide LIZ à se mettre debout. BIGFOOT vient soutenir LIZ.

ASHLEY

En fait c’est surtout d’un chauffeur hors pair dont je ne voulais pas te priver. Tu vas vraiment adorer sa conduite virile.

ASHLEY adresse un sourire espiègle à LIZ qui regarde BIGFOOT avec inquiétude. BIGFOOT émet un léger grognement en secouant la tête de dépit.


8. Intérieur, nuit, château, chambre

La femme regarde LINDSAY. Celle-ci est allongée, toujours inconsciente, dans un lit. Un homme entre. Il est aussi âgé que la femme.

HOMME

Peut-être devrions-nous l’attacher.

FEMME

La voir ainsi m’est déjà insupportable alors, non, tu ne l’enchaîneras pas.

HOMME

Et si elle tente de fuir ?

FEMME (affligée)

Dois-je te rappeler de qui nous sommes en train de parler ?

HOMME

Cela ne change rien. J’agis pour le bien du clan. Nous avons beaucoup trop à perdre si elle nous échappe.

FEMME (les larmes aux yeux)

Crois-tu que je l’ignore ?

L’homme s’approche de la porte et se retourne vers la femme qu’il considère avec sévérité.

HOMME (froidement)

Si nous échouons, tu en porteras l’entière responsabilité.

FEMME

Comme cela a toujours été le cas avec toutes les femmes de notre clan. Je veux bien porter ce fardeau à condition que nous agissions à ma manière. Il ne lui sera fait aucun mal.

HOMME

Je te prédis pourtant qu’il faudra faire usage de la force pour la contraindre à s’exécuter. Je n’aurai aucune hésitation le moment venu. J’ose espérer que ce sera la même chose pour toi.

L’homme sort. La femme reste interloquée et semble désemparée. Elle sort un médaillon de sous son chemisier et se met à le triturer. Le médaillon a la même forme que le symbole présent sur la boîte de LINDSAY.


9. Intérieur, nuit, infirmerie

LIZ est couché sur un des lits, HELEN est debout à ses côtés et examine l’arrière de son crâne. ASHLEY se tient en retrait.

HELEN

Ta capacité de régénération est toujours aussi remarquable, la plaie est superficielle. Néanmoins, Ashley a eut raison de prendre quelques précautions.

LIZ

À force de me couver je ne pourrais bientôt plus rien faire sans toi, Helen.

HELEN lui sourit avec tendresse mais LIZ reste les yeux dans le vague. HELEN lui applique une main bienveillante sur l’épaule pour l’inviter à la regarder dans les yeux.

HELEN

Nous la retrouverons ne t’inquiète pas.

LIZ répond à son sourire sans toutefois paraître vraiment rassurée. WILL entre.

WILL

Je vous cherchais à l’étage. (pause) Qu’est-il arrivé à Liz ?

ASHLEY (ironique)

Tu as raté le dernier train ?

WILL

Désolé, j’étais en consultation à l’hôpital, Cavanaugh avait besoin d’un service.

HELEN

Liz se trouvait dans l’appartement de mon amie Lindsay lorsque cette dernière a été attaquée. Elle s’est trouvée sur le chemin des ravisseurs et…

WILL (interloqué)

Des ravisseurs ?

HELEN

Oui, voyez-vous, il est arrivé quelque chose de fort regrettable…

ASHLEY (l’interrompant)

Ce que ma mère essaie très directement de te dire c’est que Lindsay a été kidnappée.

WILL

Kidnappée ?

ASHLEY

Ce que j’aime chez toi Will, c’est ta vitesse de compréhension.

WILL observe ASHLEY en lui faisant un sourire forcé. ASHLEY le lui rend avec espièglerie. HELEN secoue la tête de dépit ce qui amuse LIZ.

WILL

Vous avez une idée de qui a bien pu faire ça ?

HELEN

Nous n’avons aucune piste pour le moment.

LIZ

En réalité, nous avons peut-être quelque chose. Montre-leur Ash.

HELEN et WILL observent ASHLEY avec curiosité. ASHLEY sort la boîte enveloppée dans un linge de son sac à dos. Elle la tend à HELEN.

ASHLEY

C’était par terre chez Lindsay. Mais nous ne savons pas ce qu’elle contient. Et puis ça n’a peut-être aucun rapport avec son kidnapping.

HELEN prend la boîte que lui tend ASHLEY et observe l’objet sous tous les angles.

HELEN

Oui, j’ai déjà vu cette boîte. Elle appartient à la famille de Lindsay depuis plusieurs générations. Toutefois, Lindsay ne m’a jamais rien dit à propos de son contenu. (pause) La serrure ne me semble pas difficile à crocheter néanmoins, avant de procéder à son ouverture, l’objet sera passé aux rayons X afin de garantir notre sécurité.

HELEN quitte la pièce suivie par tout le monde.


10. Intérieur, nuit, laboratoire d’Helen

HELEN effectue sa manipulation aux rayons X et observe les résultats sur l’écran. La boîte semble contenir une feuille de papier roulée sur elle-même.

ASHLEY

On dirait un parchemin.

HELEN

Oui, c’est aussi ce que je pense. (pause) Il n’y a aucun danger. Nous pouvons l’ouvrir.

ASHLEY crochète la serrure et ouvre délicatement la boîte. HELEN prend le document avec une pince et le pose sur la table avec précaution. Elle déroule minutieusement le parchemin puis ASHLEY applique sur le document une large pièce de verre pour le maintenir à plat. ASHLEY, WILL et LIZ se penchent sur le texte.

WILL

Ce parchemin a l’air plutôt ancien.

HELEN

C’est exact. Cependant, il va nous falloir de l’aide. Je vais être incapable de le déchiffrer.

WILL

Je croyais que vous…

HELEN (souriant)

Que je maîtrisais toutes les formes de sciences ? Navrée de vous décevoir Docteur Zimmerman, mais je ne suis pas linguiste. Toutefois je suis sûre d’une chose, la langue dans laquelle il est rédigé ressemble à de…

LIZ (l’interrompant)

… l’Irlandais.

HELEN, ASHLEY et WILL observent LIZ avec étonnement.

LIZ

Ma mère a souvent insisté pour que je prenne quelques cours. Après tout, il s’agit de sa langue maternelle.

HELEN

C’est tout à fait exact. Ce texte présente de fortes analogies avec l’Irlandais toutefois, à en juger par l’aspect de cette calligraphie, je pense qu’il s’agit d’une forme vraiment très ancienne d’écriture celtique ou gaélique. À première vue, l’encre qui a servi pour rédiger ce texte semble être du sang.

ASHLEY

Là, ça commence à devenir un peu plus intéressant.

WILL

Vous en êtes sûre ?

HELEN

Le sang est le seul langage que je peux reconnaître au premier coup d’œil Docteur Zimmerman. Mais je peux me tromper. Quoi qu’il en soit, nous devons effectuer des recherches sur le symbole de la boîte. Pouvez-vous vous en occuper ?

WILL (prenant la boîte)

Aucun problème.

ASHLEY

Attendez une seconde… Ça y est ! Je me souviens où j’ai déjà vu ce symbole : dans un bouquin de mythologie celtique. Ça a fait tilt quand tu as parlé d’écriture celtique. (pause) Je crois qu’il est lié à la légende de Ria quelque chose.

HELEN

Rhiannon ?

ASHLEY (souriant)

Rhiannon. C’est ça. Tu vois que je me souviens encore de certains des cours de Barney.

HELEN semble agréablement surprise et gratifie sa fille d’un large sourire. Elle s’adresse ensuite à WILL.

HELEN

Très bien vous savez déjà où orienter vos recherches. Pendant ce temps, je vais procéder à quelques analyses sur l’encre du parchemin.

WILL s’apprête à quitter la pièce quand LIZ s’approche de lui.

LIZ

Je viens avec toi. J’ai besoin de m’occuper l’esprit et mes connaissances sur la culture celtique pourraient t’être utiles.

ASHLEY

Et moi je vais poser quelques questions en ville, on ne sait jamais.

HELEN

Excellente idée.

HELEN observe ASHLEY, WILL et LIZ quitter la pièce.


11. Intérieur, nuit, chambre château

Une jeune fille est en train de plier quelques vêtements qu’elle pose ensuite sur une chaise. LINDSAY, allongée sur le lit, se réveille doucement. Elle observe la pièce où elle se trouve mais ne semble pas surprise. La jeune fille s’aperçoit de sa reprise de conscience et s’avance vers elle.

JEUNE FILLE

Comment te sens-tu Liadan ?

LINDSAY

Ne m’appelle pas comme ça Katelynn !

KATELYNN

C’est pourtant ton prénom.

LINDSAY

Non je m’appelle Lindsay. Liadan fait partie de mon passé. Elle est morte depuis longtemps et tu le sais.

KATELYNN

Malgré ce que tu dis, tu seras toujours Liadan pour moi et pour notre clan.

LINDSAY observe KATELYNN avec tristesse, puis lui saisit une main avec douceur. KATELYNN lui sourit avec tendresse.

KATELYNN

Si tu savais comme tu m’as manqué.

LINDSAY

Je n’ai jamais cessé de penser à toi. Mais tu sais que je n’avais pas le choix. (pause) Où est Connor ?

KATELYNN

Il prépare la cérémonie. Il viendra te voir plus tard lorsque tu te seras lavée, changée, et nourrit.

LINDSAY

Je veux le voir maintenant.

KATELYNN

C’est impossible Liadan. Tu le sais très bien.

LINDSAY

Kat, je t’en prie, laisse-moi lui parler.

KATELYNN

Tu connais nos us et coutumes. Tu sais bien que c’est trop tôt.

LINDSAY

Comment peux-tu accepter ça ? Comment peux-tu laisser Connor nous faire ça sans te révolter ?

KATELYNN

C’est ainsi Liadan. C’est notre destin. Nous ne pouvons rien faire pour le changer. Lorsqu’à ton tour tu l’auras accepté, tu seras en paix. Rhiannon t’y aidera.

LINDSAY porte une main à son front en fermant douloureusement les yeux. KATELYNN pose un regard inquiet sur elle.

KATELYNN

Quelque chose ne va pas Liadan ?

LINDSAY (secouant la tête)

Ce n’est rien… quelques maux de tête. J’ai juste besoin de mes médicaments, pourrais-tu…

KATELYNN (l’interrompant)

Je suis désolée, Finnian les a jetés à ton arrivé.

LINDSAY

Quoi ?

KATELYNN

Tu sais bien qu’aucune médicine n’est autorisée ici.

LINDSAY

Mais j’ai vraiment besoin de ces pilules Kat ! Ramène-les-moi et vas me chercher Connor immédiatement ! S’il te plait fais-le pour moi. C’est tout ce que je te demande.

KATELYNN

Je ne peux pas je suis désolée.

LINDSAY retombe lourdement sur son oreiller, une main posée sur son front.


12. Intérieur, nuit, bibliothèque

LIZ balance un nouveau livre sur la table en soupirant, alors que WILL note quelques informations sur une feuille. HELEN arrive.

HELEN

Je te suggère de passer ta colère sur un adversaire qui pourra répondre à tes coups Liz.

LIZ (se passant une main sur le visage)

J’ai l’impression de tourner en rond et de ne servir à rien. Ca me rend folle !

HELEN (souriant)

Je comprends ton inquiétude et ta frustration mais toute cette énergie peut être mise à profit d’une toute autre manière. Lindsay a besoin de nous, ce n’est pas le moment de douter.

LIZ (tristement)

Tu as raison Helen. Je suis désolée.

HELEN

Il est vraiment important que nous restions tous très concentrés.

WILL (se raclant la gorge)

Vous avez trouvé quelque chose ?

HELEN

Le parchemin a bien été écrit avec du sang humain. Après plusieurs analyses, j’ai découvert que ce sang présente certaines similitudes avec celui de Lindsay.

LIZ

Ce qui veut dire ?

HELEN

Que ce texte a certainement dû être rédigé de la main d’une ancêtre de ta mère.

WILL

D’accord mais pourquoi avec du sang ?

HELEN

Question très pertinente mais je n’ai malheureusement pas encore la réponse. Je dois justement me rendre chez Wexford pour obtenir une traduction exacte du texte. Peut-être pourra-t-il m’en apprendre davantage sur les méthodes utilisées pour sa rédaction.

WILL

Je l’espère. (pause) À propos du symbole de la boîte, j’ai découvert quelque chose qui pourrait vous intéresser.

HELEN

Je vous écoute.

Will prend un livre et se met à lire.

WILL

Il s’agit d’un « Triquetra » appelé également "nœud celte" ou encore "nœud de la trinité". Ce mot se référencie à un symbole circulaire et provient du latin : "try", "ket", et "ra", signifiant littéralement "3 coins". Il y a de multiples interprétations de ce symbole mais celle de la notion de temps passé, présent et futur ainsi que celle de l'évolution d'un cycle de vie avec la naissance, la vie et la mort figurent parmi les plus courantes. Chez les celtes, ce symbole est surtout utilisé pour représenter la Triple Déesse, fille, mère et aïeule, le mystère éternel de la féminité. Le cercle symbolise leur réincarnation et le motif entrelacé restitue la relation naturelle mais reflète également le cycle terrestre de 24 heures.

HELEN

Tout ceci est très intéressant, Docteur Zimmerman, mais en quoi est-ce lié à Lindsay ?

WILL

Eh bien, de nombreux clans irlandais utilisent ce type de symbole en guise d’armoirie ou d’emblème. C’est une sorte de code qui leur donne une place précise dans la communauté.

HELEN

Je ne vois toujours pas où vous voulez en venir.

WILL

Lindsay est d’origine irlandaise et ce symbole se trouve sur une boîte contenant un parchemin écrit de la main d’une de ses aïeules. Je ne sais pas pour vous mais un jour Ashley m’a dit qu’elle ne croyait pas aux coïncidences. Je suis bien obligé d’admettre que depuis que je la côtoie j’ai également un peu perdu cette habitude.

LIZ

Will a raison, ce n’est pas une coïncidence. Si c’est bien le symbole du clan de la famille de ma mère, cela veut peut-être dire que ce sont eux qui l’ont enlevée.

WILL

Attends, pourquoi sa propre famille l’aurait-elle kidnappée ? Ça n’a vraiment aucun sens.

HELEN

N’allons pas trop vite dans nos conclusions, nous ne sommes sûrs de rien pour l’instant. Je vous suggère de continuer vos recherches durant mon absence. Nous devons absolument savoir quel est le lien précis entre Lindsay et ce symbole. Nous avons très peu de temps.

HELEN lance un regard inquiet à WILL et LIZ avant de s’approcher de la porte et de sortir.